Création du Zoo de Vincennes, zoo du futur, fin du XIXème siècle, Ménagerie du Jardin des Plantes, Arche de Noé, bois de Vincennes, Bénabar
« Le zoo de Vincennes, Arche de Noé de banlieue parisienne, curieuse ménagerie triste et funèbre où les animaux s'emmerdent », écrit le chanteur Bénabar dans sa chanson Le zoo de Vincennes en 2004. Cette chanson est symptomatique de l'image véhiculée dans l'imaginaire collectif par le Parc Zoologique de Paris, situé dans le 12e arrondissement de la capitale, au cœur du bois de Vincennes qui lui a donné son surnom. En effet, au cours de ces quatre dernières décennies, la dégradation de ce qui fut en son temps -il a été inauguré en 1934- un des plus beaux zoos d'Europe a été tel que l'on ne pouvait qu'approuver Bénabar lorsqu'il évoque un « minable safari domestique où même le roi de la jungle abdique ». Au début des années 2000, des animaux aussi emblématiques que les éléphants, les grands félins, les rhinocéros et les ours durent être déplacés vers d'autres lieux tant les installations n'étaient plus adaptées ; de même, les rochers artificiels qui faisaient autrefois sa notoriété étaient devenus dangereux et menaçaient par endroits de s'effondrer. Cette lente décrépitude a par ailleurs entraîné une chute vertigineuse du nombre de visiteurs, qui est passé de 1.5 million par an en 1984 à 800 000 en 2003, puis à moins de 300 000 en 2005.
[...] Dans le même temps, ce reflet reste l'expression d'un imaginaire construit de toute part Le zoo de Vincennes l'expression d'un imaginaire colonial et occidental Benoît de L'Estoile dans son ouvrage Le gout des autres. De l'exposition coloniale aux arts premiers, résume les trois principaux objectifs des expositions universelles. Selon l'anthropologue, elles tentaient de livrer un discours encyclopédique (sur la vie des colonisés, sur leurs spécificités culturelles), d'exposer des chefs-d'œuvre pour légitimer la colonisation et les richesses que celle-ci entrainait, et surtout de créer une illusion du voyage pour les visiteurs. Or, on retrouve également ces trois idées dans la construction du zoo de Vincennes. [...]
[...] Cette prouesse technique d'une hauteur de 65 mètres de hauteur permet de camoufler un certain nombre de nécessités telles que les réservoirs d'eau ou encore des loges d'animaux. Son ascenseur est d'ailleurs longtemps resté le plus rapide d'Europe. Transition : Le zoo, inauguré le 2 juin 1934 par Urbain (premier directeur) et le Président de la République Albert Lebrun, remporte un franc succès dès le premier jour. Néanmoins, il est important de noter que les seules aspirations scientifiques et modernistes n'ont pas suffi à sa réalisation. [...]
[...] Le positivisme renvoie à la doctrine d'Auguste Comte selon laquelle l'expérience scientifique est le seul moyen de vérifier ses connaissances et d'affirmer une vérité. Cette vision du monde s'impose dans la plupart des domaines de la pensée occidentale à la fin du XIXe siècle et donne naissance à une foi infaillible dans le progrès scientifique et dans la formalisation du réel. Le scientisme s'inscrit dans cette tradition. Il s'agit d'une forme de positivisme selon laquelle la science expérimentale a priorité pour interpréter le monde sur les autres formes d'appréhension du réel et notamment sur la religion. [...]
[...] La France est un des derniers pays, en 1932, sans zoo de la sorte. Le besoin de modernité devient donc de plus en plus important et les architectes français du zoo de Vincennes vont alors prendre pour modèle la vision de Carl Hagenbeck, zoologiste à l'origine du zoo de Hambourg, construit en qui se traduit par un aménagement innovant du zoo Une mission officielle, composée de Paul Lemoine (directeur du Museum d'Histoire Naturelle), d'Édouard Bourdelle, de Robert Martzloff (directeur des services d'architecture de la capitale) de Charles Letrosne (architecte) et d'Achille Urbain (vétérinaire, microbiologiste), va visiter les grands zoos européens : Hambourg, Munich, Berlin, Budapest et Rome. [...]
[...] La construction du zoo commence en 1932, à la suite de l'exposition coloniale, et va tenter de répondre à ces attentes. Très tôt, un besoin de renouveau se fait sentir, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la Ménagerie du Jardin des Plantes, ancêtre du grand parc zoologique, est devenue désuète et les conditions de vie des animaux deviennent de plus en plus inadéquates pour la conduite de recherches scientifiques ainsi que pour le bien-être de ces derniers. Les idéaux scientifiques de plus en plus présents participent également à cette nécessité de renouvellement. [...]
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