« Il n'y a pas la question sociale, il y a des questions sociales » déclarait Gambetta en 1879 en opposant la pensée libérale aux simplifications socialistes.
Cette citation témoigne bien de l'importance des questions sociales auxquelles se greffe évidemment la question ouvrière. On parle bien de question ouvrière car cette catégorie sociale très hétérogène voit se focaliser l'attention générale sur ses conditions vie et sur les mouvements sociaux qu'elle déclenche tout au long du 19e siècle. Cette attention provient plus particulièrement des élites. Et ce sont ces élites justement qui vont donc mener à un certain réformisme social au cours du siècle.
Comment les élites ont-elles pu accepter voire contribuer à la mise en place d'un certain réformisme social au XIXe siècle ?
On étudiera donc d'abord la vision de la question ouvrière par les élites avant de montrer comment leurs conceptions sur cette question se traduisent par un certain nombre de réformes sociales.
[...] Dans tous les cas, le patron agissait en l'absence de toute obligation Rien ne le forçait à loger les ouvriers, sinon son intérêt bien compris. C'est parce qu'il donnait sans y être contraint qu'il pouvait attendre respect des règlements et méfiance vis-à-vis des grévistes. La révolution de 1848 a porté un coup fatal au mouvement philanthropique. Le duc de La Rochefoucauld-Liancourt ou Gerando, sont morts. Ceux qui leur ont succédé n'ont pas leur envergure. Les industriels qui les soutenaient ont d'autres soucis et pensent déjà confier leurs préoccupations à l'État prévoyance. [...]
[...] Et celui des élites est d'avoir tout de suite trouvé leur intérêt dans ces réformes sociales. Bibliographie Ouvrages généraux - BERSTEIN Serges et MILZA Pierre (sous la direction Le XIXe siècle, Paris, Hatier, Initial (réédition) pages - GAILLARD Jean-Michel et ROWLEY Anthony, Histoire du continent européen, 1850-2000, Paris, Seuil, Points (réédition) pages - PELLISTRANDI Benoît et BOURGUINAT Nicolas, Le XIXe siècle en Europe, Paris, Armand Colin, Collection U pages - REMOND René, Le XIXe siècle 1815-1914, Paris, Seuil, Points (1ère édition) pages Ouvrages d'histoire sociale - CHARLE Christophe, Histoire sociale de la France au XIXe siècle, Paris, Points Seuil 398p. [...]
[...] Propre à France est le succès des idées paternalistes dans les grandes entreprises. On en trouve la cause dans la sociologie des élites du 19e siècle. Ils ont tous un rôle politique important. Ils sont aussi maires, députés ou sénateurs. Au contraire, au Royaume-Uni, les patrons s'occupent de leurs affaires et laissent aux autres le soin de la politique. Devenus maires, les industriels ont vécu, comme les philanthropes, les contradictions du libéralisme qui crée de nouveaux pauvres en même temps qu'il multiplie les richesses. [...]
[...] La pauvreté ne sanctionne pas l'irresponsabilité, mais témoigne de l'injustice sociale, car dans certaines circonstances, les ouvriers arrivent à prouver leur «dignité morale (journaux, poésie Il y a bien une certaine idéalisation du peuple chez les théoriciens ou certains écrivains romantiques qui combattent donc l'assimilation des plus pauvres aux classes dangereuses. II Vers des réformes sociales ? Philanthropisme sociale et paternalisme "Il n'y a qu'un moyen de justifier sa richesse et les efforts qu'on a faits pour les acquérir : ce sont les bonnes oeuvres, l'aumône, la charité"[1]. Le mouvement philanthropique nait à la veille de la Révolution, mais ne s'est vraiment développé que sous l'Empire. [...]
[...] Les premiers systèmes de protection sociale. Paradoxe : c'est en Prusse, dans le pays où l'isolement politique des ouvriers est le plus fort, que Bismarck a bâti la législation sociale la plus précoce et la plus aboutie. Plusieurs aspects retiennent l'attention dans l'œuvre sociale du Chancelier : aptitude à utiliser la théorie (socialiste et celle de la Chaire), capacité à faire adopter une réforme révolutionnaire par les élus conservateurs et à la rendre légitime, sens politique qui prend l'opposition ouvrière à contre-pied plutôt que de la réprimer, sens aigu de la répartition des responsabilités entre l'État et les intéressés tendant à la recherche du consensus. [...]
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