Religion et santé sont a priori deux notions opposées ou du moins qui n'appartiennent pas au même plan. La religion, tout d'abord, a trait à du sacré, à de l'irrationnel. Elle regroupe un ensemble de croyances parfois superstitieuses et de rites. Au contraire, on rattache communément la santé à la science qui se veut rationnelle et qui s'appuie, comme son étymologie l'indique, sur un savoir. Mais la notion de santé est plus large. Elle désigne avant tout un état de bien-être, une harmonie au sein du corps et de l'esprit caractérisée par l'absence du mal. En cela, religion et santé ne sont pas si antithétiques qu'il n'y paraît au prime abord. Le rapprochement de ces deux termes pose la question du rapport entre la religion et la santé. Comment la religion, et par extension les instances religieuses, participe-t-elle au maintien en bonne santé des populations ? Y a-t-il opposition avec d'autres instances, comme les instances scientifiques ?
[...] Il convient de rappeler qu'à la fin du XVIIIème siècle, la religion est un pilier important de la société, dans un contexte d'une société divisée en ordres : le clergé est non seulement riche mais aussi très influent. Sous l'Ancien Régime, la majorité des Européens baigne dans une ambiance « magico-religieuse ». La religion fait donc partie intégrante de la vie des populations, qui n'hésitent pas à se tourner vers l'Église afin de garantir leur bien-être. La religion apaise dans un contexte où la science n'est pas forcément efficace.
[...] Le XIXème siècle est en France le siècle des soeurs. En effet, elles n'ont jamais été aussi nombreuses : en 1880, on en compte 130 000 dont la plupart appartiennent à des congrégations séculières comme les Petites Soeurs des Pauvres. Ces soeurs se tournent vers des activités caritatives qui comportent aussi bien l'aide aux pauvres, l'enseignement ou encore les soins aux malades. (...)
[...] Elle lui aurait ordonné de boire l'eau de la source qui aurait des vertus miraculeuses. Plusieurs mois plus tard, on constate de la guérison miraculeuse de plusieurs malades et blessés ayant eux aussi bu l'eau de la source ou trempé certains de leurs membres. Mais très vite, l'Église cherche à encadrer ces croyances et à prouver les miracles en faisant appel à des médecins. Elle crée à cet effet le Bureau des constatations médicales pour distinguer les guérisons inexplicables et donc qualifiées de miraculeuses des autres. [...]
[...] De plus, avancées dans le domaine de la santé et religion ne sont pas forcément incompatibles. Ainsi, les États protestants ont même un rôle pionnier dans le domaine de l'hygiène. Et pour cause : le protestantisme est entre autres basé sur le rejet des superstitions catholiques, ainsi qu'un rapport différent au corps. En effet, le bien-être est le signe de l'élection divine : il est donc important de conserver cette bonne santé, le Salut étant un don gratuit de Dieu . [...]
[...] Conclusion Religion et santé sont donc très liés au XIXème siècle, siècle encore fortement ancré dans des croyances supranaturelles. La religion apaise l'âme dans un contexte de fortes épidémies qui dévastent la population, dans un siècle où la mort fait partie du quotidien et où les solutions médicales s'avèrent décevantes. De plus, nombreux sont les individus méfiants vis-à-vis des médecins et du pouvoir médical qu'on accuse parfois de provoquer des épidémies pour se débarrasser des classes dangereuses comme pendant la dernière épidémie de choléra en Europe. [...]
[...] Les médecins en profitent donc d'autant plus pour critiquer les sœurs et dénoncer le danger que représentent leur pratique approximative de la médecine. Mais il ne faut pas pour autant sous-estimer le savoir des sœurs. Il circule en effet dans les campagnes une littérature de vulgarisation médicale à laquelle la plupart des sœurs ont accès. On assiste d'ailleurs à un processus de professionnalisation des sœurs, notamment dans les pays protestants comme l'Allemagne. Le dynamisme des sœurs en France s'impose comme un modèle pour les états allemands qui ont eux le souci de disposer d'un personnel formé. [...]
[...] À cela, les catholiques essaient de répondre et la conséquence est la concurrence entre les différentes activités caritatives. Les Églises luthériennes cherchent à promouvoir les diaconesses face aux sœurs catholiques en montrant qu'elles sont plus compétentes. Ces Églises essaient également d'attirer des femmes célibataires en leur disant qu'elles exerceront une activité honorable, qu'elles pourront avoir une place dans la société qu'elles n'auraient pas sans l'Église. Theodor Fiedner crée une École de diaconesses en 1836 dans laquelle on forme des femmes qui se dévouent au soin des malades. [...]
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