La IIIe République est installée en France depuis 1870 et s'enracine progressivement lorsqu'éclate l'Affaire Dreyfus en 1894 suite à l'accusation du capitaine Alfred Dreyfus, d'origine juive, dans une affaire d'espionnage entre Français et Allemands. L'opinion française se divise alors : d'une part les dreyfusards, persuadés de l'innocence de Dreyfus, et de l'autre les antidreyfusards. Ces deux camps qui s'opposent, correspondant globalement à la gauche et la droite, sont rapidement pris en main et menés par une nouvelle communauté politique et sociale en plein essor, celle des « intellectuels ».
Ces intellectuels sont ceux qui ont généralement poursuivi des études et font partie des milieux littéraires et/ou artistiques. Ils forment une catégorie sociale qui s'intéresse et s'oriente souvent vers la politique et qui, par leur influence, parviennent à détenir généralement le pouvoir, et l'on peut donc en ce sens les qualifier d'« élites ».
Il convient de noter que le terme d'« intellectuel » apparaît en France dans les années 1880 mais ne devient d'utilisation courante qu'avec justement l'Affaire Dreyfus et ses conséquences socio-politiques (...)
[...] Cela montre donc bien qu'il est tout à fait possible pour les intellectuels d'allier engagement dans l'action au niveau politique, et production d'une œuvre littéraire ou artistique. Les années 1930 ont ainsi pu constituer, pour reprendre l'expression de Serge Berstein, une sorte de guerre franco-française qui comme on l'a vu concerne aussi le milieu intellectuel par le renforcement de leur rôle politique et l'accentuation des divergences droite/gauche. A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, la France apparaît donc comme un pays très divisé. [...]
[...] Sirinelli dans Les intellectuels en France s'intitule Du moi individuel au moi national et par là traduit bien l'esprit de cet homme qui cherche à entretenir l'esprit de Revanche de la France sur l'Allemagne, le patriotisme, l'importance de donner un chef à la nation. De même le nationalisme de Barrès cultive également la xénophobie et l'antisémitisme, idéologies que l'on a pu voir naître suite à l'Affaire Dreyfus (Dreyfus était juif), et qui s'exprime en particulier à travers la création de nombreuses ligues antisémites et patriotiques, comme la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède, dont Barrès devient président à sa mort en 1914. Il faut enfin citer un autre intellectuel nationaliste dont le rôle est conséquent : Charles Maurras. [...]
[...] Dès lors les universitaires paraissent avoir supplanté les écrivains et jouent un rôle majeur dans la création de nouveaux partis politiques, mais aussi dans l'expansion des sciences humaines, apport qui va transformer encore le champ intellectuel français et son engagement politique dans les années à venir. Bibliographie : - Ensemble des cours de K2M - La France au XIXe siècle, 1814-1914, D. Barjot, J.P. Chaline, A. Encrevé - La France de 1914 à nos jours, dir. J.F. Sirinelli - Les cultures politiques en France, dir. [...]
[...] Du côté antidreyfusard, la prise de position des intellectuels se manifeste également et aura une certaine influence et postérité. Considérés comme à droite, ils se mobilisent pour leurs idées politiques et s'organisant notamment autour de journaux, de ligues, etc. où l'on retrouve un certain nombre d'écrivains et artistes comme Barrès que nous avons déjà cité, mais aussi Renoir, Cézanne Il convient de remarquer que l'engagement des intellectuels de droite, hérité des positions antidreyfusardes, se fonde en particulier sur le nationalisme. Celui-ci est lié à la question des périls internationaux, et notamment les rivalités grandissantes avec l'Allemagne. [...]
[...] A droite, les intellectuels demeurent relativement silencieux, car cette partie de l'échiquier politique est encore affaiblie par le discrédit et les accusations dont elle a pu être l'objet à la Libération. Dans ce contexte on assiste donc au développement de la gauche non communiste qui cherche à percer, vue comme solution politique intermédiaire entre droite et communisme et plus sûre, d'où une multiplication des publications mendésistes de la part des intellectuels dans des journaux comme L'Express ou France-Observateur. Au fil du temps l'intensification de la Guerre d'Algérie modifie nettement le contexte politique, durcissant les positions : l'influence de Sartre augmente, le poids de cette nouvelle gauche naissante se renforce. [...]
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