Mythe de la fleur au fusil, processus de mobilisation, Première guerre mondiale, France, Raymond Poincaré, François Ferdinand, crise balkanique, propagande, patriotisme, Union Sacrée
L'entrée en guerre de la France dans la Première Guerre mondiale s'inscrit dans le contexte de montée en tension à la suite de la crise balkanique déclenchée par l'assassinat, le 28 juin 1914, à Sarajevo, de l'archiduc héritier d'Autriche-Hongrie François Ferdinand.
Le jeu des alliances fait que la France décrète le 1er août 1914 la mobilisation générale et la proclame le lendemain, le 2 août 1914.
Déclenchée en réaction à la mobilisation générale allemande et à sa déclaration de guerre à la Russie le 1er août, la mobilisation française s'est organisée du 2 au 18 août 1914 dans tous les territoires français, métropoles et colonies.
C'est la première fois que la mobilisation générale des armées de terre et de mer est décrétée par la République française. En un mois, plus de trois millions de Français sont mobilisés sous le drapeau et transportés vers le front.
[...] L'acheminement des unités vers le front est rapide et les familles ont dû parfois en une seule nuit se préparer au départ des hommes. C'est la stupeur qui s'empare de tous puis la tristesse et la résignation face aux drames de l'Histoire comme le souligne l'historien Jean-Jacques Becker : « le sentiment probablement le plus répandu dans toutes les couches de la population fut celui de la surprise ( . ) la consternation, la tristesse, l'angoisse furent fort répandues ». Maurice Genevoix, ancien combattant se remémore les premiers jours de la guerre : « Des cris ? Des chants ? [...]
[...] Pour Jean-Yves Le Naour lorsque la population voit pour la première fois les affiches de mobilisation, l'heure n'est pas à la fête : « Même dans les grandes villes comme Paris, cela a été le silence, comme si la foule avait été foudroyée. C'est la consternation. Les femmes pleurent. Les jeunes sont graves ». La masse des soldats estimait en fait qu'ils avaient à faire leurs devoirs mais il n'y avait pas de joie unanime. À l'appel de la guerre, la patrie répond présente L'arme de la propagande pour mobiliser les troupes et les civils Avec la mobilisation générale, la propagande remplace la réclame et la publicité et devient le mode d'expression favori des gouvernements pour toucher les cœurs et convaincre les esprits de la nation entière avec des affiches qui s'adressent autant aux combattants qui vont au front qu'aux civils à l'arrière. [...]
[...] Beaucoup de civils sont emportés dans une vague antiallemande et patriotique. C'est cet engagement des civils dans la mobilisation et le départ des soldats qui créa des scènes de liesse alimentant le mythe d'un départ la fleur au fusil. C'est une période où la République et ses valeurs s'affirment comme idéal pour la patrie française. La guerre est vue comme juste car elle est contre la brutalité de l'empire, contre l'impérialisme et l'autoritarisme. À l'inverse, c'est une guerre pour la défense et la victoire des valeurs républicaines et démocratiques qui animent les Français. [...]
[...] À cette heure, il n'y a plus de partis, il y a la France éternelle, la France pacifique et résolue ». En 1914, il y a un regain du sentiment national dirigé notamment contre l'Allemagne qui est considérée comme trop ambitieuse et agressive, incarnant un danger pour la France, la guerre franco-allemande n'étant pas si loin que ça et le « revanchisme » présent chez certains Français. Ce sentiment patriotique est tout de même davantage celui de jeunes bourgeois instruits notamment parisiens mais dans les provinces, chez les paysans, les ouvriers et employés, il n'y a pas un tel engagement dans l'élan patriotique voire parfois même nationaliste. [...]
[...] Le président de la chambre des députés Paul Deschanel déclare : « Y a-t-il encore des adversaires ? Non, il n'y a plus que des Français. » le 4 aout 1914 pendant que, le même jour, le président Poincaré déclare au Parlement : « la France sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera devant l'ennemi l'Union Sacrée ». Les organisations politiques et syndicales de gauche comme la SFIO et la CGT, d'abord antimilitaristes et pacifistes, vont rejoindre l'Union Sacrée en actant que la France se trouve en position d'agressée notamment après l'assassinat de Jaurès, le 31 juillet, qui en est un symbole. [...]
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