« La Ière République a donné la terre, la IIe a donné les suffrages, la IIIe donne le savoir ». Cette déclaration de Jules Ferry témoigne d'un objectif clé de la IIIe République : la consécration de l'école républicaine. En tant que ministre de l'instruction publique, puis comme Chef du Conseil, il va mettre en place de nombreuses lois sur l'enseignement, rendant l'instruction obligatoire et l'enseignement laïc, en d'autres termes « l'école gratuite, laïque et obligatoire ». Figure emblématique de la laïcité française, il est aussi devenu un des pères fondateurs de l'identité républicaine.
À ce propos, il est intéressant de nous interroger sur la problématique suivante : en quoi la capacité intégrative de l'école républicaine a-t-elle une portée négative, mettant en lumière son côté liberticide ?
Nous effectuerons un bref rappel historique avant de nous concentrer sur l'école républicaine sous la IIIe République française, lieu et époque principaux de son développement. Nous étudierons dans un premier temps l'ambition intégratrice de l'école républicaine. Cela nous permettra dans une deuxième partie de comprendre les excès liberticides de l'institution, puis dans un troisième temps, de mettre en lumière ses multiples bénéfices qui ont assuré jusqu'à aujourd'hui sa pérennité.
[...] L'école n'est pas émancipatrice. La justification par la science L'enseignement des sciences et du scientisme est considérable : environ 2h d'enseignement des sciences physiques et naturelles par semaine en moyenne (contre 5h de français). L'adhésion au modèle économique et social et l'unité républicaine est justifiée par la science qui apparaît comme vérité suprême (on connaît le conflit avec la religion La République a en effet adopté le positivisme et le scientisme, en opposition à la monarchie associée à l'Eglise avec l'alliance du trône et de l'autel. [...]
[...] L'école républicaine : une institution qui se veut intégratrice (affirmation des valeurs républicaines) Une riche histoire, un héritage ancien : les fondements de l'école républicaine L'Ancien Régime et Napoléon Ier Sous l'Ancien Régime, les universités puis les congrégations ont fondé de nombreux collèges (ils sont près de 600 à la veille de la Révolution). Ils forment, avec les universités et les petites écoles, ce qu'on appelle déjà communément “l'instruction publique La scolarisation est ainsi dès cette époque perçue comme contribuant à l'intérêt général. [...]
[...] L'école primaire avait une finalité civique, moralisatrice et d'accès à des savoirs concrets, tandis que l'enseignement secondaire, réserver aux classes privilégiées, avait une finalité culturelle et d'accès à l'abstraction. L'école, loin d'être intégratrice, ne permet pas la réalisation complète de chacun, elle divise. Ce modèle est jugé paisible et injuste par François Dubet, puisqu'il repose sur un principe de sélection sociale par la naissance. La volonté d'unité et d'intégration ne va donc pas jusqu'à une revendication d'égalité sociale : la cohésion sociale est conçue le plus souvent comme l'acceptation par tous, et principalement par les plus démunis, de leur condition. [...]
[...] Cette construction se fait toutefois grâce aux cours de l'instituteur qui promeut le culte de la nation, de la République. L'école doit alors façonner une identité nationale au sein de chaque élève, et créer de cette manière de nouveaux Français patriotes et respectueux du nouvel ordre. A première vue bénéfique car intégratrice et source d'ouverture, elle en devient liberticide en étant trop marquée par la volonté d'affirmation des valeurs républicaines. L'étude des livres de lecture en témoignent une fois de plus : Prenons par exemple Le tour de la France par deux enfants publié par Mme Fouillée ou G. [...]
[...] ) parce qu'une éducation publique deviendrait contraire à l'indépendance des opinions ( . Or, la liberté de ces opinions ne serait plus qu'illusoire, si la société s'emparait des générations naissantes pour leur dicter ce qu'elles doivent croire Le respect des libertés individuelles était prédominant pour Condorcet, contrairement à La Chalotais qui plaçait en premier le souci de cohésion sociale. Le cas des manuels scolaires que nous avons traité illustre bien ce désir de cohésion sociale assurée par l'école républicaine dans un but politique, et que Condorcet avait qualifié de liberticide quelques décennies auparavant : les manuels accoutument l'enfant à aimer la société, à accepter sa place en son sein (nous verrons d'ailleurs le cas des femmes qui est révélateur à ce sujet ) II) Une école qui se veut intégratrice et qui en devient liberticide Uniformisation des esprits afin d'éviter les conflits : une école plus nationale” que républicaine ? [...]
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