« Miguel Primo de Rivera : la dictadura desmemoriada ». C'est ainsi qu'Iván Vélez a intitulé son article portant sur le régime politique qu'a connu l'Espagne entre 1923 et 1930. Force est en effet de constater que cette période particulière de l'histoire de l'Espagne reste peu étudiée par une historiographie académique qui a fréquemment privilégié l'étude de la Seconde République, de la Guerre civile ou encore du franquisme. Nous comprendrons cependant que l'examen de cette dictature n'est pas dénué de tout intérêt et que l'analyse de la nature de ce régime revêt une importance particulière.
Revenons, tout d'abord, sur l'arrivée au pouvoir de ce militaire de formation, Primo de Rivera. Le roi Alfonse XIII entérine son pronunciamento le 14 septembre 1923 en le nommant Presidente del directorio militar cargado de la gobernación del estado. Le Manifeste à la Nation, que Primo de Rivera a énoncé quelques jours auparavant, décrit d'emblée l'ambition de la dictature militaire que le général souhaite instaurer.
Miguel Primo de Rivera répond donc à ces difficultés multisectorielles par l'autoritarisme et ce jusqu'à la fin de son régime en janvier 1930. Ce « style de gouvernement » apparaissait si intransigeant que nombre d'organisations, à l'image du Komintern soviétique, l'ont qualifié de « fascisme » et il apparaît clairement qu'un « faisceau de preuves concordantes » semble justifier cette typologie de la nature du régime primorriveriste.
[...] La régénération espagnole doit passer par Dieu, Primo de Rivera se sent presque une mission divine pour cela. Par exemple, la Vierge de Montserrat était la sainte patronne traditionnelle du Somatén, chose qui aurait été totalement impensable dans un régime fasciste. L'éducation devait être religieuse et patriotique, et Primo de Rivera ne réfutera pas les accusations de cléricalisme qui pesaient sur son régime (notamment de la part des libéraux, qui disaient préférer un fascisme à l'obscurantisme). En outre, sa frénésie modernisatrice, tant matérielle que morale n'est pas sans rappeler le régime kémaliste turc, notamment dans son projet –bien qu'inabouti- d'émancipation des femmes (droit de vote, accès aux fonctions municipales). [...]
[...] Les Commissions mixtes se situent, dans un second temps, à un niveau supérieur vis-à-vis des Comités. Elles devenaient de véritables tribunaux industriels pouvant juger un contentieux économique donné et établir des mesures coercitives afin de parvenir à ses fins, c'est-à-dire afin de résoudre le conflit social en question. Elles ne se contentent pas, de plus, d'une simple fonction régulatrice : elles se doivent d'institutionnaliser des politiques culturelles, des mesures de formation professionnelle, de protection sociale toujours dans l'optique d'apaiser le climat social de l'ensemble des branches professionnelles. [...]
[...] VELEZ, Ivan, Miguel Primo de Rivera : la dictadura desmemoriada», in El Catoblepas, août 2004. Il y eu selon Dylan Riley gouvernements entre mai 1902 et septembre 1923. Voir RILEY, Dylan, «Civic Associations and Authoritarian Regimes in Interwar Europe: Italy and Spain in Comparative Perspective», in American Sociological Review, Vol avril 2005, p 288-300. QUIROGA, Alejandro, Making Spaniards: Primo de Rivera and nationalization of the masses, 1923-1930, New York, Basingstoke p146 Voir NIN, Andrew, Las posibilidades de un fascismo español», in Communismo, abril 1933. [...]
[...] Le journal Solidaridad obrera est censuré mai 1924 : Publication du Statut municipal régissant le fonctionnement des Ayuntamentos février 1925 : Antonio Maura propose au Roi l'instauration d'une Assemblée nationale consultative mars 1925 : Fin de l'état de guerre. Printemps 1925 :L'émir Abd-el-Krim, l'insurgé marocain attaque des positions françaises et rend, de fait, possible une alliance franco- espagnole au Maroc avril 1925 : Le Manifeste de l'UP insiste sur la nécessité de s'organiser à l'échelle nationale en dépassant les particularismes locaux septembre 1925 : Débarquement d'Alhucemas octobre 1925 : Apparition de la Nación, le journal officiel de l'UP. Manuel Delgado Barreto en est le directeur décembre 1925 : Début du Directoire civil. [...]
[...] Une effectivité lacunaire Il s'agit ici d'analyser pourquoi le régime primorriveriste n'est pas parvenu à transférer le modèle fasciste. Par manque de volontarisme politique mais également par nécessité d'adaptation, Primo de Rivera n'a pas su impulser et pérenniser la rupture avec les structures politiques et sociétales héritées de la Restauration. Or, si l'on s'en tient à l'analyse de Juan Linz, il est en effet nécessaire de se pencher sur la manière dont la genèse d'un régime suite à un effondrement démocratique donne forme à son développement ultérieur. [...]
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