Crise industrielle, 1873 - 1896, Grande dépression, capitalisme, krash boursier, libéralisme, protectionnisme économique, cycle Kondratieff, liquidation, faillite de la Kredit Anstalt, libre-échange, impérialisme
1891. C'est la date à laquelle Émile Zola publie "L'Argent", dix-huitième volume de la série "Les Rougon-Macquard". Dans ce roman s'inspirant de la faillite de l'Union Générale pendant la "Grande dépression" qui touche le monde capitaliste de 1873 à 1896, l'auteur naturaliste dresse une analyse fine des origines - tant économiques qu'humaines - des crises financières. Mieux que tout autre, ce chef-d'oeuvre littéraire invite à s'interroger sur les spécificités de cette longue crise industrielle.
Du latin depressio signifiant "l'enfoncement", la dépression désigne une forme grave de crise économique, qui se manifeste par un ralentissement important et durable de l'activité économique. Une dépression se distingue d'une récession par son ampleur et sa durée non passagère. "Une récession, c'est quand votre voisin perd son travail ; une dépression, c'est quand vous perdez le vôtre", résumait Ronald Reagan en 1980, lors de la campagne présidentielle américaine.
[...] Du point de vue économique et politique, il semble pertinent d'analyser le processus à l'origine de la crise ainsi que de mesurer l'impact de la dépression sur les idées libérales, de moins en moins appliquées par les États qui privilégient un protectionnisme économique. Les enjeux sont également d'ordre social dans la mesure où la dépression engendre des dynamiques sociales non négligeables. Enfin, il s'agit de comprendre si la spécificité de la crise réside dans son ampleur ou dans sa durée. Est-ce l'ampleur nouvelle ou bien la durée inattendue et exceptionnelle de la dépression de 1873-1896 qui fait de cette dernière un premier coup d'arrêt pour le libéralisme triomphant de la fin du XIXe siècle ? [...]
[...] Des réactions défensives se développent alors dans les États comme à l'échelle des entreprises, associé à la recherche de placements nouveaux, comme dans les colonies. A. L'abandon du libre-échange Le retour au protectionnisme constitue la réaction défensive de nombres d'États, à commencer par l'Allemagne de Bismarck. En 1879, le chancelier adopte par exemple un tarif protecteur sur les céréales, le fer et le pétrole. L'objectif de ces mesures est de limiter la concurrence. La France suit en établissant des droits sur les produits industriels. [...]
[...] À titre d'exemple, les chômeurs américains marchent sur Washington en 1894, tandis que des faillites retentissantes en France débouchent sur des scandales politiques qui entraînent le mécontentement de la population. C'est le cas de la faillite de la compagnie chargée du percement de l'isthme de Panama. La reprise de 1896 marque la fin de la « Longue dépression », qui aura duré vingt-trois ans. Ainsi, l'enchaînement de crises qui rompent avec la brièveté de celles qui ont précédé contribue au sentiment d'anxiété des contemporains, et met en évidence le caractère particulièrement long de la dépression de 1873. [...]
[...] L'effet de surprise et de panique La crise de 1873 survient dans un contexte de relative prospérité, bien que le « boom » économique du début des années 1870 ne soit que très fragile. En Allemagne, l'euphorie financière qui suit la victoire de 1871 contre la France s'ajoute aux nouvelles opportunités dans les domaines ferroviaires et immobiliers. À titre d'exemple, l'ouvrage Du libéralisme à l'impérialisme, 1860-1878, publié en 1939 met en évidence les enchaînements spéculatifs qui entraînent la création d'une bulle au début de l'année 1873 : « Les versements français de 1871 et 1872 accentuèrent le désordre économique de l'Allemagne. [...]
[...] L'ampleur de la crise se manifeste par une contraction des échanges internationaux. Le monde agricole connaît également une crise grave, liée à la concurrence de pays neufs (Canada, Argentine, Australie). Dans le cas français, la gravité de la crise se manifeste par un recul relatif dans la hiérarchie des puissances économiques. Du point de vue interne, le pouvoir d'achat des agriculteurs stagne et cela contribue, du fait de leur nombre, à l'affaiblissement de la demande en produits industriels. Le sentiment des contemporains doit être analysé. [...]
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