Georges-Ernest-Jean-Marie Boulanger naît à Rennes le 29 avril 1837 dans le milieu de la moyenne bourgeoisie bretonne. En 1854, à l'âge de 17 ans, il est reçu à Saint-Cyr : il en ressort deux ans plus tard en 1856 dans la promotion Crimée-Sébastopol. Le jeune sous-lieutenant Boulanger commence alors une carrière rapide en raison notamment d'une bravoure remarquée. Il fait son baptême du feu en 1857, lors de la campagne de la Grande Kabylie. Boulanger participe ensuite aux expéditions italiennes de Napoléon III : il est blessé à Magenta en 1859. A son retour il se voit remettre la croix de la légion d'honneur. En 1861, Boulanger est envoyé en Cochinchine où il est nommé capitaine. De retour en France en 1864, il épouse Lucie Renouard, une cousine. Le capitaine est alors nommé à Saint-Cyr comme instructeur : par son entrain, l'originalité de ses méthodes de travail et par sa mansuétude, il sort de la banalité ; il se comporte déjà en véritable meneur d'hommes.
Lorsque la guerre est déclarée en 1870, Boulanger est promu commandant : par chance il est même fait lieutenant-colonel au 114e de ligne « sans mériter son avancement » (A.Dansette). En janvier 1871, à la suite des combats devant Paris auxquels il participe Boulanger reçoit le grade de colonel, il n'a pas encore trente-quatre ans. Lors de la Commune de Paris, son régiment se bat contre les Fédérés mais Boulanger, blessé, ne participe pas, dans les rangs des Versaillais aux terribles répressions de la « Semaine sanglante » (21-28 mai 1871).
[...] Face à lui, la droite et les modérés ont fait front. Le nouveau gouvernement avait décidé d'éloigner le général de Paris et ce, avant le 14 juillet 1887 afin d'éviter des mouvements de foule. Aussi Boulanger est-il nommé au 13e corps à Clermont-Ferrand, un des moins importants de l'Armée française. C une véritable brimade pour tous ceux qui voient en lui un sauveur, l'homme providentiel dont a besoin le pays. Le départ est prévu pour le 8 juillet de la gare de Lyon. [...]
[...] Tous les adversaires du mouvement césarien vont à partir de là coaliser leurs volontés et user de tous les moyens légaux, comme la réforme du scrutin, et extra-légaux pour abattre le boulangisme avant l'automne et les élections générales. En lui-même, le mouvement boulangiste n'était alors pas sans faiblesses, ses assises électorales restaient très fragiles et ses succès avaient souvent été associés à une forte abstention de l'électorat. A plusieurs reprises les voix de la droite lui avaient fait défaut et lors des nombreuses partielles il n'avait pas affronté les forteresses républicaines de l'Est de la France et du Midi. [...]
[...] Dès lors, Boulanger peut continuer à le faire sans entrave : il utilise des élections partielles pour se faire plébisciter et commence à constituer une réelle menace pour le régime, alors qu'auparavant il était plutôt une gêne. En effet, dès janvier 1888, Thébaud rend visite à l'exilé de Clermont et lui propose de se présenter à toutes les élections partielles en vue de s'imposer à l'opinion. Le 26 février, des élections ont lieu dans sept départements . Thébaud profite de l'occasion pour distribuer des bulletins au nom de Boulanger alors même que celui-ci n'est pas éligible : sans avoir fait campagne, le général obtient des résultats plus qu'encourageants. [...]
[...] Boulanger noue également des contacts avec le baron de Mackau (1832-1918), alors chef de l'Union des Droites. Comme on vient de le voir le mouvement qui se développe progressivement autour de la personne du Général Boulanger semble pour le moins hétérogène, ce que résume M.Winock en écrivant que Boulanger était devenu le lieu géométrique des espérances et des chimères les plus contradictoires Radicaux, Bonapartistes, socialistes, polémistes comme Rochefort ou ligueurs comme Déroulède ont, malgré leurs divergences idéologiques des points communs qui les font se retrouver dans le mouvement boulangiste autour de leur détestation partagée pour le régime parlementaire tel qu'il fonctionne alors en France sous la houlette des opportunistes. [...]
[...] Le 8 avril a lieu en Dordogne une autre élection partielle : Boulanger, sans s'être porté officiellement candidat, l'emporte pourtant de manière écrasante, recueillant sur son nom les votes conservateurs comme les votes d'extrême-gauche. La semaine suivante, il se présente à une autre partielle dans le Nord : pour la première fois, Boulanger se porte officiellement candidat et défend son programme dissolution, constituante, révision Il est élu avec une très forte majorité. Selon le mot de Barrès, le steeple-chase électoral de Boulanger est lancé. [...]
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