Faidherbe grâce à de nombreuses expéditions contre les Maures au Nord du fleuve Sénégal et les Toucouleurs en amont du fleuve, les deux peuples musulmans mettant des entraves (droits de passages…) à la navigation et au commerce (les Maures font peser une menace permanente sur les récoltes d'arachide, dont la culture est introduite en 1841). Ces luttes conduisent à des victoires de Faidherbe contre le chef Maure Mohammed el-Habib le 20 mai 1858 et le chef toucouleur El-Hadj Omar en 1860.
L'enseignement semble être le fer de lance de la pénétration coloniale française au Sénégal puisqu'il installe les valeurs et la culture occidentales dans les mentalités indigènes de même qu'il instrumentalise ces mêmes indigènes pour une gestion de l'Empire colonial subordonnée aux Français. Cette vision du monde de Faidherbe aspirant à occidentaliser le Sénégal transparaît à travers ce discours. En lecture négative se dessine la vision du monde adverse qui est celle des indigènes résistants à la pénétration coloniale et notamment celle, anticoloniale, des Arabes ou Maures du nord de la colonie. De culture différente, ils sont hostiles à la colonisation et exercent sur la population une influence qui concurrence la pénétration européenne. L'Islam est une voie de résistance religieuse à l'avancée coloniale. Après l'évocation de l'intérêt porté par le Gouvernement de l'Empereur à la question scolaire dans les colonies (l. –4 à 6) ainsi que de la description statistique du progrès des écoles au Sénégal (l. 7 à 20), le discours met en évidence cette rivalité occidentalo-musulmane à travers une critique des mœurs et coutumes musulmanes tenues pour incompatibles avec les valeurs et la prospérité occidentales (l. 21 à 38). A cet égard, la critique est subtilement menée puisqu'elle ne touche pas à la croyance musulmane qui est dissociée des mœurs musulmanes. Cette attaque de biais, qui résulte pour partie de la conscience qu'une tentative de conversion serait vaine, se veut plus réaliste et porteuse de fruits par son compromis. Enfin, le discours se clôt sur l'exhortation faite aux indigènes de fréquenter l'école, exhortation ornée de flatteries – sur la première place des Sénégalais en Afrique - qui leur fait miroiter la possibilité d'une formidable ascension sociale (l. 39 à fin), stimulée par la promotion et l'émulation.
Ce discours pose la question du rôle de l'enseignement dans la vision coloniale de Faidherbe (et à travers lui du Second Empire). En outre, il permet d'évaluer l'action résistante rencontrée.
Ce discours peut être analysé ainsi : la présence Maure au Sénégal, plus ancienne que celle des Européens, change de réalité, devenant vecteur de résistance à l'envahisseur blanc. C'est pour asseoir cette présence française que Faidherbe relance la politique scolaire. Ce projet permet la formation d'élites sénégalaises à qui la France fera appel pour la seconder dans son entreprise coloniale au Sénégal.
[...] L'établissement prit en 1857 le nom moins compromettant d'Ecole des Fils de Chefs. Les meilleurs élèves, ainsi que ceux du collège de Saint- Louis, reçoivent des bourses pour aller poursuivre leurs études à Bordeaux ou à Alger. Les promotionnaires sont affectés à divers emplois d'écrivains- interprètes, de chefs de canton, voire même de commandants de cercle. D'autres régnèrent sur les Etats protégés. L'Ecole des Fils de chefs fut supprimée par mesure d ‘économie en 1870 et ressuscitée en 1892 sous le nom d'Ecole des Fils de chefs et des interprètes l'école : un organe de réaction face à la menace islamique Face à cette situation, Faidherbe proclame la supériorité des occidentaux par leurs mœurs et invite les Noirs de Sénégal à s'y conformer, à l'aide notamment de la menace morale : si vous ne vous pénétrez pas de ces vérités pour l'européen à 38). [...]
[...] Mais cette émulation entre peuples noirs n'est que la projection africaine de la rivalité coloniale qui anime les Français et les Anglais, présents en Afrique de l'Ouest (Sierra Léone, Gambie, le Sénégal lui-même n'étant rendu à la France qu'en 1814 après la dispute franco-anglaise de Saint-Louis et Gorée depuis 1758) : Profitez se laisser distancer par les Bushmans de la Côte ! à 55). D'autre part, cette émulation présente le danger de faire naître de consolider un racisme entre peuples africains : des Noirs de races comparativement arriérées délivrés par les Anglais (l. 39). Conclusion Ce discours peut être considéré comme le manifeste de la pensée coloniale de Faidherbe. [...]
[...] Son appréciation sur l'Islam était juste Faidherbe peut être considéré comme le promoteur de la grande politique musulmane de la France en Afrique de l'Ouest. En noyautant et encadrant les musulmans, il s'assure leur contrôle tout en promouvant la culture chrétienne. L'intérêt dicte aussi les paroles de Faidherbe : nous qui sommes sédentaires, producteurs, commerçants (l. 33). On peut cependant percevoir en négatif le point de vue de ses adversaires par le caractère arrangé du discours (sélection des sujets, des exemples Ces adversaires restent les envahis et le discours cache l'imposition de valeurs non familières à la population derrière les défauts supposés des adversaires. [...]
[...] L'Empereur Napoléon III, dont Faidherbe déclare suivre le gouvernement (l. s'intéresse de près à la question coloniale et rêve d'établir un grand empire colonial français, en témoigne l'aventure de la guerre du Mexique de 1861 à 1867. L'extension du territoire de la colonie est considérable Faidherbe grâce à de nombreuses expéditions contre les Maures au Nord du fleuve Sénégal et les Toucouleurs en amont du fleuve, les deux peuples musulmans mettant des entraves (droits de passages ) à la navigation et au commerce (les Maures font peser une menace permanente sur les récoltes d'arachide, dont la culture est introduite en 1841). [...]
[...] D'ailleurs en 1860, l'œuvre de Faidherbe est déjà considérable, tant sur le plan des conquêtes territoriales (surtout contre les Maures au nord du fleuve Sénégal et contre les Toucouleurs à l'est), que sur le plan économique (développement du commerce de l'arachide, affirmation de la fin de la traite des esclaves) et culturel (cohabitation avec la culture musulmane, développement de l'enseignement), dont il est ici question. Succédant à Protet en 1854, le capitaine Faidherbe, nommé commandant pour la circonstance, fut nommé gouverneur du Sénégal. Il le restera jusqu'en 1865, avec une interruption entre 1861 et 1863, au point d'être alors considéré comme le père du Sénégal. [...]
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