L'Etat-Providence n'est-il pas une expression plus juste de la démocratie puisqu'il prévoit de mettre en œuvre des politiques bénéfiques à tous les individus de la société, supprimant ainsi les inégalités? Les avis sont partagés ; l'Etat-Providence peut être perçu comme un corollaire de la démocratie, mais aussi comme une de ses limites. Il s'agit donc, pour répondre à cette question, d'étudier en premier lieu les fondements historiques et théoriques de l'Etat-Providence ; puis de s'intéresser aux mises en œuvre progressives de politiques sociales dans les démocraties modernes ; et enfin de se demander si l'Etat-Providence, aux limites certaines, doit être perçu comme une insuffisance de la démocratie
[...] Rosanvallon dans La crise de l'Etat-Providence. Il considère que ce dernier constitue l'étape ultime du développement démocratique, et il établit une chronologie selon laquelle la démocratie s'est réalisée siècle après siècle : au XVIIème siècle, les droits du citoyen furent établis, au XVIIIème siècle, ce furent les droits civils universels, puis les droits politiques au XIXème, et enfin les droits sociaux garantis dans le cadre de l'Etat-Providence au XXème siècle. Selon lui, l'Etat-Providence comble la scission entre l'égalité politique et les inégalités socio-économiques. [...]
[...] L'Etat-Providence n'apparaît réellement qu'à la suite de la Deuxième Guerre Mondiale. Il est issu d'une longue maturation politique et a longtemps été théorisé avant d'être appliqué. Le souci de la part de l'Etat d'une politique sociale est en fait né au XIXème siècle, et il s'explique en grande partie par la Révolution Industrielle, qui a induit de nombreux changements dans les sociétés : fort essor urbain, apparition d'un prolétariat, industrialisation des économies. Cette Révolution Industrielle avait pour cœur la Grande-Bretagne, puis elle s'est répandue dans toute l'Europe occidentale, et enfin les Etats-Unis. [...]
[...] Reagan aux Etats-Unis en 1980, on assiste à un recul général dans les nations industrialisées du phénomène de l'Etat-Providence. Est-ce une preuve du fait qu'il a mal vieilli ? En réalité, la mondialisation de l'économie et de la main-d'œuvre a entraîné le démantèlement progressif de la législation sociale édifiée en Europe. La conséquence obligée est qu'il a fallu libérer les charges de l'Etat ; ce dernier a entrepris une vaste dénationalisation de ses entreprises. La protection sociale semble devoir être sacrifiée à l'impératif de la compétitivité. [...]
[...] Les caractéristiques de l'Etat-Providence ayant été définies, il est important de distinguer quelles furent ses réalités en Europe et aux Etats- Unis au cours du XXème siècle. Trois types de modèle s'imposèrent. En effet, il n'existe pas un type unique d'Etat-Providence, celui-ci s'étant adapté aux cadres nationaux des pays ; différents facteurs expliquent les différenciations entre les Etats-Providence : la mobilisation plus ou moins forte de la classe ouvrière et son influence sur le gouvernement ; l'influence politique du catholicisme ; enfin, l'histoire politique des Etats eux-même. [...]
[...] Cette typologie est intéressante, car elle reflète avec justesse les différentes réalités de l'Etat-Providence. Toutefois, elle est insuffisante, dans la mesure où elle est schématique, et donc parfois simpliste. Pour cette raison, il est intéressant d'étudier les cas particuliers de plusieurs pays, afin de comprendre à quoi correspondit exactement l'établissement d'Etats-Providence, et comment les démocraties s'y sont adaptées. Le cas britannique est intéressant, parce qu'il est particulier, et surtout parce qu'il fait figure de référence en matière d'Etat-Providence. C'est un modèle, dans la mesure où la notion de Welfare State dépasse celle d'Etat- Providence ; la référence à un Etat de caractère paternaliste et despotique s'efface devant une conception d'un Etat garant des droits sociaux. [...]
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