Nous sommes ici en présence de deux documents concernant les domestiques au XIXe siècle, le premier regroupe deux listes de personnel au service de deux grandes familles aristocratiques (le premier datant de 1906 pour la maison Murat et le second de 1877 pour la maison d'Harcourt) et le second concerne la rémunération par condition, mais aussi par sexe des domestiques en 1880.
Bien avant la Révolution, ils furent appelés « domestiques », d'un terme ancien, hérité de la période féodale, qui recouvrait toute une série de personnes libres, ou parfois en servage. Au XVIIIe siècle, « domestique » désignait les femmes et hommes employés au domicile privé de leur maître. Logés et nourris par eux, ils en recevaient des gages à la différence de ceux de l'époque féodale qui n'en percevaient pas du tout. Pour les femmes on disait « servante », pour les hommes « serviteur » ou « valet ». Ensuite, on les désigna sous l'appellation générale de « Gens de maison », dénomination utilisée dans l'intitulé de leur premier syndicat à partir de 1886, qui comporte une connotation d'Ancien Régime.
Vers 1900, la profession s'étant considérablement féminisée, apparaît le terme de « bonne », les « bonnes à tout faire », nom que les femmes, entrées en condition, conserveront jusqu'à la moitié du XXe siècle. Aussi nous pouvons nous demander qui sont ces domestiques du XIXe siècle et dans quelles conditions ils travaillent et vivent au service de ceux qui les emploient.
[...] À Paris ménages ont au moins une bonne. Les gens de maison représentent alors 15% de la population parisienne. Pour faire face à cet afflux de population, le préfet Haussmann, dès 1853, fait raser une grande partie du vieux Paris devenu insalubre, et tracer de larges avenues, au long desquelles se construisent de grands immeubles de cinq à six étages, que l'on vend par appartement. L'escalier somptueux, faux marbre et tapis rouge, qui dessert les appartements des propriétaires, s'achève en un étroit boyau, qui au sixième étage conduit aux chambres de bonnes, suivant la description qu'en donne Zola, dans Pot-bouille. [...]
[...] Une propreté méticuleuse est exigée, les boutons de porte doivent être astiqués, les meubles reluisants. Préoccupée par la rentabilité du personnel de maison, la bourgeoise du XIXe siècle s'oppose aux idées répandues dans les maisons à large domesticité (notamment chez les aristocrates), où l'on est, par tradition, attaché à une stricte division des tâches. Elle insiste plutôt sur la nécessaire polyvalence des serviteurs et, entre deux repas, la cuisinière fera bien d'utiliser son temps à des travaux d'aiguille. La femme de chambre s'occupe aussi de la basse-cour, lave le linge de corps, repasse, reprise et coud. [...]
[...] Et il en est de même dans ses rapports avec ses domestiques. Des rapports qui étaient empreints d'une simplicité qui étonnait parfois les étrangers. Une comtesse de très grande famille ouvre elle-même la porte de son appartement, les domestiques étant en course par hasard ce qui eût été inconcevable en Angleterre, écrit Mme Trolloppe, une écrivaine britannique. Même remarque chez Niépovié (écrivain qui a écrit Études physiologiques sur les grandes métropoles de l'Europe occidentale, Paris, 1840) qui s'étonne de voir une grande dame mettre elle- même une bûche sur le feu pour éviter de déranger un domestique. [...]
[...] Ses gains, à chaque changement, sont amputés d'autant de fois sur des sommes, qu'elle n'a pas touchées, au profit du bureau de placement. Il faut attendre 1904 pour que cesse cette exploitation et qu'une loi interdise à ces bureaux payants tout prélèvement sur les salaires des demandeurs d'emploi. Bien évidemment, cela est quelque peu différent pour les domestiques qui sont au service des aristocrates, en effet ces derniers recrutaient habituellement leurs serviteurs parmi leurs gens B Être domestique Tout dépend de l'endroit ou l'on sert. [...]
[...] Les domestiques sont un luxe parfois ostentatoire, mais ils ont nous venons de le dire, leur utilité. C'est aussi un moyen de se protéger chez soi contre les importuns, tels le concierge (qu'on retrouve dans la famille Murat) qui trie les visiteurs en fonction de leurs inscriptions sur la petite liste, ou le valet de chambre chargé de répondre au téléphone (qui est commercialement exploité en France à partir de 1879) pour écarter les communications auxquelles on ne veut pas répondre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture