La Communauté européenne de défense ou CED est un sujet passionnant pour qui s'intéresse à la construction européenne ou à la schizophrénie française à l'égard de l'Europe. Proposée par la France le 24 octobre 1950 et rejetée par elle 4 ans plus tard lors de ce qui fut qualifié de crime du 30 août, la CED fut le projet le plus ambitieux en terme d'intégration politique et son échec a du même coup cantonné la construction européenne au volet économique pour près de 40 ans. Mon sujet initial était l'annonce de la CED en 1950, il m'a paru plus intéressant d'étudier l'événement dans son ensemble afin de pouvoir dresser le bilan de son échec. Mais il est vrai aussi qu'en général les analyses de la CED sont souvent centrées sur cet échec et bien rarement sur les raisons qui ont poussé le gouvernement français à proposer un projet aussi ambitieux seulement 5 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Or il est, je crois, impossible de comprendre comment la France a pu à la fois proposer et rejeter la CED si on n'examine pas le contexte qui a conduit le gouvernement français à élaborer ce projet et l'évolution de ce même contexte qui a influé sur son rejet
[...] Lors des négociations avec les 5 partenaires de la France qui ont lieu la semaine précédent la ratification, il se montre très intransigeant sur les protocoles additionnels qu'il propose alors même que Paul-Henri Spaak est prêt à des concessions. Après le rejet français, la consternation est générale en Europe occidentale et aux Etats-Unis. La déception est immense et appelle une réaction rapide. La France, qui s'était fait le champion de la cause européenne depuis plusieurs années, est sérieusement discréditée par cet abandon. Le rejet français a deux conséquences directes. Tout d'abord quand à la défense de l'Europe et au réarmement allemand. Les Accords de Paris, solution alternative à l'échec du projet d'armée européenne, sont signés en octobre 1954. [...]
[...] Or il est, je crois, impossible de comprendre comment la France a pu à la fois proposer et rejeter la CED si on n'examine pas le contexte qui a conduit le gouvernement français à élaborer ce projet et l'évolution de ce même contexte qui a influé sur son rejet. I. La CED est une réponse française à la nécessité du réarmement allemand A. Rendue nécessaire par la menace soviétique, la participation de l'Allemagne fédérale à la défense de l'Europe dans le cadre de l'OTAN est soutenue par les Américains Pour comprendre ce qui a conduit le gouvernement français à proposer à ses partenaires européens une communauté de défense, il est nécessaire, et oserais-je dire suffisant, de faire le bilan de la situation stratégique de l'Europe. [...]
[...] Car c'est bien le réarmement allemand et non la supranationalité qui a entraîné le vote négatif. Terrible Erreur d'appréciation car comme je l'ai montré, le rejet de la CED n'a en rien empêché le réarmement allemand mais à par contre condamner l'Europe politique. Bibliographie Livres - CLESSE A., Le projet de CED du plan Pleven au crime du 30 août Nomos-maison d'édition, Baden-Baden - REVEILLARD C., Les premières tentatives de construction d'une Europe fédérale : des projets de la Résistance au traité de CED, ŒIL Articles - BUTON P., La CED, l'Affaire Dreyfus de la Quatrième République ? [...]
[...] Les Etats-Unis font pression sur les gouvernements français pour qu'il fasse ratifier la CED car la France a obtenu qu'on attende la mise en place de la CED avant d'entreprendre le réarmement. Pour les Américains qui à l'image de Dean Acheson voulaient des Allemands en uniforme pour le printemps ans c'est long, les caprices français ont assez duré. Mais ces pressions sont contre-productives car elles conduisent, et c'est tout le paradoxe, à donner l'impression à l'opinion que la CED est imposée à la France, alors même que c'est la France qui était parvenu à l'imposer aux Etats-Unis. [...]
[...] Le Royaume-Uni refuse le caractère supranational de l'organisation. Churchill est au gouvernement, son appel solennel à une armée européenne intégrée du 11 août 1950 semble bien loin. J'ai retenu 3 articles de ce traité qui me paraissent les plus essentiels pour en saisir la portée globale. Article 2 1. La Communauté a des objectifs exclusivement défensifs. 2. En conséquence, dans les conditions prévues au présent traité, elle assure contre toute agression la sécurité des États membres, en participant à la défense occidentale dans le cadre du traité de l'Atlantique Nord et en réalisant l'intégration des forces de défense des États membres et l'emploi rationnel et économique de leurs ressources. [...]
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