Ce document est une dissertation complète et entièrement rédigée qui porte sur la pièce de théâtre "Les Damnés" d'Ivo van Hove.
Nous allons montrer que c'est à la fois par le déroulement de cette histoire que par l'impression qu'elle laisse au spectateur que la pièce "Les Damnés" réussit à la fois à raconter une histoire forte et à plonger le spectateur dans une profonde réflexion sur son message.
[...] Les Damnés, avec une grande force, nous obligent à reconnaitre muets la faillibilité de nos sociétés, par la démonstration de la faiblesse même de nos cercles familiaux si le contexte le rend possible ; il nous met face à nos vulnérabilités, à la très possible perte de nos valeurs si des évènements suffisamment forts pour cela adviennent. Entre mémoire de l'anéantissement moral de ce qu'a été la société allemande des années 1930, et mise en garde plus générale sur le plus mauvais coté potentiel de notre propre humanité, Les Damnés réussissent à développer en nous une réflexion à la fois historique et intemporelle. [...]
[...] La question se pose particulièrement de nos jours alors que montent les nationalismes et les populismes, et nous viendra forcément à l'esprit pendant ou après avoir assisté aux Damnés : nos sociétés, et même nos cercles familiaux, sont-ils assez forts pour nous protéger de l'engrenage de la quête du pouvoir et de la fortune que des régimes tels que celui des nazis peuvent faire miroiter ? Ou les nazis ne sont-ils ici qu'un prétexte pour illustrer un mal et un risque bien plus intemporel ? [...]
[...] Comme nous allons le montrer, c'est donc à la fois par le déroulement de cette histoire que par l'impression qu'elle laisse au spectateur que la pièce Les Damnés réussit à la fois à raconter une histoire forte et à plonger le spectateur dans une profonde réflexion sur son message. Les Damnés tournent autour de l'histoire d'une famille d'industriels allemands à la tête d'aciéries, les Von Essenbeck (on reconnait Krupp dans les indices donnés). La pièce s'ouvre sur une scène particulièrement banale, celle du repas de famille, dans le contexte toutefois des semaines qui suivent l'arrivée de Hitler au pouvoir, et marquent les divisions de la famille - à l'image sans doute de la société allemande - quant à la posture à adopter, de l'adhésion à la méfiance. [...]
[...] L'assassinat du baron, dans la nuit qui va suivre, va précipiter la rivalité entre ses héritiers dont les avis avaient différé. Ceux-ci s'opposeront ainsi avec une violence croissante, en parallèle de la mainmise progressive des nazis sur la société, jusqu'à ce que le pouvoir les amène à l'anéantissement mutuel. Si le contexte historique est en lui-même réaliste (mention de l'incendie du Reichstag, collaboration des industriels avec le régime nazi), c'est surtout l'illustration du délitement de la société face à ces évènements inédits qui doit nous interpeller. [...]
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