Ce bilan s'appuyant sur les données de Jean-Charles Asselain, il est préférable d'avoir lu le tome 1 de L'Histroire économique de la France.
Le développement économique de la France est difficile à cerner car spécifique : il n'obéit en effet à aucune règle stricte. S'il la France est, à l'aube du XVIIIe siècle, une des nations les plus avancées du monde avec l'Angleterre, elle accuse un sérieux retard sur le plan purement et simplement économique et se fait largement devancer par l'Angleterre. Ainsi le développement français emprunte son évolution au « modèle » britannique comme au modèle des pays à industrialisation tardive. La première spécificité française en matière d'industrialisation est l'absence totale de take-off au sens de Rostow, c'est-à-dire de décollage économique net. En effet la France a davantage subi une évolution lisse et continue sans véritables à-coups. On parle ainsi de « croissance sans take-off »
De plus, on suppose traditionnellement que la croissance française a été, sur le long terme, molle et sans dynamisme particulier. Cette vision pessimiste est le résultat de l'absence de phase de croissance exponentielle en France et de ralentissements brutaux du taux de croissance sur certaines périodes. Mais cette déduction est hâtive et inexacte : s'il est vrai que le dynamisme anglais au XIXe siècle est exceptionnel dans certains secteurs tels que l'industrie ou le textile, tel n'est pas le cas de la majorité des secteurs. De plus si l'on se cantonne à la production par habitant, la France entretient un rythme de croissance de la production par habitant au XIXe siècle très soutenu. Ayant été le premier pays à avoir achevé sa transition démographique, il est tout à fait compréhensible qu'elle accuse sur cette période un plus faible dynamisme économique dû à sa démographie. Ainsi la croissance française se caractérise non pas par une atonie structurelle mais par une alternance de phases très diverses. Certains auteurs ont ainsi provoqué l'opinion courante en montrant que l'Angleterre n'était peut-être pas « la première nation industrielle » : ainsi R.Roehl dans French industrialization : a reconsideration, place la France de manière assez provocante au rang de premier centre industriel à la fin du XIXe siècle. De manière plus nuancée, O'Brien et Keyder montrent que la France et l'Angleterre n'ont finalement suivi que deux chemins parallèles, affirmant ainsi que la France « n'était pas en retard mais sur un autre chemin ». Les rythmes de croissance ont de même été très différents et ne signifie rien en tant que tel : ils sont évidemment à replacer dans leur contexte; car par exemple, avant le début du XIXe siècle, peu d'économies étaient capables de soutenir une croissance supérieure à 1% par an, ce qui constituait alors une croissance forte. Ainsi les chiffres doivent être étudiés avec soin.
L'étude suivante visera donc à analyser les points forts et les tournants majeurs de l'histoire économique française depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à l'aube de la Première Guerre mondiale. Nous suivrons le plan indiqué précédemment en mettant le plus possible l'accent sur les relations entre la croissance britannique et française que nous contrasterons également avec l'expansion allemande. Nous nous attarderons donc sur les grandes dates économiques et historiques de la France qui permettent d'en dégager l'évolution et la construction économiques. C'est, bien sûr, avec un maximum d'objectivité et de nuance que nous traiterons le sujet en rejetant le pessimisme de la plupart des historiens à l'égard de l'histoire économique française tout en évitant la critique inverse que nous venons de décrire.
[...] Freinage et réorientation de la croissance industrielle : La production agricole apparaît irrégulière. On remarque aussi une phase d'industrialisation rapide entre 1875 et 1882. La dépression agricole exerce une double influence : elle freine le déplacement de la population agricole vers l'industrie et réduit la demande de produits industriels. La forte immigration et l'accroissement du taux d'activité en France, notamment par la hausse du salariat et de la protection par l'emploi, exercent un effet compensateur. L'amélioration des salaires par les entreprises en période de crise entraîne un effet stimulant pour l'économie et pour le progrès technique. [...]
[...] Ainsi, la croissance française se caractérise non pas par une atonie structurelle, mais par une alternance de phases très diverses. Certains auteurs ont ainsi provoqué l'opinion courante en montrant que l'Angleterre n'était peut-être pas la première nation industrielle : ainsi R.Roehl dans French industrialization : a reconsideration, place la France de manière assez provocante au rang de premier centre industriel à la fin du XIXe siècle. De manière plus nuancée, O'Brien et Keyder montrent que la France et l'Angleterre n'ont finalement suivi que deux chemins parallèles, affirmant ainsi que la France n'était pas en retard, mais sur un autre chemin Les rythmes de croissance ont de même été très différents et ne signifie rien en tant que tel : ils sont évidemment à replacer dans leur contexte; car par exemple, avant le début du XIXe siècle, peu d'économies étaient capables de soutenir une croissance supérieure à par an, ce qui constituait alors une croissance forte. [...]
[...] L'automobile exerce un effet d'entraînement sur l'ensemble de l'industrie française aussi bien au niveau de la demande que des méthodes de production. D'autres industries naissent également en prenant rapidement une taille considérable : l'aéronautique, l'électricité (Thomas-Houston et la Compagnie générale d'électricité (CGE) Le moteur électrique se généralise et est appliqué dans les industries d'électro-chimie et d'électro-métallurgie. La production d'aluminium connaît une croissance particulièrement élevée. L'avance dans l'industrialisation est générale et bénéficie à l'ensemble des secteurs industrialisés. Dès lors, l'innovation n'est plus exogène, mais elle est recherchée pour elle-même et de manière permanente comme le souligne F.Caron. [...]
[...] Cependant, M.Morineau réfute la thèse d'une croissance agricole en France au XVIIIe siècle. Pour lui la France n'a accompli aucun progrès en 1840; la preuve en est qu'elle n'a même pas atteint le niveau de production de l'Angleterre un siècle plus tôt, en 1750 ! Il montre également que raisonner sur des moyennes nationales et incohérentes dans un pays où les disparités régionales étaient très fortes. Il évoque ainsi des périodes de crise et de déclin profond de l'agriculture française. [...]
[...] Les corporations s'opposent ainsi aux manufactures et ont abouti à plusieurs confrontations. Les corporations ont ainsi ralenti le développement économique et retardé la transition vers une économie industrielle. L'activité industrielle rurale La petite industrie rurale se développe tout au long du XVIIIe siècle de telle sorte que se développe durant cette période un capitalisme marchand mené par l'entrepreneur. La production textile rurale explose. L'industrie rurale est également capable de fournir des produits de luxe tels que l'étamine du Mans majoritairement vouée à l'exportation. [...]
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