De l'empire romain à Hitler, en passant par Charles Quint, François 1er et Napoléon, les tentatives hégémoniques en Europe furent nombreuses mais se soldèrent toutes par un échec. Aucun homme politique ne parvint en effet à unifier le continent européen malgré le rêve médiéval d'un empire chrétien universel. Durant l'époque moderne, on peut mettre en évidence trois exemples de tentatives qui furent les plus proches de cette unification. Tout d'abord, l'empire de Charles Quint, qui couvre tout l'espace germanique (Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas), la péninsule espagnole, la Franche-Comté et quelques régions en Italie (Naples, Sicile, Sardaigne…). Il s'agit d'un espace morcelé et paralysé car il ne constitue pas un Etat homogène et uniforme. Ensuite, le territoire constitué par la dynastie des Bourbon qui régna en France de 1589 (Henri IV) à 1792 (Louis XVI), et notamment par Louis XIII, sous l'influence de Richelieu et de sa politique de raison d'Etat, et par Louis XIV. Il se compose de la France et de Navarre, avec la prise du Roussillon, de l'Artois, des Flandres, de la Bourgogne, et de la Franche- Compté. Enfin, l'empire napoléonien, qui s'étendra jusqu'à l'Autriche, en passant par la Prusse, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, etc. Napoléon sera finalement vaincu par une coalition d'Etats européens, menée par le Royaume- Uni, et décidée à en finir avec la politique expansionniste de la France.
Or, malgré la force de ces hommes politiques, leurs ambitions impériales, et la puissance des territoires qu'ils tenaient entre leurs mains, aucun d'entre eux ne parvint à stabiliser l'Europe qu'ils dominaient pourtant militairement. Nous étudierons donc en quoi ces trois exemples d'échec démontrent l'impossible unification de l'Europe en tant qu'entité politique unique gouvernée par un seul chef, et, par voie des faits, la constitution d'un système oligopolaire entre les grandes puissances européennes.
L'échec de ces trois tentatives s'explique d'abord par des facteurs conjoncturels (I), qui cachent en réalité des facteurs structurels témoignant de l'originalité du système européen dans le monde (II)
[...] Le télescopage des intérêts dynastiques empêche la constitution d'une entité politique unique en Europe. De plus, à la base de cette pyramide, les peules européens jouèrent très tôt un rôle dans l'hétérogènéisation du continent. La force et le caractère précoce des sentiments nationaux, et même régionaux conduisirent en effet à la multiplication des révoltes populaires contre l'occupation militaire ennemie, à toutes les époques et dans toutes les régions. Sous Charles Quint, les princes allemands tentent de s'émanciper de la tutelle de l'empereur, menant ainsi à la multiplication de micro-Etats en concurrence. [...]
[...] En effet, l'empire ottoman de Soliman le magnifique ne cesse de progresser en Europe de l'est (il atteint Vienne en 1529) et en mer méditerranée où il menace directement les possessions des Habsbourg en Italie. Tiraillé entre ces différents périls, et par des problèmes internes à son Etat, Charles Quint finira par abdiquer en 1556 mettant ainsi fin au rêve médiéval d'un empire chrétien universel, puisque aucun souverain ne parviendra plus à réunir un tel territoire sous son autorité. De même, Louis XIV, roi de France et de Navarre de 1643 à 1715 héritera de son père (Louis XIII) un vaste territoire qu'il tentera à son tour d'étendre car les rois sont, selon lui, nés pour la gloire Tout au long de son règne, il mènera une politique aux ambitions hégémoniques non cachées, ce qui lui vaudra l'inimitié des différents souverains contemporains, et notamment de la famille des Habsbourg. [...]
[...] Napoléon aura par exemple beaucoup de difficultés en Espagne où les soulèvements débutent en mai 1808 (résistance patriotique et religieuse, contre le code civil qui tente d'imposer le droit au divorce). Ces facteurs conjoncturels empêcheront donc ces différentes tentatives hégémoniques d'aboutir. Face à la difficulté de sa tâche, Charles Quint abdiquera en 1556, transmettant ses territoires espagnols à son fils, Philippe II d'Espagne, et le titre d'empereur à son frère, Ferdinand de Habsbourg. Louis XIV mourut en 1715, laissant à son successeur une France exsangue et dévastée par son ambition démesurée. Enfin, Napoléon sera chassé par la coalition européenne qui restaurera la monarchie française et les frontières de 1790. [...]
[...] Il devient alors impossible d'imposer son hégémonie à une nation qui proclame la force de sa culture, de sa patrie, et de son Etat. Aujourd'hui encore, on peut voir dans les coutumes locales les résidus de ces sentiments régionaux exacerbés. Enfin, on peut noter que la réalité géographique de l'Europe, par son caractère morcelé, favorise les compartiments et non le regroupement Si l'impérialisation n'apparaît donc pas la voie la plus naturelle pour l'Europe, Jean Baechler met en évidence le type de système qui découle de cet échec d'unification. [...]
[...] L'échec des tentatives hégémoniques en Europe, des Habsbourg à Napoléon De l'empire romain à Hitler, en passant par Charles Quint, François 1er et Napoléon, les tentatives hégémoniques en Europe furent nombreuses mais se soldèrent toutes par un échec. Aucun homme politique ne parvint en effet à unifier le continent européen malgré le rêve médiéval d'un empire chrétien universel. Durant l'époque moderne, on peut mettre en évidence trois exemples de tentatives qui furent les plus proches de cette unification. Tout d'abord, l'empire de Charles Quint, qui couvre tout l'espace germanique (Allemagne, Autriche, Belgique, Pays-Bas), la péninsule espagnole, la Franche-Comté et quelques régions en Italie (Naples, Sicile, Sardaigne Il s'agit d'un espace morcelé et paralysé car il ne constitue pas un Etat homogène et uniforme. [...]
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