Notre moyen : le pouvoir politique, notre but : le bonheur social. Ce mot d'ordre du mouvement chartiste, que nous rapporte Friedrich Engels dans La situation de la classe laborieuse en Angleterre, traduit l'aspiration démocratique d'une large part de la société anglaise du milieu du XIXème siècle.
[...] Ses leaders, O'Connor, Place et Lovett, s'expriment dans des journaux comme le Northern Star, que les ouvriers achètent en grande quantité. Le chartisme : un mouvement intimement lié au social. Préfigure pour certains la lutte des classes Encore plus que le radicalisme, le chartisme est un mouvement social. Il faut tout d'abord noter que si les radicaux bourgeois sont en 1838 cosignataires de la Charte, ils vont vite se rallier à l'aristocratie, ou tout du moins arrêter de soutenir ouvertement le mouvement. [...]
[...] La société anglaise est en pleine mutation : La population croît à une vitesse exponentielle, passant de 7 millions d'habitants en 1750 à 23 millions en 1860. L'industrialisation rapide provoque la création de grandes villes industrielles, les villes noires (Manchester, Birmingham) où les conditions de vies sont miséreuses, de nombreux quartiers étant victimes de surpopulation et d'insalubrité. De plus, l'urbanisation croissante et le travail en usine ont coupé de nombreux britanniques de leurs racines, les ont affranchis de leurs anciennes convictions, jugements et valeurs. [...]
[...] Et c'est cette frange, le radicalisme bourgeois, qui prend la tête du mouvement. Devant l'ampleur des manifestations au discours révolutionnaire, le gouvernement whig décide d'adopter une réforme électorale en 1832, non pas qu'il se soit senti en danger dans l'immédiat, mais plutôt pour rallier les bourgeois à sa cause sans modifier profondément l'ordre social établit. La réforme électorale de 1832 : une réforme contre-révolutionnaire qui traduit la volonté des élites de maintenir le système en place Ainsi, ils font adopter une réforme qui intègre au corps électoral une partie de la bourgeoisie industrielle et commerçante. [...]
[...] Elle prend des mesures impopulaires comme des réformes malthusiennes abaissant les aides publiques pour les pauvres et abandonne son ancienne mentalité paternaliste. Le peuple a la sensation que l'aristocratie s'est convertie à certains principes libéraux dans la mesure où ceux-ci ne menacent pas ses propres intérêts. C'est ce que Carlyle appellera en 1839 l'abdication de la part des gouverneurs dans son Chartism. Ajoutons que dans le même temps, le pouvoir d'un allié de l'élite s'effrite : l'Eglise anglicane. Celle-ci devient de plus en plus impopulaire à cause de ses impôts trop élevés. [...]
[...] Malgré tout, l'influence de la réforme électorale de 1832 ne doit pas être négligée, puisque l'intégration de la bourgeoisie au pouvoir a eu par la suite de très grandes conséquences, notamment économiques avec l'adoption définitive du libre-échangisme. Les démocrates anglais ont aussi sans doute créé un climat de réformes qui conduit à des nouvelles réformes électorales en 1867 et 1884. Enfin nous avons vu que le mouvement démocratique anglais n'a rien à voir avec l'esprit de la révolution française de 1789, ses fondements étant sociaux et non philosophiques. La Grande Bretagne . [...]
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