Il est apparu utile de dresser la situation éducative avant l' apparition de la famille patronale, les Schneider, dans le but de mieux comprendre les enjeux éducatifs de l'époque à l'échelle nationale et ensuite à l'échelle locale c'est-à-dire au Creusot même. De plus, cela nous permettrait d'établir des comparaisons avant la date de 1836 puis à partir de cette même date historique, événement capital pour la ville du Creusot et de ses habitants, car l'installation de la famille Schneider exerçant un paternalisme excessif marquera sans aucune mesure une grande influence dans la vie quotidienne des Creusotins aussi bien en matière éducative qu'au niveau du travail, de la santé, du logement…
Félix Courtois a rédigé un article portant sur les Écoles du Creusot de 1787 à 18821, ces informations s'avèrent précieuses dans la mesure où nous ne disposons ni d'éléments ni de traces concrètes concernant l'existence de ces écoles sur la période juste avant l'arrivée de la famille Schneider dans la commune. De nombreux exemples issus de cet article ont été repris dans le livre rédigé par H. Chazelle et J.-B. Jannot, "Une grande ville industrielle Le Creusot ", tome II, pages 147 à 183.
En 1815, 20000 écoles primaires sont recensées en France. Quatorze ans après, ce sont 30000 écoles qui voient le jour, mais notons les 14000 communes qui ne possèdent encore aucune école. Ces créations d'écoles sont le fruit de volontés individuelles. En effet, l'État français ne prend aucune initiative dans le développement de ces écoles, mais il les contrôle pour qu'elles respectent la religion, discipline à part entière de l'instruction primaire, les lois, le régime monarchique.
[...] On enseigne dans toutes ces écoles selon la méthode individuelle, hormis dans l'école de Saint Joseph de Cluny où c'est la méthode simultanée qui est privilégiée. L'enseignement individuel se fonde sur une individualisation des savoirs, le maître transmet des connaissances à chacun de ses élèves en les appelant un à un à son bureau d'où une perte de temps considérable pour les apprentissages et l'indiscipline des élèves est monnaie courante. Dans la ville du Creusot, ce type d'enseignement sera surtout représenté dans les écoles antérieurement à la période schneiderienne. [...]
[...] Dans les écoles religieuses au Creusot, on enseigne exclusivement par la manière simultanée. Le fait d'être maître d'école n'est pas vraiment un métier, d'ailleurs très peu rémunérateur. En effet, au Creusot comme ailleurs, il est difficile de vivre uniquement avec un salaire d'enseignant, c'est pourquoi de nombreux maîtres ont des activités en parallèle (Penel : architecte et recteur, Moussu : secrétaire, chantre et maître d'école ) car les frais de scolarité payés par les familles ne suffisent pas toujours pour les faire sortir d'une situation économique des plus précaire. [...]
[...] Ces créations d'écoles sont le fruit de volontés individuelles. En effet, l'État français ne prend aucune initiative dans le développement de ces écoles mais il les contrôle pour qu'elles respectent la religion, discipline à part entière de l'instruction primaire, les lois, le régime monarchique. Comparée aux communes qui n'ont pas encore d'écoles, la ville du Creusot bénéficie déjà dès la fin du 18e siècle, aux alentours de 1790, de quelques écoles. Elles naissent grâce aux initiatives individuelles. L'État ainsi que l'Église semblent se dégager de leurs responsabilités respectives pour les écoles du Creusot : [ ] les écoles du Creusot appartiennent déjà à cette période intermédiaire, restée étrangère à l'action de l'Église comme celle de l'État. [...]
[...] En effet, les écoles Schneider seront considérées comme des écoles du domaine privé (fondées par les frères Schneider) et par conséquent, la commune du Creusot ne doit pas financer ce type d'écoles : C'est pourquoi la jurisprudence du XIXe siècle interdit aux communes de subventionner les écoles privées [ ] Remarquons la frontière très instable et floue entre les écoles publiques et les écoles privées : au Creusot, les écoles privées Schneider sont reconnues d'utilité publique, en l'absence de structures publiques, mais ne bénéficient pas des avantages accordés aux écoles publiques notamment en termes de financement. La religion a toutes les faveurs de la loi qui la place au sommet du système éducatif aussi bien à l'échelle nationale que locale. Dans toutes les écoles du Creusot comme ailleurs, les cours confessionnels rythment la vie scolaire de chaque élève. On transmet des cours qui portent sur [ ] les prières, la récitation du catéchisme et l'histoire abrégée de l'Ancien et du Nouveau Testament La religion est un élément incontournable et surtout obligatoire pour toute éducation. [...]
[...] L'école existe jusqu'en 1854. Une autre école a existé, celle du Sieur Tanner, qui a accueilli notamment les deux enfants du maire creusotin Pognon[8]. Le Sieur Tanner est Anglais et de confession protestante, il ne possède aucune qualification pour enseigner. Cependant, il est soutenu par le maire et continue à enseigner mais à un public plus restreint c'est-à-dire uniquement aux petits Anglais de condition ouvrière[9]. La présence d'Anglais dans la commune peut s'expliquer par le fait que Manby et Wilson ont fait venir de l'Angleterre, des travailleurs anglais pour leurs usines du Creusot. [...]
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