« La république est le seul remède aux maux de la monarchie, et la monarchie est le seul remède aux maux de la république ». C'est par ce jeu de mots en apparence bien innocent que Joseph Joubert exprime le débat virulent qui anima la société française de 1870 sur le choix du type de régime à adopter après la défaite militaire contre la Prusse.
Un tel dilemme aboutit à un compromis, celui des lois constitutionnelles de 1875, qui établissent une République orléaniste. Mais ce compromis institutionnel ne survivra pas à la pratique politique. Et la crise du 16 mai 1877 n'est que le dénouement brutal d'un conflit latent depuis 1870, mais même, plus profondément, depuis la Révolution française.
Peut-on, vu l'importance de ses conséquences, considérer la crise de 1877 comme la crise politique majeure de la IIIe République ?
[...] Les lois constitutionnelles sont votées par l'Assemblée nationale entre février et juillet 1875. Elles sont au nombre de trois : celle portant sur le Sénat (24 février), celle tenant à l'organisation des pouvoirs publics (25 février) enfin celle établissant les rapports entre pouvoirs publics (16 juillet). Par ailleurs, l'amendement Wallon du 30 janvier 1875 dispose que le Président de la République est élu par le Sénat et la Chambre (le suffrage universel est écarté par volonté de se prémunir d'un trop plein de légitimité accordée au président de la République, et des dérives que cela peut entraîner, comme cela avait été le cas avec Louis Napoléon Bonaparte). [...]
[...] Du côté conservateur ; les monarchistes défendent la prééminence du président de la République. Ils n'hésitent pas à recourir à des pressions, à l'instar de Fourtou, ministre de l'Intérieur, qui lance des poursuites contre les journaux républicains. De son côté, Mac Mahon intervient en déclarant : la lutte est entre l'ordre et le désordre ; vous voterez pour les candidats que je recommande à vos libres suffrages Du côté républicain, toute la campagne peut être résumée par le discours de Lille de Gambetta (15 aout 1877) ; Ne croyez pas que quand ces millions de Français, paysans, ouvriers, bourgeois, électeurs de la libre terre française, auront fait leur choix, et précisément dans les termes où la question est posée ; ne croyez pas que quand ils auront indiqué leur préférence et fait connaître leur volonté, ne croyez pas que lorsque tant de millions de Français auront parlé, il n'y ait personne, à quelque degré de l'échelle politique ou administrative qu'il soit placé, qui puisse résister. [...]
[...] Avec l'accord du Sénat (par 149 voix contre 130), Mac Mahon procède alors à la dissolution de la chambre. Le véritable problème de la crise du 16 mai est donc de savoir qui, du président de la République, constitutionnellement irresponsable, ou de la majorité de la chambre, émanation de la souveraineté du peuple, doit avoir la voix prépondérante dans la direction du gouvernement. Plus largement, l'enjeu de la crise est donc de savoir s'il faut s'orienter vers un régime présidentiel ou parlementaire. [...]
[...] Certains, comme les radicaux (avec Clemenceau, Pelletan) veulent même purement et simplement supprimer le Président de la République et le Sénat, au prix d'une révision des lois constitutionnelles de 1875. De manière plus anecdotique, la crise du 16 mai 1877 marque aussi la fin des espoirs monarchistes en France, car l'idée de Restauration verra le nombre de ses partisans décroitre inéluctablement par la suite. Par ailleurs, le comte de Chambord, dont l'intransigeance a ruiné les efforts d'union entre légitimistes et bonapartistes, meurt en 1883. B. Vers le parlementarisme absolu . [...]
[...] Car donner un pouvoir illimité au Parlement, c'est exposer les gouvernants à un contrôle étroit, tandis que le jeu des rivalités et des ambitions ruine tous les efforts de stabilité politique. Il faudra attendre plus de 80 ans, c'est-à-dire la Ve République, pour que les constituants modifient à nouveau ce déséquilibre néfaste. Sources - http://ferretti.imingo.net/iii_et_iv.htm; - et http://fr.wikisource.org/wiki/Documents_sur_la_crise_du_16_mai_1877 : textes et discours important pendant la crise du 16 mai - Jean-Jacques Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, Armand Colin - http://mjp.univ-perp.fr/france/co1875.htm : Les lois constitutionnelles de 1875 en ligne. [...]
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