Il faut d'abord distinguer deux termes : nordique et scandinave. Les Etats scandinaves sont ceux où l'on parle une langue scandinave, c'est-à-dire appartenant au groupe des langues germaniques du Nord (danois, islandais, norvégien, suédois). Les Etats nordiques correspondent aux Etats scandinaves mais aussi à la Finlande, qui n'est pas scandinave : les Finnois ne sont pas des Indo-Européens et ils ont été longtemps soumis à la domination russe. Pour évoquer l'ensemble constitué par les Etats scandinaves et par la Finlande, on utilise le terme de Norden. Celui-ci constitue un ensemble présentant à la fois unité et diversité. Il n'y a pas un Etat scandinave, mais un sentiment diffus d'identité scandinave existe, fondé sur une communauté d'origine (sauf pour les Finlandais, qui sont à la proches et différents des Scandinaves) et sur une approche plus ou moins semblable à l'égard du reste du monde, c'est à-dire, en particulier, pour les Etats du Nord, vis-à-vis de l'Europe occidentale. Le dix-neuvième siècle est, en Europe, celui des nationalismes. C'est aussi celui du scandinavisme. Mais celui-ci n'aboutit pas. Il y a une unité italienne, une unité allemande, mais pas d'unité scandinave.
[...] En 1945 et 1946, les Etats scandinaves ne semblent en tout cas avoir aucune perspective européenne. Ils sont cependant confrontés à des problèmes assez difficiles à résoudre s'ils restent isolés. Leurs économies sont structurellement incomplètes. Ensemble, ils représentent un marché équivalent à celui du Benelux. C'est peu et en outre, l'unification de ces marchés n'est guère envisageable en 1945-1946. Les jeunes industries norvégiennes et finlandaises redoutent en effet la concurrence des Suédois.
Le plan Marshall est cependant bien accueilli par les Scandinaves qui ont besoin de dollars. Ils sont donc déçus par le refus soviétique qui entraîne l'abstention forcée des Finlandais.
[...] À partir de février 1948, le coup de Prague, puis les pressions accrues des Soviétiques sur les Finlandais accroissent l'inquiétude des Scandinaves. Les ministres des Affaires étrangères scandinaves se réunissent alors à Oslo, Norvégiens et Islandais tentent de persuader les Danois et les Suédois de modifier leur neutralité, mais en vain. Les Suédois proposent alors la neutralité armée de toute la Scandinavie. Mais les Norvégiens, appuyés par les Anglo- Américains, refusent. Norvégiens, Islandais et, malgré leurs hésitations, Danois, adhérent alors au pacte de l'Atlantique Nord. C'est dans le cadre de l'OTAN qu'est réglée la question du stationnement des forces américaines au Groenland (en particulier la base de Thulé) et en Islande (...)
[...] Ce rapport semble en effet incompatible avec la neutralité suédoise. La Suède n'en est pas moins confrontée à un dilemme : la CEE est un marché essentiel et l'adhésion du Danemark et de la Norvège à la CEE risque de provoquer un nouveau schisme scandinave. Malgré tout, seuls les conservateurs sont alors vraiment favorables à l'adhésion suédoise. Les hésitations perpétuelles de la Suède finissent d'ailleurs par provoquer un certain agacement des Européens, en particulier des Etats du Benelux. En juillet 1972, finalement, un accord d'association à l'Europe est signé par les Suédois et les Islandais. [...]
[...] Ils se réunissent à Stockholm en 1959 et doivent résoudre en particulier les problèmes liés à l'agriculture. Les Britanniques sont toujours a priori hostiles à l'inclusion de ces produits dans la libéralisation des échanges mais ils acceptent cependant de régler ces problèmes par des accords particuliers avec les pays producteurs: c'est le cas, par exemple du bacon danois que les Britanniques finissent par accepter sans droit de douane. Les Scandinaves acceptent donc l'AELE qui entre en vigueur à partir de 1960. [...]
[...] II) Les Nordiques face à l'OTAN et à la naissance des communautés européennes. A. Face à l'OTAN, le schisme du Norden. À partir de février 1948, le coup de Prague, puis les pressions accrues des Soviétiques sur les Finlandais accroissent l'inquiétude des Scandinaves. Les ministres des Affaires étrangères scandinaves se réunissent alors à Oslo, Norvégiens et Islandais tentent de persuader les Danois et les Suédois de modifier leur neutralité, mais en vain. Les Suédois proposent alors la neutralité armée de toute la Scandinavie. [...]
[...] Il faut dire que l'opinion scandinave est alors dans l'ensemble toujours aussi peu intéressée par la construction européenne. La perspective d'un conseil nordique chargé de faire des recommandations aux gouvernements, est alors beaucoup plus populaire. Ce conseil est créé en 1952, mais la Finlande ne peut d'abord pas y participer, en raison de la réprobation soviétique. Les activités du conseil nordique sont cependant relativement réduites, estompant rapidement la méfiance de l'URSS : la Finlande peut donner son adhésion au conseil nordique en 1955. [...]
[...] Les négociations consacrées à l'EEE aboutissent en mai 1992 au traité de Porto : libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux, établissement d'un régime assurant que la concurrence n'est pas faussée, renforcement de la recherche dans la coopération et le développement. Mais, à cette date, l'EEE a perdu une grande partie de sa raison d'être. En effet, la plupart des pays de l'AELE, et en particulier des Nordiques, déposent leur candidature à l'union européenne. Pourquoi ce nouveau revirement ? Le déclin accéléré puis l'effondrement de l'URSS dévaluent entièrement l'importance de la neutralité. [...]
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