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Le concept de panique morale est une notion qui se trouve fondée historiquement sur l'hypothèse d'une socialisation de l'angoisse. Aussi "l'usage de ce concept rend-il opérationnel l'objectif d'investigation sur les terrains de la mystification et de l'exagération" via une méthodologie empirique. La panique morale comprise comme socialisation de l'angoisse constitue une nouvelle étape dans l'étude des mentalités collectives. Or, dans ce courant historiographique de l'histoire, des mentalités eurent une influence considérable sur le développement de l'École historique française du XXe siècle, "la psychologie [intervenant] alors de l'extérieur, comme élément d'explication, d'interprétation subjective". De fait, la notion de panique morale est un concept sociologique clairement affirmé dans le champ de la psychologie sociale.
[...] Cette dernière concerne le volet politique : il s'agit d'affirmer la domination de groupes politiques influents, ce qui est le cas dans le début du siècle en Amérique. De fait, « le conservatisme, puisqu'il incarne un retour à une existence sociale bien ordonnée et réglée face à un changement social rapide, a un impact cognitif certain sur les personnes anxieuses et craintives ». La panique morale agit ainsi comme un instrument politique au service des « institutions, structures et valeurs qui ont dominé la société américaine en élaborant un récit national historique cohérent qui s'inscrit dans une logique exceptionnaliste ». [...]
[...] Dès lors, dans quelle mesure, entre les années 1910 et 1930, la notion de « panique morale » s'illustre-t-elle concrètement dans l'industrie hollywoodienne ? Dans un premier temps, il est nécessaire de mettre en perspective les ressorts de la notion de panique morale elle-même, telle qu'identifiée par les sociologues et les historiens investis dans le champ de ce concept. Son opérationnalité est indexée sur sa possibilité d'expliquer pourquoi telle ou telle réaction s'observe dans des sociétés modernes et contemporaines, à l'instar de l'Amérique des années 1910 à 1930 face à la diffusion des potentiels d'une technologie comme le cinématographe De fait, ce préalable permet, dans un second temps, de mettre en relation l'application du concept de panique morale aux situations historiques des années 1910 à 1930 dans l'industrie hollywoodienne en fonction des productions cinématographiques et de leur réception. [...]
[...] L'éducation à ces valeurs morales est donc un moyen de cohésion de l'ensemble du corps social et pour sa pérennité. La panique morale agit donc, par la dimension sociale, comme un ciment pour la société politique concernée. En l'espèce, cette société politique est celle de l'Amérique des années 1910 à 1930. Comme « les États-Unis ne sont pas une nation au sens que Renan donnait à ce mot, à savoir : une communauté de mémoire », leur appartenance est fondée sur la reconnaissance d'une base commune à toutes les communautés en présence : une « base d'affirmations doctrinales ». [...]
[...] Ces stars américaines façonnent déjà les imaginaires occidentaux par leur transposition, y compris dans les salles du Vieux Continent, certes, peu nombreuses, mais déjà prisées. Les stars sont définies comme « celles dont l'éclat traverse l'écran dans les années 1920, acquièrent une présence excédant leurs personnages, survolant leurs films, imposant un modèle, forçant l'adhésion jusqu'au mythe : celui d'êtres exceptionnels venus parmi les hommes, celui d'êtres faits pour aimer et être aimés ». Or, cette starification est un phénomène nouveau auquel n'adhèrent pas nécessairement tous les groupes sociaux contemporains. [...]
[...] Or, cette époque, entre les années 1910 et 1930, correspond à une maturation du cinématographe qui « passe du contrôle de ses inventeurs à celui des businessmen », car « de 1909 à 1929, ce sera l'époque des conflits entre trusts ». D'autant qu'à la fin des années 1920, « le passage au parlant nécessite des investissements massifs, tant pour les tournages que pour l'équipement des salles ». La starification morale des acteurs, comme Douglas Fairbanks dans son interprétation de Zorro dans Le Signe du Zorro réalisé par Fred Nibio en 1920, devient alors cruciale pour attirer les investissements et pour faire accepter l'industrie cinématographique comme un pilier légitime de l'économie américaine. [...]
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