Toute étude de l'institution scolaire au XIXème siècle doit partir d'une analyse précise et objective des faits.
Qu'observe-t-on ?
Tout d'abord le développement de « l'idée républicaine » de l'école : l'enseignement est voulu à destination de toute la société. Il s'adresse à chacun quelles que soient ses origines sociales ou géographiques. Sa volonté est de fabriquer un « individu-type » qui soit à la fois citoyen et soldat. L'école rassemble.
S'ensuit un constat, qui est celui du développement remarquable de l'enseignement au XIXème siècle. On assiste à une diffusion de l'instruction qui concourt à façonner les masses ainsi que la classe moyenne émergente.
Pourtant, l'enseignement secondaire reste l'apanage de la bourgeoisie supérieure ; les autres niveaux de la société font leurs études dans des cours complémentaires, des écoles primaires supérieures, dont l'enseignement, très différent des humanités classiques, se contente de prolonger l'enseignement primaire. Le certificat d'étude marque ainsi souvent l'aboutissement des études des classes populaires, tandis que le bac demeure la barrière, la ligne de démarcation entre la bourgeoisie traditionnelle et les classes moyennes. L'école ne permet pas la réalisation complète de chacun, elle divise.
Intégratrice ou liberticide ? C'est en fait le dilemme de toute démocratie que l'école, institution républicaine emblématique, décline.
Il s'agit de forger une conscience, une identité commune, un lien social intégrateur des populations dans un « groupe », tout en voulant conserver autant que faire se peut les libertés et particularismes individuels.
Intégratrice/Liberticide : il importe déjà de souligner que les deux termes ne s'opposent pas comme on pourrait le penser initialement.
« Intégratrice » s'opposerait plutôt à « libératrice », mais « liberticide » lui apparaît en fait comme un corrélat. A trop vouloir renforcer les liens entre les individus, on aboutit à tuer la différence.
Les raisons ne tiennent plus à la nécessité pratique mais au souci de fidélité démocratique. L'égalité politique appelle l'égalité sociale, l'égalité des chances, l'effacement progressif des distinctions qui résultent des origines, de la naissance ou de la fortune. Ainsi, par une nécessité inhérente à son exercice effectif, autant que par le prolongement naturel de son inspiration, la démocratie tend vers l'harmonisation des institutions politiques et des institutions sociales.
De plus, l'extension du droit de vote à tous les citoyens rend souhaitable que ceux-ci soient en mesure de connaître les données élémentaires des choix politiques de façon à pouvoir exercer leur jugement. Une institution primaire généralisée apparaît donc aux fondateurs de la démocratie politique comme le prolongement naturel et logique de l'idée démocratique. Mais comment ne pas faire rimer harmonisation des différences au sein de l'Etat-nation avec uniformisation des esprits et des moyens d'action ?
C'est là tout le débat de l'école républicaine : depuis cette époque, la nation française s'est faite autour de l'école. Alors, intégratrice ou liberticide, en quoi est-elle le reflet des luttes nationales ?
[...] L'école est véritablement à la fois intégratrice et liberticide ! Nous nous en rendons d'ailleurs beaucoup mieux compte si nous acceptons d'observer objectivement les faits, et de nous détacher des idées reçues sur l'école de la III République Une image historique pervertie et non conforme à la réalité ? (Rosanvallon) L'image de l'école uniformisatrice n'est absolument pas conforme à la réalité. Il est au contraire frappant de voir que la richesse de l'Éducation nationale des années 1880-1914 a été d'être capable d'articuler une vision de l'intégration dans un modèle d'ensemble et une véritable attention aux réalités locales. [...]
[...] (D'ailleurs on devrait plutôt parler d'escalier, parce que ceux qui y parviennent fournissent un effort considérable, et y laissent souvent beaucoup d'eux-mêmes ) Et puis, même parmi ceux qui ont accès à ces enseignements, certains savoirs demeurent refusés, mal vus ou mal considérés. L'accent n'est mis que lentement sur les sciences, les conditions d'études sont mauvaises et en découragent plus d'un. Là encore, l'école déçoit, ne permet pas à tous de satisfaire à ses aspirations. Par tous ces aspects, l'école républicaine est liberticide, dans le sens ou elle tue la liberté des peuples, autant que les aspirations des gens. Le moule qu'elle crée est trop fort. Mais est-on réellement juste avec une telle vision de l'école républicaine ? [...]
[...] Le certificat d'étude marque ainsi souvent l'aboutissement des études des classes populaires, tandis que le bac demeure la barrière, la ligne de démarcation entre la bourgeoisie traditionnelle et les classes moyennes. L'école ne permet pas la réalisation complète de chacun, elle divise. Intégratrice ou liberticide ? C'est en fait le dilemme de toute démocratie que l'école, institution républicaine emblématique, décline. Il s'agit de forger une conscience, une identité commune, un lien social intégrateur des populations dans un groupe tout en voulant conserver autant que faire se peut les libertés et particularismes individuels. [...]
[...] Puis, suit la loi Goblet, en 1886 : les congréganistes remplacés par des laïcs ; le personnel devient donc lui aussi laïc, les instituteurs sont payés par l'Etat à partir de 1889. Le but est d' organiser la république sans dieu ni roi Mais il existe une forte concurrence entre privé et publique, où les conditions matérielles varient : 50 élèves par classe contre 90, par exemple. On entre donc dans une période d'anticléricalisme violent, avec par exemple Waldeck-rousseau et Combes, qui tente d'éliminer complètement le privé catholique. [...]
[...] Le livre qui a symbolisé ce rapport entre la Grande République et les petites patries c'est bien sûr Le tour de France par deux enfants de G. Bruno, alias Madame Fouillée, l'un des grands succès de librairie de l'époque et que tous les enfants de la III République ont lu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture