Les Républicains ont vu en l'école primaire un moyen formidable de façonner des citoyens dignes de la République. Elle apparaît dès lors comme un élément central dans le processus de républicanisation, avec pour horizon l'identification de la France à ce régime. Mais elle semble aller plus loin, diffusant une véritable foi en la République.
Respecte-t-elle toujours la liberté des citoyens, liberté qu'elle est pourtant censée promouvoir ? Est-elle un outil de propagande ou le phare du peuple, source de savoir et d'apprentissage politique ? Quelle image revêt-elle dans l'esprit de ses concepteurs, de ses ambassadeurs, et des Français eux-mêmes ?
[...] Ferry -Le problème étant que ce n'est pas la science qui légitime la philosophie sociale, mais, à l'inverse, la science qui sort grandie et tire une véritable valeur explicative de son ancrage dans la philosophie de l'Histoire héritée d'A. Comte. II. L'école primaire comme source d'une culture nouvelle et paradoxale La lutte contre le vulgaire par le langage de l'élite La culture proposée au peuple français n'est pas véritablement nouvelle. Le langage enseigné à l'école primaire est celui de l'aristocratie. Un écart se creuse entre culture populaire et culture scolaire, indexée sur celle des élites. Alors que la première est essentiellement audio-visuelle, l'enseignement se consacre au langage. [...]
[...] Cette révélation n'est plus transcendante mais immanente. C'est ainsi que l'école promeut le civisme républicain, élevé au rang de foi, voire, ce qui est plus problématique, à celui de religion. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen s'apparente à un catéchisme : elle est inculquée aux enfants sous la forme de petits manuels, façonnés sur le modèle des livres de catéchisme issus de l'Eglise catholique. Le patriotisme était lui aussi chanté par l'école primaire, rappelant la mentalité paysanne dont il se voulait le prolongement. [...]
[...] Le second consiste à s'inspirer des systèmes étrangers, et en particulier du modèle allemand. Il s'agit aussi de s'adapter au monde moderne, l'enseignement étant au cœur de la modernisation de la société. Jules Ferry apparaît ainsi comme le porte-parole des industriels de l'Est, qui ont besoin d'une main-d'œuvre qualifiée. Il s'agit enfin de répondre à un véritable désir d'instruction. Et des principes ancrés dans la modernité Deux grands principes ont encadré la création d'une culture autour de l'école primaire. Le premier repose sur l'idée, caractéristique du XIXe siècle, selon laquelle les rapports qui unissent l'Homme à la nature ne doivent être exprimés qu'à travers le seul langage de la science positive. [...]
[...] Le cinéma, la Bande Dessinée, le journal et la radio sont quant à eux jugés indésirables par les maîtres. L'école se fait donc le principal instrument d'encadrement de la société. Les maîtres remplacent-ils en cela les curés du XVIIIe siècle ? En dépit des interdictions qu'elle a pu formuler, l'Ecole primaire du second XIXe siècle, obligatoire et laïque, a su enfanter d'une société citoyenne et républicanisée, revêtant l'image d'une institution permettant la réussite de tous. Sources Maurice CRUBELLIER, Histoire culturelle de la France (IX-XXe siècle), Paris, Armand Colin, 1974. [...]
[...] En outre, les maîtres ne retenaient que difficilement la critique implicite qui émanait de leur enseignement. Les textes religieux sont présentés comme étant contraires à ce que dicte la raison. En témoignent les cahiers d'un instituteur du Loir- et-Cher, qui écrivait : Cette explication de la création du monde ne nous satisfait pas pour peu que nous y réfléchissions, La Raison et la Science ne nous permettent pas d'accepter cette doctrine L'histoire est l'élément central de l'enseignement primaire (cf. les manuels d'E. Lavisse). Une école étouffante, menace pour les libertés individuelles ? [...]
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