L'addition de ces facteurs contribue donc à faire du 21 avril 2002 une crise que l'imminence – et l'éminence - des échéances électorales du printemps 2007 nous oblige à déchiffrer. Par delà la surprise qu'il a crée, notre propos consistera à montrer que le vote du 21 avril 2002, certes favorisé par la convergence de facteurs conjoncturels, est non pas le déclencheur mais la consécration, ou du moins le révélateur de mouvements plus profonds et plus latents qui traversent la société française méfiante à l'égard du politique présumé incapable de réformer la société. Le 21 avril 2002 n'est donc pas un accident politique comme ont tenté de le démontrer la plupart des analystes. Rappelons à titre d'illustration que si le coup de tonnerre éclate dans un ciel bleu, il est le fruit de perturbations atmosphériques.
On s'appuiera sur une étude synthétique de la campagne électorale et des résultats pour ensuite en proposer une explication afin de montrer qu'il s'agit d'un symptôme de la crise de confiance dans le politique dont les conséquences semblent n'avoir été qu'éphémères.
[...] Parallèlement, on note l'émergence des extrêmes et leur consolidation au cours du temps. Le Front national d'abord s'installe dès 1984 et accroît son influence dès la fin des années 1980 et tout au long des années 1990 (moins de 10% lors des législatives de 1988 ; 14,4% lors de la présidentielle de 1988 et 15,3 à celle de 1995. Les élections européennes de 1999 semblèrent marquer un recul de l'extrême droite à mais celui-ci était largement dû à la scission intervenue à la fin 1998 entre le FN et le Mouvement national républicain de Bruno Mégret ainsi qu'à la présence d'une liste souverainiste dirigée par Charles Pasqua qui a capté un électorat FN désemparé. [...]
[...] Les acteurs politiques qui réclament l'avènement d'une VIème République, du socialiste Arnaud Montebourg à François Bayrou, se multiplient. Nous tenons à conclure sur l'intérêt d'un sujet qui porte sur l'histoire immédiate qui nous a permis de toucher les limites de la discipline. Il est en effet difficile de discerner l'essentiel du superflu et les causes véritables d'un phénomène seulement quelques années après. La proximité des événements restreint de façon mécanique la bibliographie à notre disposition ; cependant, l'accès aux archives est largement facilité. [...]
[...] Pour mieux désigner son rival comme un risque pour le régime, Jacques Chirac évite le débat traditionnel entre les deux candidats du second tour. Dès lors, Il ne s'est plus agi, pour les Français, de choisir l'homme auquel ils voulaient confier la direction de l'Etat, mais de se prononcer pour ou contre l'extrême droite. L'unanimité politique et la mobilisation populaire répercutée par les media, entraîne un retour des abstentionnistes vers les bureaux de vote. Si l'abstention régresse généralement entre le premier et le second tour d'une élection présidentielle, jamais un tel mouvement de recul n'avait encore été enregistré. [...]
[...] En effet, le non qui l'emporte est soutenu majoritairement par des forces politiques qui se situent en dehors du système parlementaire, à l'exception du Parti communiste. En effet, le PS, les Verts (bien qu'ils soient divisés sur la question), l'UDF ou l'UMP soutiennent la ratification du traité, tandis qu'aux deux extrêmes on le rejette, pour des motifs nationalistes ou antilibéraux. A la lecture des résultats, il apparaît que les partis de contestation l'emportent largement, de la même manière La recomposition du paysage politique : un nouveau rapport de forces au profit du parti majoritaire On a pu entrevoir jusqu'ici la décomposition du système partisan. [...]
[...] La mobilisation post-21 avril 2002 semble donc éphémère. Or, nous avons montré jusqu'ici que les résultats ne sont pas simplement l'addition de facteurs conjoncturels, mais surtout la manifestation de phénomènes plus souterrains qui appellent par conséquent une réponse véritable de la classe politique ainsi que du corps civique. Le soir du 21 avril, peu de temps après la communication des résultats du premier tour par les media, Lionel Jospin annonce avoir tiré les conclusions de son échec en se retirant de la vie politique De fait, on assiste bien à un renouvellement, au moins partiel, de génération politique. [...]
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