Depuis 1958 et surtout depuis 1962 il était difficile d'être audible quand on s'opposait à de Gaulle tant celui-ci dominait la vie politique. L'opposition n'en existait pas moins, mais elle agissait de manière désordonnée et en dehors des structures politiques traditionnelles. Le PCF continuait à encadrer la classe ouvrière. La SFIO et les radicaux apparaissaient comme liés au passé et n'étaient pas en mesure d'attirer les opposants au gaullisme. Seul le PSU créé en opposition à la guerre d'Algérie apparaissait comme une structure novatrice (...)
[...] Opération lancée par le journal l'Express avec la fameuse opération Monsieur X , dans la perspective de l'élection présidentielle. En définitive, toutes ces tentatives n'avaient pas permis de créer des structures politiques nouvelles, mais elles avaient constitué (notamment à gauche) un sérieux investissement pour l'avenir. Six mois avant l'élection présidentielle, pas de candidats en lice sauf à l'extrême droite : Jean-Louis Tixier-Vignancourt et un sénateur centriste Pierre Marcilhacy. Le 09 septembre 1965 François Mitterrand annonce sa candidature. Décision individuelle qui fut le point de départ d'une seconde carrière pour un homme qui revenait de loin (brillant ministre de la Quatrième République, trop brillant sans doute pour être à la présidence du Conseil) : battu en 1958 il avait été déconsidéré en 1959 (16 octobre) par l'affaire de l'Observatoire : il dit avoir été victime d'un attentat dont il aurait préalablement connu l'existence. [...]
[...] De Gaulle n'attache pas d'importance à ces candidatures et déclare la sienne le plus tard possible le 4 novembre en dénonçant le chaos si par malheur il n'était pas réélu. Une candidature fantaisiste : Marcel Barbu. Trois candidatures comptaient réellement et personne ne doutait que De Gaulle ne soit élu dès le premier tour. La campagne pourtant brève modifia rapidement se pronostic et le rôle joué par la télévision fut considérable. Elle entrait pour la première fois dans la vie politique. Elle profita à Lecanuet et à Mitterrand dont la jeunesse et le renouveau du discours tranchaient avec les 75 ans et les propos bien connus du président sortant. [...]
[...] Les résultats furent une énorme surprise : d'abstentions seulement pour de Gaulle pour Mitterrand pour Lecanuet 5.2 pour Tixier Vignancour 1.71 pour Marcilhacy 1.15 pour Barbu Au second tour, l'abstention est de pour de Gaulle pour Mitterrand Même si F. Mitterrand recueille les suffrages des anti-gaullistes, son score est inespéré et traduit le reflux du gaullisme. C'est une première étape pour la conquête de l'Elysée. Pour la gauche, c'est une aubaine : elle vient de trouver le chef de file qui lui manquait, même si beaucoup encore croit en Pierre Mendès-France. L'opposition pouvait en tout cas voir venir les élections législatives de 1967 avec optimisme. [...]
[...] Le PCF continuait à encadrer la classe ouvrière. La SFIO et les radicaux apparaissaient comme liés au passé et n'étaient pas en mesure d'attirer les opposants au gaullisme. Seul le PSU créé en opposition à la guerre d'Algérie apparaissait comme une structure novatrice. Le renouveau politique de la gauche passe également par la multiplication des divers clubs de réflexion (club Jean Moulin, Citoyens 60, Vie nouvelle ou la Convention des Institutions républicaines fondée par François Mitterrand). Il faut souligner la place importante tenue dans ces clubs par les militants issus du catholicisme social (Témoignage chrétien, syndicalistes de la CFTC dont les plus progressistes créent en 1964 la CFDT) ce qui facilite le passage progressif vers le socialisme d'une partie significative de l'électorat catholique (notamment dans l'Ouest). [...]
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