Le combat pour le contenu de la constitution de la future 3e République trouve notamment son illustration dans l'opposition entre Mac Mahon et Gambetta lors de la campagne électorale de 1877, le premier souhaitant affirmer son autorité sur l'Assemblée suite à sa dissolution tandis que le second affirmait que 'Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, croyez-le bien, Messieurs, il faudra se soumettre ou se démettre!'. Ainsi, si le compromis constitutionnel de 1875 aurait pu confisquer la République aux républicains (Section I), ceux-ci ont su la reconquérir grâce au suffrage universel et à la crise de mai 1876 (Section II)
[...] Toutefois, cette Constitution de 1875 laisse une porte ouverte aux républicains. En effet, ceux-ci peuvent toujours espérer retrouver une majorité forte au sein de la deuxième chambre et s'y appuyer afin de dévier le parcours de cette République ambiguë vers plus de démocratie, de parlementarisme et de progrès social. Ce projet est d'ailleurs plausible en théorie car le mode de révision de cette Constitution de 1875 reste relativement aisé et la responsabilité des ministres devant les députés peut s'avérer être un moyen de pression de la seconde chambre sur le Président et sur le Sénat. [...]
[...] Plus précisément, cette crise a mis en lumière deux conceptions différentes des lois constitutionnelles de 1875. D'un côté, Mac Mahon opinait pour un système fondamentalement dualiste au sein duquel le rôle présidentiel pouvait et devait équilibrer le pouvoir parlementaire. Il était alors habilité à défendre une politique personnalisée, illustrée par la responsabilité du ministère devant le Président. Au contraire, Gambetta affirmait sa préférence pour un système moniste où le pouvoir devait résider essentiellement dans la Chambre des députés, seule émanation directe de la volonté nationale, “voix souveraine” du pays. [...]
[...] En effet, en rendant la Chambre si puissante, Grévy affaiblit à terme le régime car très vite, notamment dès la 3e République, le contrôle du gouvernement devint plus important pour la Chambre que son activité législative, entraînant des gouvernements de faible durée, soumis aux compromis et alliances aléatoires des partis constituant la Chambre des députés. Conclusion On peut donc penser que Mai 1877 et la victoire de Gambetta sur Mac Mahon ont donné lieu à un parlementarisme extrême en France, aussi éloigné de l'équilibre républicain des pouvoirs que ne l'était le régime en 1875. [...]
[...] L'assemblée nationale de 1871 : des républicains et des monarchistes divisés En février 1871, alors qu'il s'agit d'élire l'assemblée qui déciderait de poursuivre ou non la guerre contre l'Allemagne, les républicains, seuls à refuser catégoriquement la paix n'obtiennent que 300 sièges contre 150 pour les légitimistes et 250 pour les orléanistes. Cette assemblée à dominante monarchiste signe donc la paix et entreprend par la suite, même si là n'était pas son rôle originel, de rédiger une nouvelle constitution pour la France. Par consensus, la responsabilité du premier “gouvernement” est confiée à Thiers qui ne s'affirme pas vraiment républicain à cette époque. [...]
[...] Les ministères Buffet puis Dufaure échouent à réaliser un véritable consensus entre 1875 et 1876. Au début de 1877, alors que le ministère Jules Simon semble pouvoir fonctionner car son chef de file se présente comme “profondément républicain et profondément conservateur”, Mac Mahon en décide autrement et ouvre une crise décisive dont les conséquences se ressentiront par la suite tout au long de l'histoire constitutionnelle française. La crise du 16 Mai 1877 et la remise en cause du rôle présidentiel Insatisfait de l'action “trop à gauche” -et notamment trop anticléricale- de Jules Simon, Mac Mahon encouragé par les conservateurs du Sénat met un terme à son ministère le 16 Mai 1877 et nomme à sa place de Broglie afin de revenir à une ligne politique plus droite. [...]
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