Fin du système soviétique, Youri Andropov, Leonid Brejnev, Sakharov, Gorbatchev, Nikita Khrouchtchev, Perestroïka, Vladimir Poutine
L'hebdomadaire Le Point consacre la couverture d'un de ses numéros de mai 1983 à l'URSS. Autour du portrait de Youri Andropov, successeur de Leonid Brejnev de 1982 à 1984, en compagnie d'un ours assez peu rassurant, figurent des témoignages de la force et du prestige du pays, alors deuxième superpuissance mondiale : sport, conquête spatiale, armement. À cette date, les thuriféraires de l'Union soviétique exposent encore sans nuances les réussites du socialisme dans tous les domaines, social, économique, culturel, à l'instar de Georges Marchais, alors secrétaire général du PCF, qui porte en 1979 un jugement « globalement positif » sur le système et ses réalisations. Pourtant, celui-ci brille déjà de ses derniers feux, la réalité démentant chaque jour davantage de telles assertions.
[...] Au début de l'année 1989, lorsque Gorbatchev parle d'une pause, l'économie soviétique se trouve dans une piètre situation. Le budget de l'État accuse cette année-là un déficit de 100 milliards de roubles, soit du PNB. La distorsion entre l'offre et la demande s'est considérablement approfondie (la demande non satisfaite en bien de consommation serait passée de 30 milliards de roubles à près de 80 en une dizaine d'années), et explique un excès de pouvoir d'achat dont témoigne l'augmentation des dépôts dans les caisses d'épargne. [...]
[...] Les paysans kolkhoziens ne sont guères pressés de signer des baux de cinquante ans. Les travailleurs des houillères et du secteur pétrolier - domaine économique essentiel pour l'URSS - se mettent en grève en 1989. Ici comme dans d'autres catégories socioprofessionnelles on voit se constituer un front anti-réformes avec la ferme intention de défendre des privilèges catégoriels et une hostilité non déguisée à l'économie de marché par crainte de perdre son emploi. Le réformisme gorbatchévien se heurte ainsi à une pesanteur et à un manque évident de motivation du peuple soviétique qui est la rançon du système socialiste tel qu'il a été pratiqué jusque là, d'autant plus que la situation quotidienne se détériore. [...]
[...] En l'absence d'un plan d'ensemble cohérent, et surtout d'une vision claire des objectifs à atteindre, la politique souvent hésitante qui a été menée, faite de demi- mesures, de retour en arrière, a fini à la longue par désorganiser l'économie. L'exemple de la réforme des prix est à cet égard caractéristique. À partir de 1987, elle est programmée, mais comme une étape ultime, alors qu'il aurait fallu au contraire commencer par elle. Puis, avec la pause, elle est abandonnée avant de devenir à nouveau un élément essentiel lorsqu'en mars 1990, M. Gorbatchev choisit comme nouveau conseiller financier Nikolaï Petrakov, présenté comme fortement partisan du marché. Contre toute attente, la réforme est reportée le 23 avril 1990. [...]
[...] Selon celle-ci, les salariés élisent démocratiquement directeur et cadres. Chaque année, l'entreprise élabore elle-même son propre programme de production en fonction des commandes. Autonome, elle gère son personnel, est responsable de ses décisions, assure son équilibre financier et doit dégager des bénéfices, notamment pour financer des investissements à caractère social ou productif (il y a donc autofinancement). En cas de déficit, la sanction est la faillite ou la disparition, les salariés recevant pendant trois mois une allocation chômage égal à leur ancien salaire (en entreprises sont d'ailleurs dans ce cas et il faut songer à une reconversion vers d'autres activités ou à une transformation juridique, par exemple sous forme de coopérative). [...]
[...] De 1964 à 1982 (période pendant laquelle Brejnev est au pouvoir), l'économie du pays s'est beaucoup dégradée, écrit T. Ferenczi dans Le Monde du 13 novembre 1982, les besoins augmentant nettement plus vite que la production La conséquence directe est bien connue, et est même devenue caractéristique du système économique soviétique : mauvais approvisionnement des entreprises, pénurie de produits sur les marchés et dans les magasins pour les particuliers, entraînant le recours massif au marché noir et à toute une économie parallèle. [...]
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