« Emmanuel Mounier : un fasciste français ? »... Ce sujet soulève de nombreux débats. Pour en mesurer le degré, il faut prononcer l'intitulé à voix haute pour qu'aussitôt un débat s'enflamme. Étrangement les noms de Brasillach, de Drieu le Rochelle ou de Céline surgissent. Les échanges deviennent alors passionnés.
Effectivement, pour les uns, Emmanuel Mounier est indissociable du personnalisme, une philosophie généreuse composée d'humanisme et de christianisme de l'entre deux-guerre, aux antipodes du nazisme. Pour les autres, le personnage est un non-conformiste à la recherche d'une autre voie qui pourrait être, selon eux, le nazisme.
Plusieurs auteurs l'ont accusé d'être « l'apôtre de l'homme nouveau fasciste », et d'avoir « un certain nombre d'idées ou de réflexes politiques qui sont communs aux fascistes ». Bernard Henri Levy dans l'idéologie française a évoqué les « ambiguïtés de Mounier ». Le philosophe de son vivant fut l'objet de semblables accusations.
Deux ans après la formation d'Esprit, en décembre 1934, Mounier écrivait : « Quand nous prétendons fonder notre régime humain et social sur la personne, les uns nous soupçonnent de défendre, sous une forme honteuse, le vieil individualisme déclinant, les autres d'y substituer le culte fasciste de l'Übermensch (sous-homme) » . En effet, durant les années 1930, un fascisme arrive à maturation de l'autre côté du Rhin, six ans à peine après l'installation d'Hitler au pouvoir en 1933, la guerre éclate.
C'est pourquoi il serait intéressant d'établir un parallèle entre les conceptions mouniéristes et celles des nationaux-socialistes. La notion d'individu allemand, s'oppose-t-elle à la conception de Mounier en ce qui concerne la personne ? Leur vision de l'éducation et de la culture sont-elles similaires ?
[...] Plus loin, en effet, on peut lire : Jeunesse, énergie, réveil, oui. Et qu'il en soit fini du règne des vieillards, des idées mortes et des courages mous. Mais que l'appel soit un appel de l'ardeur et de la foi, à la simplicité du coeur, et non pas à la brutalité et à la confusion complaisantes des forces vitales ou aux puérilités dangereuses des potaches armés . Ainsi, Mounier fait la critique de l'éducation de l'homme, de la femme dans une analyse très poussée. [...]
[...] ) exemple, une société fasciste [24]. Les agglomérats humains sont des creusets de forces obscures, elles engendrent la violence et le chaos, elles sont sous l'influence d'individus incontrôlés et passionnés : Les masses ou sociétés impersonnelles quand les hommes ne sont plus que les éléments d'un nombre, les jouets d'un conformisme, on obtient cette sorte de gros animal tour à tour sentimental et furieux comme tous les gros animaux [25]. Ceci est d'autant plus justifié que : La masse offre un régime propre d'anarchie et de tyrannie mêlées ( . [...]
[...] Mounier construit son système philosophique autour et pour la personne : «L'univers de la personne, c'est l'univers de l'homme affirme-t-il [12]. Ainsi, il émet les principes d'une civilisation personnaliste : Une civilisation personnaliste est une civilisation dont les structures et l'esprit sont orientés à l'accomplissement comme personne de chacun des individus qui la composent. Les collectivités naturelles ( . )ont pour fin dernière de mettre chaque personne en état de pouvoir vivre comme personne, c'est-à-dire,de pouvoir accéder au maximum d'initiative, de responsabilité, de vie spirituelle [13]. [...]
[...] A cette époque, Mounier pense bien à une «action organique et corporative en rempart contre la montée des totalitarismes. Ainsi, les différences fondamentales entre l'individu nazi et la personne selon Mounier sont établies. L'individu élément d'un nombre sous le joug aveugle d'un chef, affrontant la personne libre, engagée et responsable. Cette personne se construit également par son éducation. II) L'éducation L'éducation nazie Mein Kampf détermine le programme de l'éducation de l'enfant allemand : Si l'Etat doit toute protection à l'enfant et aux familles nombreuses, ceux-ci par contre se doivent tout entiers à lui ; et l'Etat a la priorité sur les parents sur la façon d'instruire les enfants [35]. [...]
[...] Il détient le pouvoir absolu : Il s'établit une sorte de délégation de la personnalité. Ils [les individus] se démettent de toute initiative, de toute volonté propre, pour s'en reposer sur un homme qui voudra pour eux, jugera pour eux, agira pour eux [28]. La mystique du chef ( . ) est faite de la démission volontaire, par chaque homme de sa qualité d'homme : initiative, responsabilité, personne, non pas aux services de valeurs universelles qui l'agrandissent, mais entre les mains impures d'un homme particulier, qui reçoit ( . [...]
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