En 1792, Condorcet affirme que "le maintien de la liberté et de l'égalité exige donc un certain rapport entre l'instruction des citoyens qui en peuvent recevoir le moins, et les lumières des hommes éclairés, dans le même pays, et à la même époque". Cette réflexion, qui évoque la nécessité de fonder une morale publique compatible avec la liberté individuelle, est issue de son rapport "Sur la nécessité de l'Instruction publique". C'est dans cet esprit que près d'un siècle plus tard, l'État républicain met en place les lois Ferry de 1881 qui marquent une volonté certaine d'ancrer le régime dans les consciences de tous les citoyens.
Il semble ainsi légitime de se demander si l'école s'avère être le creuset de la IIIe République. En effet, le régime républicain n'est en place que depuis une dizaine d'années et aspire à la stabilité. Cette stabilité nécessite l'adhésion mutuelle, naturelle ou forcée, des populations aux valeurs de la République, et à cet égard, l'État fait de l'école un moyen redoutable. L'élan patriotique de l'Union sacrée en 1914 démontre que la société a globalement accepté la République. Toutefois, du fait d'un absentéisme et d'un enseignement confessionnel encore importants, l'école républicaine ne fait pas encore l'unanimité.
Dans quelle mesure l'école se présente-t-elle comme le principal vecteur d'une unification nationale autour de la République ?
[...] Malgré un large écho, l'influence de l'école républicaine demeure incomplète Une école républicaine pour tous ? 1. Un absentéisme tenace Malgré la loi concernant l'obligation de scolarité de 1882, l'absentéisme demeure tenace, seuls élèves s'ajoutent aux enfants scolarisés. Dans une société encore profondément rurale, ces élèves ne sont pas encore toujours présents. En effet, ils doivent souvent pourvoir aux récoltes, aux travaux agricoles, et aucune compensation financière n'est versée aux familles en cas de scolarisation. A cet égard, il faudra attendre la mise en place des allocations familiales en 1932 pour voir l'absentéisme diminuer de manière sensible Un enseignement secondaire délaissé En 1870, la France ne comporte que étudiants. [...]
[...] De l'école sans Dieu à l'école sans Patrie 1. La Patrie en danger à l'école primaire l'émergence du militarisme L'embrigadement militaire des jeunes esprits cesse rapidement après la victoire de la Prusse et la crise boulangiste. Les instituteurs doivent alors inculquer aux élèves la conscience d'appartenance à l'Humanité et non à une classe sociale, une patrie, et tâcher à la renonciation de la gloire militaire : Camarades, le militarisme, le voici, l'ennemi ! (La ligue de l'enseignement novembre 1904). La lutte contre le militarisme remplace celle contre le cléricalisme. [...]
[...] L'école, creuset de la IIIe République ? Introduction En 1792, Condorcet affirme que le maintien de la liberté et de l'égalité exige donc un certain rapport entre l'instruction des citoyens qui en peuvent recevoir le moins, et les lumières des hommes éclairés, dans le même pays, et à la même époque Cette réflexion, qui évoque la nécessité de fonder une morale publique compatible avec la liberté individuelle, est issue de son rapport Sur la nécessité de l'Instruction publique. C'est dans cet esprit que près d'un siècle plus tard, l'État républicain met en place les lois Ferry de 1881 qui marquent une volonté certaine d'ancrer le régime dans les consciences de tous les citoyens. [...]
[...] L'expulsion de nouvelles congrégations, en et 1904, n'est que passagère et renforce la contestation. La preuve en est qu'elles sont une nouvelle fois instituées dans la période de l'Après Guerre. B. L'enseignement féminin 1. Les genoux de l'Église En 1880, de nombreuses communes ne sont pas pourvues d'écoles pour filles, et 68 départements ne possèdent pas d'écoles normales d'institutrices. La femme s'apparente encore bien souvent à une dévote et à une maîtresse de foyer. La femme se voit considérer aussi bien par les républicains que les conservateurs comme très attachée à l'Église. [...]
[...] Rôle symbolique et essentiel des maîtres d'école, les hussards noirs de la IIIe République 1. Un devoir moral et social à l'égard des écoliers et des familles Les instituteurs représentent les enseignants les plus nombreux de 1880 à 1915. Ils incarnent la réussite des fils du peuple, des enracinés qui fondent leur ascension sur le savoir. Forts de leur expérience personnelle, souvent fils de paysans poussés à poursuivre leurs études au-delà du certificat d'étude, ils convainquent les familles de scolariser leurs enfants, de poursuivre leurs études, de croire à la méritocratie. [...]
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