En 1830, le processus de la croissance devient visible et dominant en Europe. C'est le moment historique ou plusieurs dynamiques entrent en synergie (synthèse des énergies) et entraînent un processus que l'on appelle la croissance moderne. La croissance, c'est à la fois la réalité matérielle et la mesure du changement qui n'est compréhensible que dans le cadre du paradigme libéral, qui reconnaît à l'accumulation de biens matériels une valeur exprimée dans une unité monétaire susceptible de mesure et de comparaison. Ce n'est pas un fait universel. On mesure ici le progrès en mesure monétaire (notre époque a subverti le concept de croissance - mesure immatérielle). Ici, c'est la croissance des propriétés. La croissance embrasse une réalité plus vaste que l'industrialisation. C'est une totalité économique qui entre dans la croissance (...)
[...] La croissance économique des pays européens ne connaît pas le saut brutal entre avant et après la Révolution. Le schéma qui domine est plutôt complexe. Il met en lumière les divergences entre les régions, entre les secteurs et souligne le caractère accidenté de la croissance (expansion, crise, etc.). Pas de caractère continu du décollage économique. Très peu de continuité des acteurs : les entreprises ont ici une durée de vie très courte (faillite) et les fortunes se font et se défont (tentatives). [...]
[...] Il n'y a pas de distribution de pouvoir d'achat (répartition inégalitaire de la plus-value). Et, pendant le XIXe siècle, le Royaume-Uni est quasiment le seul à connaître la croissance : il n'y a pas d'expansion des marchés qui correspond à l'offre britannique. L'objectif est d'empêcher la concurrence et de trouver des marchés. Au niveau des échanges, les Anglais ne sont plus autosuffisants en termes d'alimentation : ils importent donc massivement. Au début du XIXe siècle, l'Angleterre dispose d'un avantage comparatif très fort vis-à-vis de l'Europe. [...]
[...] Les expériences de grandes manufactures du XVIIIe ont beaucoup souffert des révolutions et des guerres et la production industrielle est dispersée en très petites unités avec des circuits d'échanges très mal interconnectés et un modèle protectionniste généralisé qui n'est pas trop gênant en France et dans les grands pays avec un marché intérieur suffisant. Les petits, en revanche, évitent d'avoir trop de frais de douanes. Cependant, la prise de conscience de la domination britannique génère des efforts d'adaptation de certains états et de bassins de productions menacés par la concurrence britannique (ex. textile). Les protecteurs continentaux cherchent à réaliser des transferts de technologie pour acclimater le modèle britannique sur le continent. [...]
[...] Début XIXe : les salaires ouvriers sont plus bas sur le continent qu'en Angleterre avec l'importance du travail rural. Cependant, les transferts de technologie sont rendus difficiles par les lois britanniques. Ces innovations technologiques ne sont pas formalisées dans un discours scientifique transposable. La qualité des matériaux (métal) joue un rôle central dans la maîtrise technologique. On ne cherche pas à débaucher les ingénieurs britanniques, d'où la lenteur des transferts. [...]
[...] De plus, les systèmes symboliques donnent sens à cette croissance et à son partage social. B - Le laboratoire britannique La Grande-Bretagne constitue le pays pionnier de l'industrialisation. Ainsi, à la fin du XVIIIe, elle est regardée comme un modèle, mais aussi comme une concurrente redoutable. Son industrialisation démarre vers 1720 et s'accélère en 1760. Elle a une puissance de production et de commerce énorme. Ce décollage précoce est dû à : la coordination de la production et de l'ouverture marchande. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture