À la fin du XIXème siècle, l'Europe prend conscience du potentiel de l'éducation dans la transmission de l'idée nationale et du rôle que peut jouer l'école dans la formation des élites futures. L'avènement de l'État de droit dans l'Europe de la fin du XIXème va pousser les dirigeants européens à former une nouvelle classe fidèle à cette conception nouvelle de l'État qu'incarne aussi bien la IIIème République française que le jeune État italien ou encore le nouveau Reich allemand ; l'Europe, en pleine libéralisation, cherche à former de nouvelles élites qui, par l'éducation, cesseraient d'être des sujets pour devenir citoyens. La jeune République française par les lois Ferry de 1881 puis de 1882 rendra l'école primaire gratuite, obligatoire et laïque dans un souci d'éduquer les masses afin de développer le progrès scientifique et économique. L'école deviendra le lieu privilégié de la descente de l'idée de Nation vers le peuple, le parallélisme est grand si l'on considère qu'aujourd'hui, en France, on parle d'Éducation nationale. L'école semble donc être le lieu où l'on intériorise son identité nationale. Pourtant l'Éducation nationale ne s'est pas toujours désignée ainsi, au XIXème siècle on préférait l'expression Instruction publique. Les verbes instruire et éduquer ne sont pas synonymes. Éduquer c'est conduire (ducere en latin), exducere : conduire hors-de. Par l'éducation le maître conduit l'élève hors de lui-même. Le mot suppose la rencontre avec l'extérieur, mais conduite par la main du maître. Instruire c'est au contraire privilégier l'intérieur, l'instruction vise à donner à chacun les moyens de se constituer de l'intérieur, d'édifier une personnalité autonome. L'école est-elle devenue le lieu de l'apprentissage de la Nation ? Le mot Nation au sens où nous l'entendons aujourd'hui est une invention de la Révolution française, en cristallisant, selon Suzanne Citron, un concept et une réalité géopolitique nouvelle : « l'Etat-nation-territoire. » La Nation peut se définir par le sang, la race, la langue ou selon l'approche de Fustel de Coulanges par l'adhésion populaire, est français, allemand, italien celui qui veut être français, allemand, italien. Ce qui fait le sentiment d'appartenir à la communauté c'est l'Histoire vécue en commun. Il semble donc que c'est d'abord à l'école qu'est assigné l'impératif de façonner l'identité nationale, de créer de nouveaux français ou allemand patriotes et respectueux du nouvel ordre.
Ainsi on en vient à se demander de quelle manière l'école a-t-elle pu façonner les identités nationales dont les États modernes de la fin du XIXème-XXème siècles ont eu besoin pour s'ancrer et se consolider ? Pour répondre à cette question nous verrons premièrement que l'école, à travers l'enseignement qu'elle dispense, est créatrice de l'unité nationale nécessaire aux États modernes puis qu'elle transmet l'amour de la Patrie, de la Nation et des systèmes institutionnels aux peuples et enfin qu'elle prépare ceux-ci à agir en tant que patriote, l'école est donc au service de la Nation et par extension de l'État.
[...] Ce qui fait le sentiment d'appartenir à la communauté c'est l'Histoire vécue en commun. Il semble donc que c'est d'abord à l'école qu'est assigné l'impératif de façonner l'identité nationale, de créer de nouveaux français ou allemand patriotes et respectueux du nouvel ordre. Ainsi on en vient à se demander de quelle manière l'école a-t-elle pu façonner les identités nationales dont les États modernes de la fin du XIXème-XXème siècles ont eu besoin pour s'ancrer et se consolider ? Pour répondre à cette question nous verrons premièrement que l'école, à travers l'enseignement qu'elle dispense, est créatrice de l'unité nationale nécessaire aux États modernes puis qu'elle transmet l'amour de la Patrie, de la Nation et des systèmes institutionnels aux peuples et enfin qu'elle prépare ceux-ci à agir en tant que patriote, l'école est donc au service de la Nation et par extension de l'État. [...]
[...] Un manuel de tir à l'usage des écoles primaires, des lycées et des bataillons civiques fut même publié par Jean Macé. Dès le 19 juillet 1881, la municipalité de Paris a consacré un crédit de francs à organiser les enfants des écoles en bataillons armés et équipés. Ce mouvement sera suivi par la province, mais fut finalement abandonné. Tiraillée entre un patriotisme plutôt de gauche, hérité de 1789, et un nationalisme de droite, resté attaché à la souveraineté monarchique, la conscience nationale va toutefois se renforcer de Waterloo à Verdun. [...]
[...] - C'est en 1872 que se met en place dans la nouvelle Allemagne un système scolaire public uniforme pour l'enseignement primaire, avec la notion de Kulturkampf, germaniser l'éducation, c'était renforcer l'unité politique, sociale et culturelle de l'Empire. - En France, les lois Jules Ferry de 1881-82 Ferry instaurent une école gratuite, laïque et obligatoire dans chaque village. Il s'agit d'instruire les populations, mais au-delà de cette instruction de base, il s'agit dans les programmes de faire des citoyens. L'École dispense le même enseignement à l'échelle de chaque pays afin de renforcer l'unité nationale. La sécularisation de l'enseignement permettra ceci. [...]
[...] La République est considérée comme le régime qui sert le mieux la France. Les instituteurs de la IIIème République ont un rôle très important, Charles Péguy les qualifie de hussards noirs de la République (leurs uniformes étant noir) : leur attachement au gouvernement républicain est donc de ceux qui ne se discutent pas. Ils ne peuvent qu'enseigner la République, leurs supérieurs hiérarchiques leur fait, dans les conférences pédagogiques et dans les examens, un devoir de découvrir le difficile équilibre entre un enseignement républicain et la neutralité scolaire. [...]
[...] Les enfants chantent la nation, ils rédigent des textes affichés dans la classe. La pédagogie du sentiment d'appartenance passe par l'emploi répétitif de possessifs tels Notre pays, notre patrie En Allemagne, Fichte dans ses Discours, explique la nécessité de construire une nouvelle éducation, inspirée du pédagogue suisse Pestalozzi, propre à régénérer la nation allemande. Friedrich Ludwig Jahn promeut une éducation patriotique allemande en fondant notamment des sociétés d'éducation physique. Le cas français : l'amour de la République L'autre référent identitaire transmis par l'école est celui de la République. [...]
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