Il est intéressant de se pencher sur l'étymologie de carnaval, puisque c'est une bonne façon de comprendre les différentes conceptions qu'on eues les auteurs sur le sujet. Il est important d'éclaircir ce point étant donné que, lorsqu'on se positionne quant à l'étymologie, on définit le fondement même de la manifestation. Les possibilités de traductions latines seraient grandement influencées par le clergé qui voulait faire oublier un résidu de paganisme.
Dans un premier temps, les spécialistes de la fin du XIXe siècle, dont F. Diez, faisaient le lien entre le carnaval et le currus navalis, qui était un bateau posé sur un char, utilisé lors des fêtes d'Isis (Isidis Navigium). Selon ces derniers, la fête de la barque d'Isis serait à l'origine de la fête du carnaval. Par ailleurs, selon Burckhardt (un historien de l'époque), il était fréquent de voir, en Italie, pendant le carnaval, aux XIVe et XVe siècles, des chars navals. De nos jours, cette hypothèse est mise de côté au sein des milieux historiques, pour laisser place à l'hypothèse qui tient compte de l'idéologie chrétienne du carême.
En outre, le point de vue le plus répandu dans le domaine de l'étymologie serait que le mot proviendrait d'un italianisme, carnem levare, qui aurait eu des dérivés tels que carne vale et carno vale.
Un des ouvrages les plus communément utilisés est le glossaire de Du Cange , qui répertorie carne levamen dans un texte datant de 1195. Toutes ces expressions correspondent à la même idée que le mot utilisé à la même époque en France, carnis privium. À cet égard, la racine « carn », provenant du latin, signifie « la chair », « la viande ». Le suffixe « laxare » ou « levare » prend le sens de « enlevé », « se priver ». L'ensemble donne une expression signifiant « enlever, se priver de la chair », ce qui est une référence claire à la période qu'est le carême durant lequel le fidèle se doit d'observer le jeûne.
Toutefois, il est curieux de constater que, dans le cas présent, on désigne une chose par son contraire. Effectivement, le carnaval est, entre autres, caractérisé par un excès de nourriture, notamment le porc, les charcuteries et toutes les viandes grasses et salées en général. Les racines latines mentionnées précédemment seraient une tentative de l'Église pour faire oublier l'origine païenne de la célébration :
Ces expressions se référaient donc toutes, non à une période de débauche alimentaire, mais à une période d'abstinence commençant au Mercredi des Cendres et correspondant au carême. Il y a là une anomalie flagrante.
De plus, l'expression « carnaval » dériverait plutôt de la langue romane. En langue romane (ligua romana rustica VIe-IXe) , le mot carnaval précède les diverses expressions latines retrouvées dans les textes du XIIe siècle répertorié dans le Glossarium de Du Cange. Ici, la racine carn serait assimilée à corne, notamment aux bois de cerfs. La seconde partie du mot consiste en ceci : « à val » ou « avale » qui signifie tomber. Effectivement, la période du carnaval coïncide avec la période de l'année où les cerfs perdent leurs bois. Par ailleurs, cet animal avait une charge symbolique importante dans les territoires gallo-romains. En définitive, il semble plus intuitif de désigner une chose par ce qu'elle est et non par son contraire. (...)
[...] Église et société au Moyen- Âge V e XV e siècle, Paris, Édition Hachette Livre, coll. Carré histoire p.52 La réforme grégorienne, qui doit son nom au pape Grégoire VII, est un programme de l'Église visant trois grands objectifs : une conception morale (condamnation de la simonie et du nicolaïsme), la question des investitures et la primauté romaine. In Anne-Marie HELVÉTIUS et Jean-Michel MATZ, op. cit., p. 122-123 Michel FEUILLET. Op cit., p Michel FEUILLET. Op cit., p Julio Caro BAROJA. Op. [...]
[...] Carnaval en France, Paris, Éditions Fleurus idées p.36 Michel FEUILLET. Op cit., p.20 François LANGLOIS. Mardi Gras et Carême, 1589-1646, gravures, Paris, Photothèque des musées de Paris. Ces gravures personnifient le Mardi Gras en en gros homme monté sur un bœuf et le carême en une vieille femme entouré de symboles liés à la pêche. Oleg KOCHTCHOUK . Op. Cit p.134 In Anne LOMBARD-JOURDAN. Op. Cit p Jean-Claude SCHMITT. «Carnaval» dans Dictionnaire du Moyen-Âge, Paris, Éditions Quadrige p.221 Béatrice de VILLAINES et Guillaume d'ANLAU. [...]
[...] Il est vrai que l'antagonisme entre le carême et le carnaval fut une grande partie de l'imagerie populaire. Toutefois, avec la perte d'influence qu'a subie l'Église, le carême est de moins en moins respecté, mais le carnaval demeure vivace. D'un autre côté, la période du carême était destinée à préparer les catéchumènes[33] à la fête de Pâques, ainsi qu'à leur baptême. Or, ceux qui s'apprêtent à embrasser la religion chrétienne devront adopter un mode de vie sobre, où les pleurs sont valorisés[34]. [...]
[...] Par ailleurs, selon Burckhardt historien de l'époque), il était fréquent de voir, en Italie, pendant le carnaval, aux XIVe et XVe siècles, des chars navals. De nos jours, cette hypothèse est mise de côté au sein des milieux historiques, pour laisser place à l'hypothèse qui tient compte de l'idéologie chrétienne du carême. En outre, le point de vue le plus répandu dans le domaine de l'étymologie serait que le mot proviendrait d'un italianisme, carnem levare, qui aurait eu des dérivés tels que carne vale et carno vale. [...]
[...] Pour reprendre l'exemple de Limoux, son carnaval se déroule du 30 décembre au 9 mars. Il est admirable de constater que certaines populations conservent leurs traditions. Cependant, il faut concevoir que le besoin qui les motive n'est plus le même. De nos jours, avec la modernité, les humains ne sont plus aussi près de la nature et ne dépendent plus autant du rythme des saisons. De plus, à partir du XIIIe siècle, le carnaval va investir la ville et subir d'énormes changements : Mais, en milieu urbain, le carnaval perdit de la spontanéité et de sa convivialité. [...]
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