« Prétendre étudier l'évolution historique du Portugal en excluant de prime abord sa vie religieuse et l'action du clergé catholique, serait comme essayer de comprendre le système sanguin sans s'intéresser aux veines » écrivait Fortunato de Almeida dans la préface de son Histoire de l'Eglise au Portugal. La plupart des interprétations traditionnelles mettent ainsi en avant le rôle de l'Eglise dans la construction d'une nation portugaise indépendante, notamment au cours de la Reconquista. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle avec le marquis de Pombal que cette forte proximité entre l'Eglise et l'Etat est remise en cause (expulsion des jésuites, etc.…) et ce dans le but d'affirmer la souveraineté et la suprématie de l'Etat sur la nation portugaise. Et tout au long du XVIIIe siècle, les libéraux poursuivent dans cette voie et tentent encore de réduire l'influence de l'Eglise.
Ainsi, l'influence de l'Eglise s'est peu à peu réduite (particulièrement dans le sud du Portugal) au cours du XIXe siècle. Mais à partir des années 1870-1880, grâce à un retour progressif des ordres religieux (expulsés en 1834), à la fondation d'un nouveau réseau de séminaires… l'Eglise catholique retrouve peu à peu son influence dans la société portugaise, et par le soutien que la hiérarchie catholique apporte à la monarchie, sa situation devient au début du XXe siècle inextricablement liée à la question du régime politique, et fera d'elle un acteur incontournable des évolutions politiques, sociales et culturelles du Portugal tant sous la Première République qu'après le coup d'état de 1926.
Si la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par la reconquête progressive des esprits par l'Eglise, c'est entre 1910 et 1940 que cette institution aura un rôle majeur dans l'évolution du pays. Par quels moyens l'Eglise catholique portugaise a-t-elle réussi à devenir à nouveau entre 1910 et 1940 un acteur incontournable de l'histoire portugaise ?
[...] Ce dynamisme se manifeste par une grande diversité de pratiques publiques ou privées de religion (ex : fêtes religieuses, processions ) qui ne sont cependant pas toujours contrôlées par l'Eglise elle-même. Mais à partir de 1917, l'Eglise catholique portugaise va trouver un nouveau vecteur d'unification, cette fois par le biais des pratiques religieuses. C'est l'apparition de Fatima en 1917 qui joue ce rôle et devient l'épicentre de la recomposition de l'Eglise catholique portugaise, soulevant la ferveur de l'immense majorité des catholiques portugais (même si l'Eglise examinera d'abord avec méfiance ces apparitions) . [...]
[...] Ce soutien à la politique de Salazar se manifeste à de nombreuses occasions. Ainsi, la non- intervention du Portugal dans la Seconde Guerre mondiale a été qualifiée de miracle attribué à la protection de Dieu et de Fatima sur la nation portugaise. Le recentrage sur la sphère sociale et religieuse L'autonomie dont bénéficie l'Eglise catholique portugaise sous l'Estado Novo lui permet de se recentrer sur sa dimension sociale et religieuse, et de se tenir un peu plus à l'écart du champ politique. [...]
[...] Par quels moyens l'Eglise catholique portugaise a-t-elle réussi à devenir à nouveau entre 1910 et 1940 un acteur incontournable de l'histoire portugaise ? Le renversement de la monarchie le 5 octobre 1910 est un bouleversement majeur dans l'histoire politique portugaise. Mais aussi politique fût-il, ce changement de régime n'en eut pas moins de nombreuses conséquences sur l'Eglise catholique portugaise. Celle-ci se place dès lors dans une optique de résistance à la politique religieuse des débuts de la Première République et applique un vaste programme de reconquête sociale Le coup d'État du 28 mai 1926, en plus de renverser la Première République, permet d'achever l'union des catholiques et inaugure un nouveau type de collaboration entre l'Etat et l'Eglise (II). [...]
[...] Cette opposition entre l'Eglise catholique portugaise et l'Etat républicain ne s'étend pas jusqu'en 1926. En effet, la prise de pouvoir de Sidónio Pais en décembre 1917 et la mise en place d'une dictature personnelle se traduisent par un apaisement des querelles religieuses. Ainsi, les relations diplomatiques avec le Vatican sont rétablies dès le début de l'année 1918. Le régime satisfait certaines des revendications de l'Eglise, et les partis politiques catholiques (cf. IB) assurent Sidónio Pais de leur soutien. Et même après l'assassinat du dictateur les républicains, de peur de raviver cette source de conflits pouvant menacer le régime, ne reviennent pas sur les nouvelles relations établies entre l'Eglise et l'Etat. [...]
[...] ) et ce dans le but d'affirmer la souveraineté et la suprématie de l'Etat sur la nation portugaise. Et tout au long du XVIIIe siècle, les libéraux poursuivent dans cette voie et tentent encore de réduire l'influence de l'Eglise. Ainsi, l'influence de l'Eglise s'est peu à peu réduite (particulièrement dans le sud du Portugal) au cours du XIXe siècle. Mais à partir des années 1870-1880, grâce à un retour progressif des ordres religieux (expulsés en 1834), à la fondation d'un nouveau réseau de séminaires l'Eglise catholique retrouve peu à peu son influence dans la société portugaise, et par le soutien que la hiérarchie catholique apporte à la monarchie, sa situation devient au début du XXe siècle inextricablement liée à la question du régime politique, et fera d'elle un acteur incontournable des évolutions politiques, sociales et culturelles du Portugal tant sous la Première République qu'après le coup d'État de 1926. [...]
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