En 1945, l'Asie du Sud est presque totalement colonisée par le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou la France. Dans cette région du monde, les mouvements nationaux sont parfois anciens et très structurés, animés par des leaders charismatiques et cultivés. L'occupation de certaines colonies européennes par les Japonais, les idéaux de la guerre, l'affaiblissement des métropoles, conduit à la radicalisation des mouvements contestataires asiatiques en 1945. Aussi, c'est en Asie du Sud que commence un processus de décolonisation rapide et massif. Les formes de la décolonisation sont diverses en Asie puisqu'elles dépendent de la réaction des métropoles faces aux mouvements nationalistes.
Des élites intellectuelles locales formées par les missionnaires, les instituteurs européens et les universités des métropoles, imprégnées de la culture et des valeurs occidentales (philosophie des Lumières, démocratie libérale, Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen...) reprennent à leur compte ces idéaux et les retournent contre le pouvoir colonial. La colonisation porte en elle sa propre remise en cause.
Au contact des colonisateurs, les peuples asservis acquièrent une conscience nationale sous l'impulsion des élites indigènes occidentalisées et exclues du pouvoir politique. Les Indiens Nehru et Gandhi, l'Indonésien Soekarno et le Vietnamien Hô Chi Minh animent des mouvements indépendantistes et incarnent les nationalismes asiatiques. Jawaharlal Nehru et Gandhi font de brillantes études de droit en Angleterre, deviennent avocats et collaborent au sein du Congrès national indien pour obtenir l'indépendance de l'Inde. Ahmed Soekarno est issu de la petite noblesse javanaise et sort diplômé de l'école d'ingénieurs de Bandung.
[...] La condamnation du colonialisme et du racisme. - La conférence de Bandung condamne très fermement le colonialisme et demande d'ailleurs, en prenant à témoin la communauté internationale, son "abolition". Elle dénonce la "soumission des peuples à l'assujettissement de l'étranger, à leur domination et à leur exploitation par ce dernier", référence claire à la situation subie par les peuples africains au milieu des années 50. Elle condamne également l'"oppression culturelle" subie par les peuples colonisés, les atteintes portées aux cultures nationales au profit des langues et des cultures métropolitaines et l'insuffisant développement de l'éducation et de la scolarisation dans les pays colonisés : "l'existence du colonialisme en de nombreuses régions d'Asie et d'Afrique entrave le développement des cultures nationales. [...]
[...] La conférence de Bandung espère la naissance du Tiers monde en tant qu'acteur des relations internationales, on parle d'ailleurs de Bandung comme de l'"acte de naissance du Tiers monde". Pour le Pandit Nehru, par exemple, le Tiers monde doit constituer une "troisième force" sur laquelle il faut compter dans les relations internationales. En condamnant la logique des blocs, la conférence ouvre une troisième voie, celle du neutralisme. Elle est à l'origine du mouvement des "non alignés" qui s'affirme, en 1961, lors de la conférence de Belgrade Les divisions du Tiers-monde limitent la portée de Bandung. [...]
[...] La conférence afro-asiatique s'est tenue en Indonésie dans la ville de Bandung, sur l'île de Java, du 18 au 24 avril 1955. L'Indonésie est un des pays d'Asie du Sud-est qui symbolise les luttes d'émancipation des peuples confrontés à une métropole obstinée qui n'hésite pas à se lancer dans une guerre asymétrique pour maintenir sa domination. Ahmed Soekarno, l'hôte de la conférence est le leader charismatique qui a arraché l'indépendance aux Néerlandais et l'actuel président de la République d'Indonésie. Le sommet de Bandung, dont l'initiative revient notamment au premier indien Nehru, réunit les représentants de 29 pays asiatiques et africains (23 asiatiques et 6 africains), pour la plupart décolonisés depuis peu et appartenant au Tiers-monde. [...]
[...] La colonisation porte en elle sa propre remise en cause. Au contact des colonisateurs, les peuples asservis acquièrent une conscience nationale sous l'impulsion des élites indigènes occidentalisées et exclues du pouvoir politique. Les Indiens Nehru et Gandhi, l'indonésien Soekarno et le Vietnamien Hô Chi Minh animent des mouvements indépendantistes et incarnent les nationalismes asiatiques. Jawaharlal Nehru et Gandhi font de brillantes études de droit en Angleterre, deviennent avocats et collaborent au sein du Congrès national indien pour obtenir l'indépendance de l'Inde. [...]
[...] La portée historique et l'impact politique de la conférence afro- asiatique 1. Le Tiers-monde affirme sa dignité et sa solidarité : Bandung est un "coup de tonnerre". Aimé Césaire, poète martiniquais, évoque la portée historique du "coup de tonnerre de Bandung" dans la revue Les Temps modernes, en 1956 : "Que s'est- il passé de mémorable à Bandung ? Ceci : qu'un milliard cinq cents millions d'hommes se sont réunis dans une ville d'Asie pour proclamer solennellement que l'Europe n'avait plus vocation pour diriger unilatéralement le monde, pour proclamer que la domination européenne sur les parties non européennes du globe avait conduit à une impasse de laquelle il importait de sortir. [...]
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