La culture de masse se définit comme un ensemble de pratiques culturelles diffusées auprès d'un large public, ensemble qui est donc nécessairement le fait d'industries culturelles produisant en grande série des biens culturels – le fait d'entreprises de communication et de loisirs. Rien d'étonnant à ce que la culture de masse n'ait pas bonne presse chez les intellectuels ; d'une part, à cause d'une conception si élitiste de la culture, que si la culture devient ‘de masse', ce ne peut être dans une telle optique qu'au prix d'une détérioration, en vertu d'une critique aussi ancienne que l'apparition de l'industrie du livre à la fin du XIX° siècle ; d'autre part, à cause d'analyses marxistes ou d'inspiration marxiste qui font de la culture de masse une entreprise d'aliénation, allant à l'encontre de l'épanouissement individuel, au service des intérêts politiques et commerciaux du capitalisme (tel est par exemple le point de vue d'Adorno dans les années 1960). L'histoire de la culture de masse doit en somme être désidéologisée et désaméricanisée, c'est-à-dire qu'il faut d'une part dépasser une critique dénonçant en la culture de masse un produit du grand capitalisme, et d'autre part prendre conscience du fait qu'il y a une histoire spécifiquement française de la culture de masse.
En somme, la culture de masse résulte bien de mutations sociales (l'alphabétisation, l'urbanisation) ; mais elle contribue également activement à la transformation des sociétés (par exemple, la distinction essentielle qu'elle opère entre temps de travail et temps de loisir crée une nouvelle conception du temps et de la demande sociale). La culture de masse est d'autre part le terrain privilégié du capitalisme ; elle a préparé l'avènement de la société de consommation.
[...] La première séance fut celle, fameuse, des frères Lumière, le 28 septembre 1895 au boulevard des Capucines. Le cinéma est en réalité simultanément et séparément inventé par les frères Lumière et Edison, si bien qu'il apparaît au même moment en France et aux Etats-Unis ; il est dans les deux cas le fait d'entrepreneurs bien établis : Edison a en effet inventé en 1891 le kinétoscope, qui fut exploité à partir de 1894 et expérimenté en Europe sous la forme de séances payantes, sur le modèle des ‘nickel odeons' de son phonographe ; quant à eux, les frères Lumière étaient photographes à Lyon, où ils produisaient des plaques sensibles dans une maison de 300 personnes, leur découverte étant ainsi enracinée dans une pratique industrielle locale. [...]
[...] D'autre part, des innovations techniques rendent possible la grande série. L'utilisation de la rotative (introduite en France par Marinoni en 1867 pour Le Petit Journal) entraîne une baisse du coût de fabrication grâce aux économies d'échelle qu'elle permet d'effectuer ; on peut grâce à elle tirer jusqu'à 20000 exemplaires recto/verso à l'heure ; la rotative introduit par ailleurs une plus grande flexibilité dans la production, puisque le tirage peut être ajusté en fonction des retombées escomptées (les ‘scoops', par exemple, modifient grandement les tirages). [...]
[...] En somme, la culture de masse résulte bien de mutations sociales (l'alphabétisation, l'urbanisation) ; mais elle contribue également activement à la transformation des sociétés (par exemple, la distinction essentielle qu'elle opère entre temps de travail et temps de loisir crée une nouvelle conception du temps et de la demande sociale). La culture de masse est d'autre part le terrain privilégié du capitalisme ; elle a préparé l'avènement de la société de consommation. I. La Révolution de l'imprimé La presse et l'édition sont à l'origine de la révolution que constitue l'apparition d'industries culturelles. [...]
[...] La culture de masse, tout le XIX° siècle durant, a toujours été associée à l'image ; de fait, la ville haussmanienne a déployé des espaces éventrés, ouverts à la circulation de l'air, des hommes, des marchandises : la ville devient un spectacle visuel avec ses affiches, ses colonnes, bientôt ses enseignes lumineuses. La publicité elle-même devient un art, et l'affichisme connaît un réel succès ; le trajet en métro est pour sa part devenu un véritable panorama du quotidien. La photographie devient une industrie florissante dans la seconde moitié du XIX° siècle ; les travaux de Daguerre et de Niepce dans les années 1850 y contribuent (la photographie est alors présentée en un format de carte de visite 6 x ; il y a à la fin du Second Empire 200 studios de photo à Paris. [...]
[...] Parallèlement à cet essor de la presse enfantine, la diversification dans l'entre-deux-guerres s'exerce également grâce à la création de grands hebdomadaires politiques (Gringoire et Candide, par exemple, tirent alors à plus de exemplaires) et l'approfondissement du ciblage du public féminin (Marie-Claire, fondé en 1937 par Auclair dans le cadre du groupe Prouvost, tire à 1 million d'exemplaires en 1940). Parallèlement à la baisse globale des tirages et à l'accroissement du fonctionnement en consortium (Le Matin, Le Journal, Le Petit Journal, Le Petit Parisien, L'Intransigeant), la presse parisienne subit de plein fouet la concurrence des nouveaux médias, particulièrement de la radio. Néanmoins, le succès de Paris Soir montre tout le potentiel que le secteur conserve : à la fin des années 30, le journal tire à plus de 2 millions d'exemplaires ! [...]
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