« Les Français s'ennuient, la jeunesse s'ennuie, le général de Gaulle s'ennuie » cet éditorial du Monde daté du 15 mars 1968 résume l'atmosphère qui règne en France en cette fin des années 1960 : un pays économiquement prospère et politiquement apaisé, mais marqué par un fort conservatisme social et moral, et l'absence d'un grand dessein propre à mobiliser les foules. Ces pesanteurs sont en particulier vivement ressenties par les étudiants animés par un fort esprit de contestation. De fait, un vent souffle dans les universités et voit la floraison de groupuscules gauchistes.
Ce malaise de la jeunesse est à l'origine de l'explosion qui va faire vaciller sur ses bases le régime gaulliste au printemps 1968. Simple mouvement de protestation étudiante au départ, les événements de mai débouchent rapidement sur une crise majeure, sociale d'abord avec la mobilisation des salariés, politique ensuite avec la remise en cause de l'autorité du général de Gaulle, président de la République. La reprise en main de la situation par ce dernier mettra promptement fin à la crise. Toutefois, par ses implications politiques, morales, sociales, mai 1968 demeure une date charnière de l'histoire de la France contemporaine.
En quoi les évènements de mai 1968 ont-ils ébranlé la Ve République ? Nous étudierons dans une première partie les origines de la crise, puis dans une seconde partie la crise sociale et politique. Enfin, dans une dernière partie nous verrons quelles sont les conséquences de cette crise.
[...] De le 17 mai, le nombre de grévistes atteint huit millions trois jours plus tard. Le secteur public rejoint bientôt les salariés du privé. Les cheminots puis les fonctionnaires cessent le travail. Au bout de quelques jours, la France est entièrement paralysée par le plus important mouvement de grève de son histoire. Les services publics et les transports en commun ne fonctionnent plus, l'essence manque dans les pompes. L'économie du pays se bloque. A leur tour, une centaine de journalistes de l'ORTF, la radiotélévision d'Etat, se mettent en grève. Le pouvoir est impuissant. [...]
[...] Georges Marchais, membre du bureau du PCF, a dès le début des troubles, stigmatisé la contestation étudiante perçue comme une révolte de petit- bourgeois Autoproclamé détenteur du monopole révolutionnaire, le Parti dénonce les agissements des groupuscules gauchistes et refuse à toute négociation avec les étudiants, par crainte surtout qu'ils ne contaminent la jeunesse ouvrière. Tel va pourtant être le cas. 3-Huit millions de grévistes Dès le 14 mai en effet commencent les premiers débrayages. A l'imitation des étudiants, les ouvriers occupent leurs usines, de leur propre initiative. Les directions de la CGT et du PCF, qui n'ont lancé aucun mot d'ordre, sont vite débordées par leur base. [...]
[...] En quoi les évènements de mai 1968 ont-ils ébranlé la Ve République ? Nous étudierons dans une première partie les origines de la crise, puis, dans une seconde partie la crise sociale et politique. Enfin, dans une dernière partie nous verrons quelles sont les conséquences de cette crise. I-L'origine : le malaise de la jeunesse et l'agitation étudiante A-Le malaise de la jeunesse 1-L'université en crise Le mouvement de mai 1968 a pour cause originelle la profonde crise que traverse le monde universitaire, le doublement de la population étudiante en moins de dix ans a entrainé un engorgement des facultés. [...]
[...] L'Etat n'a pris que tardivement la mesure du problème. Bien qu'en augmentation, le budget de l'Education nationale demeure en deçà des besoins. Ces difficultés ne sont pas l'unique cause du mécontentement. Plus généralement, c'est la place et le rôle de l'Université qui soulèvent des questions. Nombre d'étudiants s'interrogent sur le contenu et la finalité de leurs études, qui ne sont plus désormais synonymes, démocratisation oblige, d'accession aux meilleurs postes. Problèmes de débouchés, peur des lendemains en cas d'échec scolaire attisent la frustration, qu'entretient également la persistance de règlements désuets à l'intérieur des enceintes universitaires : ainsi, l'instauration de la mixité dans les résidences étudiantes est, en ce début 1968, l'une des principales revendications étudiantes. [...]
[...] Cependant, la crise a profondément ébranlé le pouvoir. 2-L'héritage de mai 68 Les choses ne seront plus jamais comme avant : la sentence de George Pompidou illustre la profonde rupture induite par les événements de mai 1968 dans la France d'après-guerre. Certes, à priori, le mouvement a pu apparaître comme une grande fête joyeuse et débridée, où l'espace de quelques semaines, les Français ont paru s'affranchir des contraintes pesantes du monde moderne, où la parole s'est soudainement partout libérée, avant que le pouvoir siffle la fin de la récréation. [...]
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