A la question de la nature de la domination de l'URSS sur ses « pays frères », l'automne 1956 allait apporter une réponse radicale. Par des voies différentes, Polonais et Hongrois tenteront d'aller au bout de la logique déstalinisatrice.
En Pologne, le peuple réclame la déstalinisation. Chance pour la Pologne, ce pays est dirigé par un nouveau venu, Edouard Ochab, arrivé au pouvoir à l'heure de la déstalinisation et n'ayant aucun « culte de la personnalité », tant dénoncé lors du XXème Congrès, à préserver. Devant les désordres et les affrontements qui se multiplient, devant les exigences d'indépendance nationale qui montent, les responsables soviétiques se sont affolés. Hésitant à employer la force contre un pays où la tension populaire ne cesse de croître, Krouchtchev et son équipe, après avoir ordonné un mouvement de chars sur Varsovie, décident au dernier moment de composer avec une Pologne au bord de l'insurrection. Que Gomulka, qui vient d'accéder à la direction du PC polonais ramène l'ordre, garantisse l'autorité du parti sur la société et la fidélité de la Pologne à l'alliance soviétique. A ce prix, l'URSS fermera les yeux sur la manière dont la Pologne interprète le communisme.
[...] Signe ultime de cet abandon de mémoire, la promesse donnée au début du XXIIème Congrès d'ériger un monument aux victimes du stalinisme, sera abandonnée dès la fin même du Congrès et ne sera jamais mise à exécution. Inégalités et échec des réformes Krouchtchev affirmait vouloir mettre un terme aux inégalités héritées de l'ère stalinienne. En ce sens, il heurte non seulement des intérêts particuliers et la vie économique, mais surtout les fondements du système social et moral soviétique tel qu'il fonctionne depuis le début des années trente, affirmant vouloir bousculer des normes de pensée et de vie solidement établies. La Russie post-révolutionnaire était égalitaire. [...]
[...] Aucun de leur témoignage, aucune étude historique comme celle de Paul Barton qui dans son ouvrage L'institution concentrationnaire en Russie démontre le maintien du système concentrationnaire, ne provoquent de choc dans l'opinion : il y faudra l'art et la vision globale de Soljenitsyne, mais aussi le néostalinisme de Brejnev et les luttes des dissidents pour provoquer en quelque sorte une réactualisation du goulag en Occident. Mais à cet instant, le stalinisme, c'est du passé. L'opinion publique française, en cette fin des années cinquante, est donc indéniablement soulagée. L'URSS, dont elle craignait la puissance, s'engage dans un processus de coexistence pacifique ; l'URSS, dont le système répressif justifiait ses alarmes ou ses cauchemars, vient de rejeter le stalinisme. Soulagés, les Français vont sans crainte pouvoir envisager d'un œil confiant l'avenir de la société de consommation qui prend son envol . [...]
[...] En Pologne, le peuple réclame la déstalinisation. Chance pour la Pologne, ce pays est dirigé par un nouveau venu, Edouard Ochab, arrivé au pouvoir à l'heure de la déstalinisation et n'ayant aucun culte de la personnalité tant dénoncé lors du XXème Congrès, à préserver. Devant les désordres et les affrontements qui se multiplient, devant les exigences d'indépendance nationale qui montent, les responsables soviétiques se sont affolés. Hésitant à employer la force contre un pays où la tension populaire ne cesse de croître, Krouchtchev et son équipe, après avoir ordonné un mouvement de chars sur Varsovie, décident au dernier moment de composer avec une Pologne au bord de l'insurrection. [...]
[...] Sa politique s'articule autour d'une volonté explicitée de redonner leurs chances à tous les soviétiques, de passer de la méritocratie utilitaire et institutionnalisée de l'époque stalinienne, à l'égalité des chances toujours en action. Certes. Le constat n'en demeure pas moins que ses principales réformes ont échoué. Beaucoup d'entre elles se sont soldées par un échec justement parce que construites sur un modèle inégalitaire. Contrairement à son souhait affirmé, Krouchtchev a crée de nouvelles inégalités, ou en a pérennisées d'anciennes. Krouchtchev voulait une rupture, il a parfois agi dans le prolongement de la politique stalinienne. [...]
[...] A aucun moment, depuis la mort de Staline, l'ancien zek n'a vu sa condition de victime pleinement reconnue et légitimée par la société et l'Etat. Au mieux, les anciens détenus se sont-ils vu remettre, loin de toute commémoration ou manifestation officielle, la modique spavka, le certificat de réhabilitation, mais il n'a obtenu de l'Etat bourreau ni excuses publiques ni réparations - seulement la reconnaissance administrative de erreur qui lui a valu de connaître les douceurs du goulag. Les ancien zeks deviennent une communauté invisible et innombrable, milieu de mémoire sans statut. [...]
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