Histoire sociale, histoire quantitative, courants de pensée, école méthodique, Langlois, Seignobos, école des annales, Febvre, Bloch, sciences sociales, sources, méthodologie
Au début du XXème siècle l'Histoire est en plein revirement, l'école méthodique de Langlois et Seignobos, cherchant la parfaite objectivité en restant au plus près des sources sans se permettre d'écarts est fortement critiquée. Cette histoire est qualifiée d'histoire bataille ou d'histoire événementielle et avec l'apparition de l'école des annales en 1929 sous l'impulsion de Febvre et de Bloch, on entre dans une phase où l'Histoire ne se limite plus à la politique et à la diplomatie, elle s'ouvre à l'économie et aux faits sociaux. Cela se fait aussi par une ouverture sur les autres sciences sociales, telles que la sociologie ou l'économie politique. L'histoire sociale et l'histoire quantitative sont des courants de pensée qui s'inscrivent très largement dans ce processus d'ouverture aux autres sciences sociales.
[...] Deux visions de l'histoire Les deux modalités d'études sont fondamentalement opposées dans leurs idées de départ. L'histoire quantitative se veut la plus objective possible, partant du postulat qu'en utilisant de vastes séries statistiques, on se débarrasse de la subjectivité : les chiffres sont là et ne mentent pas. Postulat par ailleurs discutable, puisque l'historien, après avoir établi une liste de données factuelle, chiffrée et mesurée, doit malgré tout se plier au jeu de l'interprétation et celle-ci lui sera forcément personnel et réfutable. [...]
[...] En étudiant ces deux façons de faire l'histoire, on peut se poser la question de la différence qu'il peut y avoir entre elles. Quels sont les points communs et les éléments de différenciation entre ces deux façons de faire l'histoire, qui semble à première vue assez proche ? Dans un premier temps, nous verrons que l'on peut dégager un grand nombre de points communs entre ces deux pratiques, mais dans un second temps nous tenterons de démontrer qu'il y a tout de même un certain nombre de différences fondamentales. [...]
[...] Pour commencer, ces deux visions historiques partent d'un postulat commun, celui où la richesse de l'Histoire est lisible dans les grandes lignes. Par opposition à l'histoire événementielle des Annales, elles ont pour vocation une étude du temps long et des évolutions des masses, l'individu n'est pas du tout le centre de ces démarches. Cette citation de M. Welskopp concerne l'histoire sociale, elle reflète aussi un certain point de vue quantitativiste, celui où il s'agit de définir les grands ensembles, le paysage dans lequel se meuvent les hommes du passé. [...]
[...] L'Histoire quantitative, elle, va s'effacer progressivement dans un contexte de désillusion sur la toute-puissance des chiffres, car si la donnée statistique est un indicateur très précis, la capacité de l'historien à faire de ces chiffres quelque chose d'utilisable et d'intéressant sans revenir à des sources écrites est jugée insuffisante. Les données statistiques ont un caractère résolument descriptif qui laisse l'historien et son besoin de problématisation sur leur faim. On ne peut pas faire une vraie Histoire à partir de simples chiffres, l'histoire quantitative est un outil, très performant, qui permet d'établir le paysage factuel dans lequel le sujet étudié (individu, groupe, société, idée) va se mouvoir, mais il semblerait qu'elle ne soit pas une fin en soi. [...]
[...] Mais elle n'aura pas de si beaux enfants que l'Histoire sociale. En effet de l'autre côté, l'idéologie va rattraper la discipline, dans le contexte du matérialisme initié au siècle précédent par Darwin où apparaît l'Histoire sociale : et ces deux composantes vont faire naître le Marxisme. Marx va impulser son élan à l'Histoire sociale, puisqu'en étudiant socialement l'Histoire et en s'inspirant des travaux et théories de ses prédécesseurs, tels que Guizot, il va mettre au point sa doctrine basée sur une interprétation du chemin parcouru par l'humanité avec son découpage historique allant de l'ère primitive à l'ère capitaliste puis socialiste. [...]
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