Les crises politiques en France, du boulangisme à l’affaire Dreyfus

Résumé du document

Peu de temps après sa naissance en 1870, la IIIe République connaît des débuts difficiles et se trouve déjà en butte à de sérieuses menaces. Des turbulences militaires, sociales et politiques mettent en péril le jeune régime républicain. Après avoir mis un terme à la guerre contre la Prusse en 1870 et après avoir réprimé la Commune de Paris dans le sang en 1871, il est confronté, en 1882, à un grave contexte de crise économique. Il en découle un mécontentement populaire face à l'évolution du système politique en France qui prend différentes formes : manifestations, émeutes et grèves se multiplient. Ce climat social tourmenté engendre fatalement des troubles politiques.

De l'épisode boulangiste jusqu'à l'affaire Dreyfus, soit en un quart de siècle, plusieurs grandes crises ont marqué la IIIe République. Elles sont d'autant plus importantes que leurs répercussions vont bien au-delà de la Grande Guerre.
Il convient donc de se demander comment la Troisième République a su surmonter les diverses crises politiques qui l'ont secouée.

Extraits

[...] L'évolution sociale du catholicisme et le rôle de Léon XIII. Traditionnellement, nombre de catholiques français restaient attachés à la monarchie et manifestaient par conséquent des réserves sinon de l'hostilité face au régime républicain. Mais, en cette fin du XIXe siècle, une évolution s'amorce qui va opérer un ralliement de l'Eglise à la République. Elle repose d'abord sur la prise en compte de la question sociale d'où découlent certaines initiatives catholiques, comme celle de Frédéric Le Play, fondateur de la Réforme sociale. [...]

[...] Mais un nouveau coup est porté au pouvoir républicain quelque temps plus tard avec l'affaire Dreyfus. En septembre 1894, les services français d'espionnage interceptent un bordereau portant des informations militaires stratégiques adressées à un officier allemand. Un jeune officier de l'état- major, d'origine juive, le capitaine Alfred Dreyfus est accusé de haute trahison. Se déchaîne alors contre lui une campagne de presse d'inspiration nationaliste et antisémite, notamment dans les colonnes de La Libre Parole de Drumont. Dreyfus est arrêté le 15 octobre 1894 et, après un procès bâclé, il est condamné à la dégradation militaire et à la déportation perpétuelle sur l'île du Diable par le conseil de guerre le 22 décembre. [...]

[...] Comme le dit Pierre Miquel : La France connaissait la première crise capitaliste de son histoire. A cela s'ajoute une faiblesse du pouvoir exécutif qui se traduit par une grande instabilité ministérielle au point que l'on a baptisé cette période la valse des ministères Enfin, ces crises procèdent d'un sentiment d'insatisfaction nationale qui tient à la perte de l'Alsace-Lorraine et à la Triple Alliance de Bismarck dont la France est écartée. Il règne donc une sorte de marasme ambiant qui est aggravé par un certain nombre d'affaires de scandales qui mettent en évidence les limites de la Troisième République. [...]

[...] L'affaire Dreyfus se soldera grâce à Waldeck-Rousseau qui constituera un gouvernement mixte et mettra à profit la situation pour liquider le mouvement nationaliste et dissoudre certaines associations catholiques comme la congrégation des assomptionnistes. En fait, la crise dreyfusienne n'a pas seulement divisé le pays, elle lui a aussi débouché sur une nouvelle unité à gauche, en rapprochant socialistes et radicaux. Au total, toutes les crises ont abouti à une consolidation de la République et à un élargissement de son assise. [...]

[...] La faillite de la Compagnie a entraîné la chute des politiques qui avaient accepté des pots-de-vin et mis en évidence la collusion du monde politique et de celui des affaires. Notamment celle de Clemenceau. Pour avoir fait partie des chéquards, pour avoir été lié avec Cornélius Herz, un financier juif, il connut une assez longue disgrâce politique. Après une tentative pour revenir au-devant de la scène politique, Clémenceau est sanctionné aux élections 1893 où il fut battu. Il en est de même pour Floquet, de Loubet, de Roubier . [...]