Avant 1900, de nombreux jeux traditionnels locaux avaient donné naissance à des sports organisés, avec des règlements uniformisés, des équipements particuliers, des trophées, des coupes, des couleurs distinctives pour les équipes en compétition. La modernisation de ces sports se fit pour une grande part dans les écoles privées britanniques.
[...] Sous leur impulsion, les sports scolaires organisés devinrent rapidement des instruments indispensables de la socialisation et de l'éducation morale des jeunes hommes de l'élite, destinés à devenir les dirigeants de l'Empire. Des règlements plus stricts réfrénèrent l'agressivité, la remplaçant peu à peu par le fair-play. Le culte des sports d'équipe, qui devaient former des ''chrétiens musclés'' disciplinés, surs d'eux-mêmes, socialement responsables, trouvait son origine dans l'antique formule Mens sana in corpore sano âme saine dans un corps sain''). Les sports étaient également appréciés comme des vecteurs de sublimation sexuelle, l'ascétisme et la fatigue qui leur étaient liés étant supposés éliminer les expressions les plus ''indécentes'' de la sexualité juvénile. [...]
[...] D'autres sports spectacles devinrent à la même époque aussi populaires et rentables que le football. En 1913, pour la finale des championnats de tennis masculin de Wimbledon, il y eut une queue de plus d'un kilomètre, et les billets se vendirent plus de dix fois leur valeur. Cet engouement pour les sports spectaculaires créa dans le public un désir d'y participer, qui favorisa la vente d'équipements et de tenues, la croissance des clubs populaires et la réussite de journaux uniquement consacrés au sport (on en dénombrait pas moins de 25 à Londres en 1900), tandis que les quotidiens développaient leurs pages sportives Sport et société En 1914, le sport était devenu une véritable industrie, et les critères du sport professionnel actuel étaient tous en place. [...]
[...] L'étudiant doué en sports était traité comme un héros dans son collège et cité en exemple par la presse. Pendant la première décennie du siècle, l'engouement pour l'athlétisme amateur atteignit son apogée, mais ses idéaux proclamés de rigueur morale et de formation du caractère ne parvinrent pas à réduire la prédominance, sur les terrains de jeux, de l'affirmation brutale de la force physique. Les sports pratiqués dans les collèges anglais ne furent jamais tout à fait des activités ''civilisées'', porteuses d'authentiques valeurs morales. [...]
[...] Malgré cela, les deux premières décennies du XXe siècle virent se développer toute une gamme de sports féminins. Le croquet, le tennis, le golf, le badminton, le patinage étaient prisés au sein des classes moyennes. Le cyclisme, symbolisant une nouvelle indépendance des femmes, libérait le corps féminin des contraintes du corset. D'autres sports, comme le hockey, le netball, la crosse, la thèque, le cricket, la natation, furent également ouverts aux femmes, au prix d'une ''féminisation'' de leurs règlements et de leur pratique. [...]
[...] Des organisations socioprofessionnelles, comme le mouvement scout ou la Young Men's Christian Association (YMCA) aux États-Unis, proposèrent des pratiques sportives qui enseignaient la maîtrise du corps, afin de développer les ''habitudes d'obéissance, de propreté et d'ordre'' nécessaire aussi bien dans les ateliers de travail que sur les champs de bataille. Les milieux politiques commençaient également à s'intéresser au sport. La guerre des Boers avait montré qu'un grand nombre de soldats britanniques n'avaient aucune endurance physique. La réussite sur les stades devint une préparation à la réussite dans les conflits militaires de l'Empire. [...]
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