Quelles sont les interactions entre passé, présent et mémoire du coup d'Etat dans la société chilienne depuis 1973 ?
La perception de cet évènement a évolué entre 1973 et aujourd'hui (I). Le putsch étant intimement lié au régime militaire dont il fut l'acte fondateur, la mémoire du coup d'Etat dépasse donc aujourd'hui de bien loin celle de l'évènement à proprement parler. Nous allons donc analyser la diversité et la complexité de l'analyse du coup d'Etat dans la mémoire chilienne, puis ainsi mettre en évidence le rôle de cette mémoire dans le « présent » de la société chilienne (II).
Pour schématiser, la première partie sera consacrée à décrire la manière dont chaque « présent » (c'est-à-dire chaque « époque ») a perçu le coup d'Etat. La deuxième partie quant à elle tachera de mettre en évidence la façon dont le coup d'Etat de 1973 a façonné la mémoire collective chilienne, comment il a influencé ses structures, et du coup, en quoi il est « responsable » de son fonctionnement actuel.
[...] 10-13, Chili, Argentine, Uruguay : 30 ans d'immunité - Le Monde diplomatique - Le Nouvel observateur Dictionnaires et encyclopédies - Quid 2005, Dominique et Michèle Frémy, Robert Laffont - Dictionnaire encyclopédique Auzon Filmographie - COSTA-GAVRAS, Missing - PACULL Emilio, Les orphelins du Condor, documentaire de 40 minutes Ouvrages - CASTILLO Eduardo, ZACHMAN Patrick, Chili septembre 1973, la démocratie assassinée, coll. [...]
[...] La censure va se desserrer et un plébiscite est organisé en 1988 proposant la prolongation de la présidence d'Augusto Pinochet jusqu'en 1997. Mais des Chiliens s'y opposeront. Pinochet est alors tenu d'organiser des élections présidentielles en 1989 (qui seront remportées par Patricio Aylwin, démocrate-chrétien et candidat de l'opposition unie du centre à l'extrême gauche). Mais le général Augusto Pinochet restera commandant en chef des armées, ce qui peut démontrer l'absence de rancœur contre Pinochet, mais juste une demande de plus de libertés. [...]
[...] L'image du coup d'Etat reste donc assez largement positive. Une grande partie de la population érige d'ailleurs Augusto Pinochet au rang de héros national Pour ces nombreux nostalgiques du régime, il fut le bienveillant père intègre de la nation Pour se faire une idée plus précise de la mémoire dominante dans la société chilienne d'alors, on peut citer ce sondage datant de 1999. Alors que l' «affaire Pinochet vient d'éclater dans la presse européenne, il est demandé aux Chiliens leur opinion sur le coup d'Etat de 1973. [...]
[...] Les Chicago's Boys sont remis en question par l'oligarchie chilienne, mais soutenus par la junte militaire qui craint un retournement social. Le gouvernement décide alors de prendre en charge les dettes contractées à l'extérieur par les principaux groupes économiques du pays. L'Etat devient, pour un temps, le principal propriétaire privé. Basculant d'un extrême à l'autre, on assiste à l'étatisation presque totale de l'économie chilienne. Entre 1985 et 1989, le processus de conversion de la dette extérieure, l'intervention étrangère directe, des privatisations compris du système de protection social, des universités, du téléphone, etc.) vont modifier considérablement la scène économique. [...]
[...] La Maison Blanche avait dégagé dix millions de dollars à cet effet. Le motif était la crainte qu'en Amérique latine, un président marxiste, vainqueur à la loyale d'élections honnêtes, était un exemple déplorable pouvant faire des émules écrit dans Le Monde Pierre Kalfon, correspondant du quotidien au Chili pendant la période Allende. Pour Henry Kissinger, conseiller de Nixon, l'arrivée de la gauche aux affaires allait provoquer l'installation d'un régime communiste au Chili (Allende ne dissimulait pas ses convictions marxistes et franc-maçonnes). [...]
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