La proclamation de l'Empire par le Sénat le 18 mai 1804 et le couronnement de Napoléon le 2 décembre consacrent le pouvoir personnel du « petit caporal ». Un pouvoir bien plus absolu que celui de Louis XVI en 1789. Les élites sociales qui se sont révoltées contre le pouvoir absolutiste quinze ans plus tôt et se sont affrontées pendant 10 ans pour le pouvoir politique se retrouvent de nouveau privées de celui-ci. Quel rôle jouent-elles alors dans ce nouveau régime qui n'admet aucun contre-pouvoir ? Mais tout d'abord quelles sont-elles, au moment du sacre, ces élites sociales profondément remaniées par la Révolution et les périodes troubles qui l'ont suivie ? Comme nous allons le voir, elles sont d'abord les héritières de cette période qui a permis leur ascension mais elles sont aussi et surtout au service de l'Empereur qui, bien décidé à asseoir son pouvoir sur les élites, va s'attacher à les dominer et va créer sa propre noblesse impériale
[...] Qui sont les élites au début de l'Empire ? Les élites post-révolutionnaires La révolution de 1789 a aboli l'élitisme d'ordre : les élites ne sont plus des privilégiés. Les principes d'égalité devant le droit, devant l'impôt, d'accessibilité à tous les emplois et surtout l'exil d'une grande partie de l'aristocratie ont permis l'ascension sociale d'une génération de bourgeois dont la rigidité du système d'Ancien Régime avait bloqué l'avancement. L'acquisition des biens nationaux et la spéculation sur l'assignat ont renforcé l'enrichissement d'une frange de la bourgeoisie qui est devenue du même coût propriétaire de la terre. [...]
[...] Les titres sont conférés à vie. Pour qu'un titre soit héréditaire, il doit être accompagné d'un patrimoine assurant un certain revenu. La vente ou la perte de ce patrimoine entraînent la perte du titre. Napoléon veut ainsi éviter la paupérisation qu'a connue la noblesse d'Ancien Régime et assurer le prestige et la fortune de sa noblesse impériale. Sont anoblis principalement les titulaires des hautes fonctions de l'Etat (ministres, sénateurs, conseillers d'Etat, présidents des différentes assemblées) et l'armée (maréchaux et généraux). [...]
[...] C'est véritablement un ordre. L'Ancien Régime avait sa noblesse ; l'Empire a sa légion d'honneur. Mais celle-ci se veut respectueuse des principes égalitaires de la révolution : elle n'accorde aucun privilège juridique et n'est pas héréditaire. Mais il s'agit bien d'un ordre dont la vocation est de constituer un corps aristocratique, disposant grâce à sa fortune foncière, de la possibilité de jouer un rôle d'encadrement des masses, de stimulation de l'agriculture, de direction de l'esprit public, substituant en quelque sorte son influence à celle de l'ancienne noblesse. [...]
[...] La légion d'honneur devient ainsi une simple décoration. Ses membres ne sont pas devenus l'élite de la nation comme ils en avaient vocation. L'échec de l'ordre de la légion d'honneur coïncide avec la création de la noblesse d'Empire en 1808 qui constitue un tournant dans la période napoléonienne. III- La noblesse d'Empire La création de la noblesse d'Empire La noblesse d'Empire répond au souhait de Napoléon d'établir une quatrième dynastie. Dans un premier mouvement, entre 1804 et 1808, il crée en faveur des membres de sa famille et de quelques très hauts dignitaires de grands fiefs dans les pays conquis. [...]
[...] Ils sont chargés de magnifier le régime par la peinture historique ou par l'allégorie. Dans l'armée et l'administration, le mérite et la fidélité à l'empereur sont là encore les seules sources de promotion et de gloire. Mais ses talents et ses compétences ne se trouvent pas parmi le peuple qui n'a pas reçu d'éducation mais évidemment parmi les notables. Les nouvelles élites de Napoléon sont donc le fruit d'une réorganisation, d'une hiérarchisation des anciennes élites non plus fondées sur la richesse mais sur le mérite civil et militaire. [...]
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