Le concept de démocratie se développe dans une aire spatiale qui se définit géographiquement avec l'Europe de l'Ouest (France, Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Italie, Portugal) mais aussi de l'Europe centrale (Allemagne), du Nord et de l'Est (Autriche-Hongrie, Pologne, Russie, pays scandinaves) car ce processus affecte de façon globale ce territoire du XIXe siècle à la veille de la Grande Guerre.
Le sujet peut être délimité par deux bornes chronologiques légitimes : La défaite de Sedan du 2 septembre 1870 marque le début d'un nouvel ordre politique en Europe. Les républicains en France instaurent la IIIe République et mettent en œuvre les principes démocratiques. Bismarck achève l'unification de l'Allemagne avec la proclamation du II Reich le 18 janvier 1871. 1870 symbolise donc l'avènement d'un nouvel ordre politique européen avec l'émergence de revendications démocratiques par les différents peuples.
D'autre part la Grande Guerre, ou la Première Guerre mondiale est déclenchée par l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo le 28 juin 1914. Elle marque une rupture significative dans l'Histoire et un profond changement de logique politique. La suspension temporaire du fonctionnement de la démocratie et des principales libertés s'effectue au profit de la logique militaire des Etats belligérants.
A la veille de la Grande Guerre, des tensions d'ordre idéologique opposent deux mondes distincts : le monde conservateur, attaché aux fondements et aux valeurs de l'Ancien Régime et le monde moderne, progressiste, héritier des principes des philosophes des Lumières et de la Révolution française de 1789.
[...] L'introduction progressive de l'isoloir renforce de même les effets du suffrage universel en Europe : le Royaume-Uni l'instaure en 1872, la Belgique en 1877, la France plus tardivement en 1913. L'isoloir garantit de fait le secret du vote, élément indispensable à un choix électoral libre et assumé. Son extension dans les pays européens permet de démocratiser les institutions existantes préalablement en modifiant la représentation parlementaire. Le recul progressif du suffrage censitaire permet au plus grand nombre, les masses, d'accroître leur participation à la vie politique qui était jusque- là contrôlée en partie par la bourgeoisie fortunée acquise aux idées libérales et hostile au droit de vote des masses. [...]
[...] Cependant, malgré la peur qu'elle engendre dans les sociétés établies, la démocratie ne peut arrêter son extraordinaire expansion comme une vague qui ne recule que pour revenir avec plus de force sur ses pas d'après Alexis de Tocqueville. La Première Guerre mondiale marque de façon indiscutable un arrêt de la démocratie avec la suspension des principales libertés, mais elle n'est en ce sens que temporaire : son développement s'intensifie au cours du XX siècle pour devenir un modèle politique de référence et faire entrer définitivement les Etats européens dans la modernité. [...]
[...] Le développement de courants extrêmes tels que le nationalisme exacerbé ou encore de menaces venant à la fois de la droite et de la gauche politiques révèle au grand jour les fragilités structurelles internes de la démocratie. La première logique, le nationalisme, implique de fait le primat de la politique extérieure sur la politique intérieure. Il s'oppose de façon asymétrique à celle de la démocratie sur le plan politique : bien que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes soit un l'un des piliers fondamentaux de la démocratie, son application exalte le nationalisme de chaque Etat et propose une vision des relations diplomatiques et internationales selon le prisme de la guerre et de l'affrontement. [...]
[...] Il condamne dès sa première déclaration publique les Zemtsvos tolérés sous le règne de son grand-père Alexandre II. Les souverains à la veille du premier conflit mondial freinent donc le processus de démocratisation, les décisions politiques unilatérales et antidémocratiques persistent avec des monarques soutenus par une aristocratie traditionnelle toujours proche du pouvoir. L'aristocratie traditionnelle possède encore une influence déterminante dans les campagnes, elle tire sa puissance de plusieurs facteurs : vestige de l'Ancien Régime, la noblesse reste encore l'un des plus grands possesseurs terriens en Europe. [...]
[...] Le suffrage universel revendiqué par les démocrates s'oppose donc à la conception libérale de la primauté du rang social et de la richesse qui permettraient de voter. Son application implique par conséquent une égalité en droit entre tous les citoyens et la liberté d'expression de l'intégralité du peuple lors des élections. Il connaît un formidable essor dans les Etats européens. Le suffrage universel est proclamé en France dès 1848 et est rétabli officiellement en 1875, en Grèce dès 1864, en Allemagne en 1871 pour l'élection du Bundestag, en Suisse en 1874, en Bulgarie en 1879, en Serbie en 1888. [...]
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