En 1815, les Britanniques n'ont encore que quelques points d'appui en Afrique. La colonie du Cap, prise aux hollandais, est déjà relativement importante en particulier pour le contrôle de la route des Indes, mais elle est située à la périphérie du continent africain. Le Sierra Leone est en revanche peu prospère. Les Britanniques disposent certes de comptoirs beaucoup plus actifs chez les Fantis (et donc à proximité des très actifs et souvent redoutables Achantis) et chez les Yorubas. Mais, dans une large mesure, il ne s'agit que de cela : des comptoirs. Et rien ne semble devoir changer cette situation. L'Afrique, après tout, n'intéresse alors que médiocrement les Britanniques, d'autant que la traite est interdite et que l'Afrique a peu à offrir (mais d'un autre côté, les Britanniques sont décidés à faire respecter l'interdiction de la traite). Il n'est par ailleurs pas facile, pour les Britanniques, de pénétrer à l'intérieur de l'Afrique. Il est sans doute rare, sauf au Cap, que l'un d'eux s'aventure à plus de vingt kilomètres du littoral.
En 1914, le Royaume-uni contrôle la plus grande partie de l'Afrique australe, une partie importante de l'Afrique orientale, la partie la plus riche et la plus peuplée de l'Afrique occidentale (Gold Coast et Nigeria) et, au Nord-Est de l'Afrique, l'ensemble égyptosoudanais. Comment, pourquoi et selon quelles modalités cette prise de contrôle a-t-elle eu lieu ?
I - Un contrôle périphérique de l'Afrique ?
A) La question de la traite et de l'esclavage; la naissance du Sierra Leone
En 1807, le parlement interdit la traite des esclaves aux marchands britanniques. En 1814-1815, les Britanniques obtiennent que la Russie, la France, l'Autriche et la Prusse rendent elles aussi la traite illégale. Ceci étant, interdire la traite et l'empêcher effectivement sont deux choses différentes. Plusieurs centaines de milliers de livres sont versées aux Espagnols pour qu'ils abandonnent eux aussi la traite. Quant aux Portugais, ils conservent en pratique une tolérance pour la traite au sud de l'Equateur. Précisons que, de toute façon, à ce moment du dix-neuvième siècle, les Britanniques sont de toute façon dans l'incapacité d'étendre la lutte contre la traite dans l'Océan indien, qui va connaître un essor considérable au dix-neuvième siècle ou la traite transsaharienne, qui se poursuit jusqu'aux années 1880. Les Britanniques mettent en place une escadre chargée de parcourir l'Atlantique et de réprimer la traite (en fait l'une des 4 traites : l'Afrique est en effet affectée par 4 traites : interne, vers l'Afrique du Nord à travers le Sahara, vers l'océan indien et en particulier Zanzibar et la traite atlantique. Dans un premier temps, c'est surtout cette dernière traite que les britanniques s'efforcent de réprimer.). Les activités de cette escadre (qui n'est pas dépourvue d'importance : elle correspond à un vingtième de la marine britannique) conduisent d'ailleurs à des heurts assez sérieux avec les Etats-Unis où l'économie cotonnière du Sud (en plein essor) utilise de plus en plus d'esclaves (...)
[...] Le Madhi est certainement un personnage charismatique, mais une grande partie de son succès vient de son soutien à un ordre social en grande partie fondé sur l'esclavage qui déplaît à Londres ou au Caire, mais qui apparaît normal aux Soudanais (il semble qu'à cette date, près d'un Africain sur deux ait été de statut servile). Une armée égyptienne ayant été détruite en 1883, il devient clair que l'Egypte ne peut pas reconquérir le Soudan. Les Britanniques poussent alors les Egyptiens à abandonner le Soudan. Ceci étant, la procédure d'évacuation est en fait difficile en particulier pour les garnisons qui se trouvent encore dans la capitale administrative du Soudan, Khartoum. Les Britanniques chargent alors un de leurs bons généraux, Gordon, d'accomplir ce travail. Mais c'est un choix dangereux, Gordon étant un homme de forte conviction. [...]
[...] La République sud-africaine n'est en fait pas satisfaite de l'autonomie accordée en 1881. Certains de ses citoyens veulent davantage de terre et d'autonomie et, depuis le Haut Veld, ils se déplacent vers l'ouest, fondant deux nouvelles républiques, Stellaland et Goshen. Ces deux républiques sont à la lisière du Kalahari, mais dans des terres à la fois fertiles et à faciles à traverser. Le Royaume-Uni n'est pas satisfait de cette poussée des Afrikaners. Ces deux républiques se trouvent sur la route des missionnaires et coupent la route du nord aux habitants du Cap. [...]
[...] Mais cela ne signifie pas pour autant que l'or était l'enjeu de la guerre. En tout cas, une minorité de libéraux s'opposent ouvertement à la guerre sud-africaine et deviennent des pro-boers aux yeux de leurs adversaires. Certains libéraux et certains membres du nouveau mouvement travailliste commencent alors à formuler une explication de l'expansion britannique qui aboutit à une critique fondamentale de ce qu'ils appellent l'impérialisme. Ce mot sert d'ailleurs de titre au livre très influent publié par J. A. Hobson en 1902 et qui est la meilleure illustration de cette théorie. [...]
[...] Ceci inquiète Salisbury et renforce le soutien qu'il accorde à Rhodes dont la politique lui semble le meilleur moyen de contrôler la république sud-africaine. Ceci étant, l'avance vers le nord des Britanniques n'est pas aussi intéressante que Rhodes avait pu l'espérer. Le territoire de la Compagnie britannique de l'Afrique du sud, appelé Rhodésie à partir de 1897, ne contient en fait pas d'or et la compagnie cherche à s'emparer de nouveaux territoires. En 1891, le gouvernement britannique étend son autorité au Northern Zambezia (Zambie), en particulier parce que la compagnie accepte de payer les coûts d'administration. [...]
[...] Rhodes doit démissionner de son poste de premier ministre du Cap, les comploteurs du Cap sont arrêtés, leurs chefs condamnés à des peines de prison, un grand nombre d'autres à de lourdes amendes. Le gouvernement britannique doit repenser sa politique. Il avait compté sur Rhodes pour régler les problèmes, mais cela avait conduit à un désastre. Il reste à voir si Londres peut faire mieux. Joseph Chamberlain, secrétaire aux colonies de 1895 à 1903, a quelques difficultés à persuader l'opinion que, tout en sachant qu'une révolte était organisée à Johannesburg et tout en espérant qu'elle allait réussir, il n'avait aucune idée que Rhodes préparait une invasion. [...]
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