Dans quelle mesure l'archéologie japonaise, mise en relation avec la culture populaire de masse nippone, permet-elle d'éclairer cette dernière sous un jour nouveau ?

Thèmes abordés

Archéologie japonaise, culture populaire, mondialisation, identité nationale, nationalisme, manga, construction identitaire

Résumé du document

Phénomène de la contemporanéité culturelle associée à la mondialisation des biens culturels, la culture populaire japonaise fait l'objet d'un intense commerce international et d'un rayonnement grandissant jusque dans les couches populaires occidentales.
Nonobstant ce rayonnement culturel particulièrement sous-tendu par l'animation (anime) et la bande dessinée nippone (manga), une approche plus soutenue de ce processus de diffusion conduit à une relativisation de son influence structurelle dans les pays récepteurs de cette culture massifiée - et souvent loin de s'approprier les référents purement nippons de ces biens culturels.

Extraits

[...] Cette reconstruction s'effectue via des moyens techniques précis : décentrage et extranéité de l'archéologie (comme dans Thermae Romae), mélange avec des éléments de culture populaire comme le vampirisme (par exemple, King of Eden de 2018) ou recentrage sur un passé lui-même mythique : c'est le cas de Dossier A. Le continent perdu (2002) où la thématique de l'Atlantide est explorée. Or les Japonais ne comblent-ils pas eux-mêmes leur « aspiration romantique à un monde perdu, Paradis, Atlantide », par cette même geste historique de recréation identitaire ? [...]

[...] Gilaizeau, « d'un point de vue archéologique, des preuves d'une résistance culturelle Jomon face à l'avancée du Yayoi » sont attestées. Les Jomon et Yayoi sont des cultures qui sont, en soi, protohistoriques : apparues avant l'invention de l'écriture, « les trois périodes archéologiques classiquement admises (celles des poteries Jomon - du 11[e] millénaire au siècle avant l'ère chrétienne - et Yayoi - du siècle avant au siècle après le début de cette ère) ; enfin, celle des kofun ( . [...]

[...] B - L'archéologie japonaise : entre construction identitaire et nationalisme ? L'archéologie n'est pas seulement vectrice d'une politique « interne » aux disciplines anthropologiques de façon générale ; elle est à même de devenir le support sur lequel s'épand « un nouveau nationalisme prônant l'existence d'un groupe culturel harmonieux et homogène unifié autours de l'empereur ». En ce sens, le Premier ministre Shinzo Abe qui « s'est illustré par ses discours nationalistes et militaristes » a par exemple contribué à promouvoir, paradoxalement, un Cool Japan à la fois nationaliste et ouvert à la mondialisation. [...]

[...] Quoique possédant des liens ténus avec l'archéologie, la culture populaire de masse japonaise utilise l'archéologie davantage comme un support à sa propre extension que comme un contenu référentiel central de son expansion commerciale. Mise en balance avec l'histoire et la mythologie, l'archéologie est d'abord un espace de réflexion agissant comme un vecteur de la représentation contemporaine du Japon. Aussi est-il difficile d'aller de l'avant avec cette mise en perspective de l'archéologie dans la culture populaire massifiée nippone, quoique les pistes de réflexion suggérées permettent de tisser un premier lien entre culture populaire japonaise et archéologie locale. [...]

[...] Dans quelle mesure l'archéologie japonaise, mise en relation avec la culture populaire de masse nippone, permet-elle d'éclairer cette dernière sous un jour nouveau ? Phénomène de la contemporanéité culturelle associée à la mondialisation des biens culturels, la culture populaire japonaise fait l'objet d'un intense commerce international et d'un rayonnement grandissant jusque dans les couches populaires occidentales. En effet, « de nombreux articles font régulièrement état de l'exceptionnelle popularité des mangas en Occident et des événements comme Japan Expo, [lesquels] sont largement médiatisés et donnent l'impression d'une vague culturelle organisée par une politique culturelle dynamique de la part du Japon qui promeut justement depuis quelques temps un Japon `cool' ». [...]