diplomatie, dollar, 1917-1947, Etats-Unis, monde, relations internationales
« The diplomacy of the dollar » est une expression inventée par un journaliste américain pour critiquer la politique du président Taft entre 1909 et 1913, l'idée étant que ce président était lié et influencé par les banquiers de Wall Street. Cette expression, de simple critique, a ensuite pris un sens plus large, s'appliquant à la politique extérieure des Etats-Unis pour toute la première moitié du XXème siècle. La diplomatie du dollar, en ce sens, c'est l'intervention américaine dans les affaires étrangères via leur politique économique, via l'action des banquiers, des industriels, etc. C'est l'action d'agents économiques privés soutenue plus ou moins tacitement, officieusement par le gouvernement américain. La diplomatie du dollar, c'est une forme de relations internationales qui ne passe pas par les canaux traditionnels de la diplomatie, comme par exemple les relations entre dirigeants politiques. C'est une intervention plus couverte, plus indirecte, qui ne se fait pas seulement au nom des dirigeants politiques, et qui découle de la suprématie financière et économique qu'ont les Etats-Unis sur le monde. Cette forme de relations internationales menée par les Etats-Unis est née au début des années 1900, mais a connu son apogée à partir de la première guerre mondiale, spécialement à partir de 1917 et de l'entrée en guerre des Etats-Unis. Durant la première moitié du XXème siècle, cette diplomatie va changer de forme, connaître des succès, des critiques et des échecs. Finalement, en 1947, la fin de la deuxième guerre mondiale et l'annonce du plan Marshall d'aide économique à l'Europe annonce une forme toute autre de diplomatie du dollar, dans lequel le rôle du gouvernement américain est beaucoup moins tacite.
[...] En réponse, le président va faire voter en 1941 la loi prêt-bail. Celle-ci permet aux Etats-Unis de prêter gratuitement des armes à la Grande-Bretagne, comme un homme prêterait son tuyau d'arrosage à son voisin dont la maison est en feu dit le président américain dans un discours. C'est une loi importante. En effet, les Etats-Unis se détachent alors de leur vision purement économique de la guerre, l'idée de faire des bénéfices via la vente de marchandises tout en aidant les puissances alliées ne domine plus. [...]
[...] La réponse des Etats-Unis à ce besoin d'intervenir dans les relations internationales pour créer la paix et assurer la prospérité de leur pays, sans pour autant s'enchâsser dans des alliances politiques, est celle de la diplomatie du dollar. Le discours de Hughes à New Heaven en 1922 est à ce titre explicite : il explique que l'instabilité politique européenne menace les intérêts économiques de son pays Il est futile de dire que nous ne sommes pas intéressés par ces problèmes, car nous y avons un profond intérêt du point de vue économique d'où son intervention, qui ne passe cependant pas par des alliances diplomatiques Certains parmi nous ont suggéré que les Etats-Unis assument le rôle d'arbitre [ ] Je ne pense pas que nous devions essayer d'assumer un tel fardeau de responsabilité La politique extérieure américaine devient alors l'affaire de professionnels, d'experts, de banquiers, officiellement détachés de la politique et de ses problèmes. [...]
[...] La sortie de ce dilemme, en 1945, s'est faite par la sortie de la première contrainte. Encouragés par le devoir de résister à la puissance soviétique, les Etats-Unis interviennent directement dans les affaires politiques du monde. Finalement, l'on peut s'interroger sur l'impact de la guerre froide dans la diplomatie américaine : en quoi cet affrontement entre deux blocs fait-il que les Etats-Unis, à l'inverse de ce que l'on vient d'étudier, interviennent-ils de toutes les manières possibles (culture, politique, armée, communication, etc.), et non plus seulement via leur économie ? [...]
[...] Le fait que ces prêts ne soient pas toujours effectués de façon optimale va alors être la base de critiques envers la diplomatie du dollar. Critiques émanant tant de l'opinion américaine que des pays directement concernés. Ainsi, en Allemagne, le plan Young de 1929, censé remplacer le plan Dawes, déclenchera la colère d'une partie du monde politique, en particulier l'extrême droite. L'affiche du Comité impérial pour l'initiative populaire allemande représentant le peuple allemand réduit en esclavage, soumis aux coups de fouet du diable américain, représente bien ce sentiment d'être soumis à des décisions financières étrangères, et injustes. [...]
[...] L'opinion publique, tout comme les républicains (au pouvoir de 1921 à 1933), nouvellement au pouvoir après la défaite de Wilson, estiment qu'il n'est pas bon pour les Etats-Unis de se lier politiquement à d'autres Etats, de créer des alliances diplomatiques. Cette idée, héritée des préceptes de Washington ou de Jefferson, a conduit les Etats-Unis à ne pas signer le Traité de Versailles et surtout le Pacte de la SDN, alliance par excellence entre les nations. Les Etats-Unis sont donc en dehors des cadres diplomatiques traditionnels. [...]
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