Après une première tentative infructueuse en 1824, Andrew Jackson est finalement élu septième Président des Etats-Unis le 3 décembre 1828. Il est alors déjà connu pour s'être distingué lors de la seconde Guerre Anglo-américaine, et dès son investiture on voit se déclencher un véritable élan populaire en sa faveur, présageant de l'ouverture d'une nouvelle ère ou période dans l'Histoire des Etats-Unis et avant tout dans l'exercice de la présidence et des institutions américaines. C'est ce que William Mac Donald désigne par le concept de « démocratie jacksonienne ». Dès son arrivée, le personnage est néanmoins sujet à controverse, notamment son coté démagogue et populiste, comme le juge Story le souligne, « la règle de la populace [semble] être arrivée.
Il n'en est pas moins ambigu de distinguer la présidence de Jackson, sous ses deux mandats successifs, de celle de ses prédécesseurs, et ceci d'autant plus que les jacksoniens se réclament de l'héritage jeffersonien. On peut donc se demander si le concept de Mac Donald n'est pas plus utopique que basé sur des éléments concrets. On ne peut pour autant pas nier que l'Ere jacksonienne, qui s'étend du premier mandat de Jackson, jusqu'au terme de celui de son successeur qui n'était autre que son second vice président Van Buren, constitue un passage singulier de l'Histoire des Etats-Unis.
On se trouve donc ici face à un paradoxe entre la continuité de l'exercice du pouvoir et l'esprit d'innovation insufflé par Jackson. Quels sont les éléments qui permettent à ce dernier d'imprimer sa marque ? Et on se demande s'il est finalement possible que la « démocratie jacksonienne », tout en épousant le cadre constitutionnel américain, ait pu relever d'un réel changement profond?
On se propose ainsi pour explorer la question, d'étudier tout d'abord les traits de cette démocratie qui est caractérisée par un exercice nouveau des institutions et de la vie politique revues sous le jour d'un président à la personnalité et au rôle affirmés, puis dans un second temps nous aborderons le fait que cette nouvelle dynamique du pouvoir n'est pas allée sans des ambiguïtés profondes ou des paradoxes, et on peut même parler d'écran de fumée pour désigner le concept de « démocratie jacksonienne ».
[...] la présidence de Jackson n'a pas apporté de réelles nouveautés On peut même parler de déception face à ce que l'on présente comme une démocratie tapageuse à la lecture du discours d'investiture, le système de rotation au sein de l'administration pour éviter la corruption n'a pas été mis en pratique car au final, la rotation des effectifs n'a pas été plus importante que chez ses prédécesseurs. De même on retrouve des affaires de mœurs, comme l'affaire Eaton impliquant des proches collaborateurs de la présidence, à propos du mariage de M. Eaton avec une fille de mauvaise réputation. [...]
[...] Cependant II . Mais elle n'est cependant pas dénuée d'ambiguïtés ou de paradoxes profonds qui en feraient plus un écran de fumée, qu'une réalité historique Les pratiques de Jackson sont quelques fois autoritaires Sa politique vis-à-vis des indiens cause ainsi aujourd'hui le plus grand tort à l'héritage jacksonien. En mettant en œuvre l'Indian Removal Act du 28 mai 1830, et ce contre l'avis de la cour suprême, Jackson va à l'encontre de ses principes de démocrate et de la Constitution. [...]
[...] tout en menant une politique démocrate et libérale Une des avancées démocratiques les plus importantes est l'abolition du système des caucus, remplacés par des conventions où chaque parti peut démocratiquement désigner son candidat à la présidentielle. C'est aussi sous les mandats de Jackson qu'ont eu lieu la disparition du cens et l'élargissement du suffrage universel direct masculin (uniquement pour les blancs), qui de l'Ouest à l'Est a été généralisé à l'ensemble des Etats de l'Union. En 1824, on compte électeurs, et 2,4 millions en 1840. [...]
[...] Et on se demande s'il est finalement possible que la démocratie jacksonienne tout en épousant le cadre constitutionnel américain, ait pu relever d'un réel changement profond? On se propose ainsi pour explorer la question, d'étudier tout d'abord les traits de cette démocratie qui est caractérisée par un exercice nouveau des institutions et de la vie politique revues sous le jour d'un président à la personnalité et au rôle affirmés, puis dans un second temps nous aborderons le fait que cette nouvelle dynamique du pouvoir n'est pas allée sans des ambiguïtés profondes ou des paradoxes, et on peut même parler d'écran de fumée pour désigner le concept de démocratie jacksonienne I. [...]
[...] Cette période a cumulé des aspects démocratiques nouveaux ou rénovés, tout en n'éliminant pas les problèmes de fond. Il est tout de même légitime de se demander si la Guerre de Sécession, témoin de l'éclatement de l'union fédérale, n'est pas la signature a posteriori de l'échec de la démocratie Jacksonienne dans la gestion des différences entre les Etats de l'Union? Bibliographie Ouvrages généraux LACROIX (Jean-Michel), Histoire des Etats-Unis, Paris, PUF, avril 2006. NOUAILHAT (Yves Henri), Histoire des doctrines politiques aux Etats- Unis, Paris, PUF, Que sais-je ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture