Après une longue épreuve de force et trois années de conquête progressive de la république, les républicains deviennent, à la suite du renouvellement du tiers du sénat le 5 janvier 1879, maîtres des deux Assemblées. La droite, défaite, a perdu ses dernières places fortes et Mac Mahon est poussé à démissionner le 30 janvier suivant. La République est enfin occupée par les républicains, qui ont pour objectif premier de l'enraciner et d'en faire un régime inébranlable. Quant à la droite, si elle passe dans l'opposition, la reconquête du pouvoir, dont elle est durablement écartée, n'est pas le seul défi qu'elle a relevé. En effet, jusqu'à présent, la droite s'était principalement définie par le désir de restauration d'un régime politique autre que la république. Par conséquent, l'institution d'une république «républicaine» et son enracinement imposent à la droite la nécessité d'une redéfinition de son identité, de ses aspirations et de ses valeurs. Trente-cinq ans plus tard, à la veille de la Première Guerre mondiale, la droite s'est enfin fait une place au sein de l'échiquier politique de la troisième république.
Nous chercherons donc à comprendre pourquoi et comment la droite française s'est, entre 1879 et 1914, transformée et modernisée afin de conserver du poids dans la vie politique de la troisième république.
[...] Le ralliement le plus sincère est celui des catholiques sociaux, dans le sillage d'Albert de Mun. En parallèle se dessine une démocratie chrétienne, qui entend s'attaquer à la question sociale et qui est animée par des abbés démocrates. Un autre courant de ralliement, conservateur celui-là, se construit autour des assomptionnistes et du journal La Croix. Leur objectif est de constituer un parti de défense religieuse ; parti catholique de droite, qui fera triompher la conception que les catholiques ont de la société et de l'Etat. [...]
[...] La démonstration d'une filiation entre ces trois droites et les plus anciennes est aisée. Les ralliés sont visiblement les mêmes que les légitimistes : mêmes hommes d'anciens monarchistes, dont la mort du comte de Chambord, en 1883, a laissé vacante la fidélité monarchique et une idéologie conservatrice. Orléanistes et progressistes ne sont pas les mêmes personnages, mais ils ont les mêmes idées juste milieu : être à mi-chemin de la révolution et de la réaction, manifester peu de souci pour les problèmes sociaux. [...]
[...] Pour la droite, la république n'était rien de plus qu'un régime provisoire. En 1875, La majorité royaliste avait volontairement laissé la république dans le flou et défini ses institutions de la manière la moins clairement républicaine possible. Mais l'accession au pouvoir des républicains et surtout l'ancrage de la république vont profondément changer la donne politique. Quelles seront la réaction et l'attitude de la droite face à cet enracinement inattendu d'un régime qu'elle réprouve et auquel, par définition, elle s'oppose ? [...]
[...] Elle a en réalité deux composantes. L'une, populaire et démocratique, s'incarne surtout dans un bonapartisme rural. Tandis que l'autre, conservatrice, alliée aux notables et à l'Eglise, obtient le ralliement partiel des orléanistes. En 1879, la probabilité, que ces trois droites parviennent à jouer un rôle important dans la vie politique, est très faible. Tout d'abord, parce que cette droite monarchiste se définit essentiellement, dans une moindre mesure pour l'orléanisme, par le désir de restauration et conséquemment par le refus et l'opposition au régime républicain. [...]
[...] Elle comporte une clause qui impose aux congrégations d'obtenir une autorisation spécifique, sous peine d'être dissoutes et de ne pouvoir enseigner. La droite catholique y voit une déclaration de guerre La situation se dégrade encore avec l'arrivée d'Emile Combes qui applique la loi avec une extrême rigueur. Les manifestations se font tapageuses et les évêques se dressent contre la loi. Mais Combes poursuit sur la même voie, interdisant complètement l'enseignement aux congrégations et leur enlevant même la possibilité de prêcher et de commercer. Cette politique radicalement anticléricale entraîne des réactions très vives. [...]
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