Europe, domination mondiale, puissance européenne, des années 1880 aux années 1960, puissances mondiales, civilisation
La notion de grande puissance date de l'époque où l'Europe jouait le rôle décisif dans l'univers et où une grande puissance européenne était automatiquement puissance mondiale. Il n'en est plus de même aujourd'hui où éclate le décalage entre échelle européenne et échelle mondiale.
Ainsi Raymond Aron signifie-t-il la perte de puissance européenne après 1945. Sous influence, l'Europe n'est plus maître de son destin et semble incapable d'imposer une quelconque domination au monde. Pourtant, au XIXe siècle, le continent européen jouit d'une place hégémonique au sein du monde : lieu privilégié des relations internationales, siège des puissances mondiales que sont l'Angleterre, la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche et la Russie, premier foyer industriel mondial, véritable coffre-fort du monde au sens où ses Etats concentrent les capitaux et les richesses, fort d'une avance technologique et d'une puissance commerciale considérables, l'Europe semble à même de s'étendre à travers le monde, d'y prévaloir et d'y imposer durablement sa civilisation.
[...] Cette organisation dépasse le cadre d'une alliance militaire, elle se substitue dès 1956 au Kominform et permet à l'URSS de coordonner les politiques extérieures des membres. Ainsi, progressivement, l'Europe devient-elle le théâtre d'une course au leadership mondial à laquelle elle ne peut participer. Si la seconde crise de Berlin (1958-61), achevée par la séparation de Berlin, trouble le relatif dégel annoncé par la mort de Staline en 1953, l'Europe n'est déjà plus le seul lieu privilégié de la guerre froide. Dans l'affrontement Est-Ouest pour l'hégémonie mondiale, l'Europe est loin de constituer le seul objet de compétition. [...]
[...] L'Europe tend ainsi à la bipolarisation en deux blocs. En 1904 déjà, la France s'était rapprochée de l'Angleterre en signant l'Entente cordiale. Dès 1906 et la conférence d'Algerisas le confirme la situation semble s'être inversée entre une Allemagne isolée et une France soutenue par ses alliés. Le règlement des dissensions coloniales entre la Russie et la GrandeBretagne en 1907 permet de consolider l'alliance française : face à une Triple-Alliance réduite à une simple Duplice, après l'obtention de la neutralité italienne par la France, la Triple Entente apparaît bien supérieure et capable d'imposer ses vues. [...]
[...] Ce n'est qu'après la démission de Bismarck en 1890 que l'Allemagne se lance à son tour dans la colonisation. La fin de Bismarck entraîne une refonte du système international : de 1890 à 1905, s'opère certes un rééquilibrage du rapport de puissance germano-français ; pourtant, aucune des deux ne semblent à même de dominer l'Europe. En réalité, les années 1890-1905 sont marquées par le temps des impérialismes : les trois grandes puissances européennes Allemagne, GrandeBretagne, France se lancent dans la constitution d'empires coloniaux. [...]
[...] De 1919 à 1936, l'Europe connaît une période de paix incertaine (H. Arendt). Il s'agit de penser l'entre-deux-guerres comme la continuité du combat pour la domination du continent, abandonné par les Etats-Unis. La France tente de profiter de sa position de gardienne du nouveau système international pour dominer l'Europe. Annonçant vouloir gagner la paix (Clemenceau), le gouvernement français mène jusqu'en 1924 une politique d'application des traités (occupation de la Ruhr en 1923). Néanmoins, la diplomatie de conciliation de Stresemann séduit l'opinion internationale. [...]
[...] Néanmoins, la stratégie attentiste franco-anglaise permet à Hitler de mener sa campagne à l'Est et de profiter pleinement du soutien soviétique (protocole secret du pacte Molotov-Ribbentrop). Ce n'est qu'en mai 1940 qu'il peut se lancer dans la campagne française. L'étrange défaite (M. Bloch) française constitue en réalité une débâcle militaire : le 16 juin 1940, Paris tombe aux mains de la Wehrmacht. Le 22, la France signe une armistice qui la soumet à la volonté de l'Allemagne et qui confirme la position hégémonique de cette dernière en Europe continentale. Ainsi, de 1914 à 1941, l'Europe se jette dans une seconde guerre de Trente ans (E. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture