Est-ce un second 18 brumaire que réalise le « neveu de l'oncle » ? Comment celui-ci a-t-il tenté de légitimer et de légaliser au maximum ce coup de force ? Dans quelle mesure a-t-il été contraint de sacrifier une partie de ses objectifs à la réussite de son plan ? En quoi le très populaire Président a laissé au peuple un amer souvenir de cette date ?
[...] On assiste donc à une résurgence des troubles paysans, qui aspirent à une république sociale qui arracherait le terre aux notables traditionnels. Cette situation profite aux montagnards qui multiplient les clubs et sociétés secrètes surtout dans le Sud : elles sont animées et coordonnées par la nouvelle Montagne, regroupant 24 représentants encouragés par les exilés Ledru-Rollin et Louis Blanc. Le mythe du comité central des montagnards terrorise l'opinion bourgeoise. Le durcissement du parti de l'ordre reflète cette angoisse face aux progrès du socialisme rural, et c'est Tocqueville lui-même qui pronostique l'élection d'une chambre rouge en 1852. [...]
[...] Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 Introduction C'est à la date symbolique du 2 décembre que Louis-Napoléon Bonaparte prend le pouvoir pour près de 20 ans de plus que ce que son mandat présidentiel lui offrait. Est-ce un second 18 brumaire que réalise le neveu de l'oncle ? Comment celui-ci a-t-il tenté de légitimer et de légaliser au maximum ce coup de force ? Dans quelle mesure a-t-il été contraint de sacrifier une partie de ses objectifs à la réussite de son plan ? [...]
[...] Le coup d'Etat est tout entier marqué par ce double-jeu constant. Quoi qu'il en soit, lorsque vers 10h du matin Louis-Napoléon sort à cheval pour une solennelle inspection des troupes (ce qui ne déclenche pas l'enthousiasme des parisiens), le coup Etat a eu lieu sans qu'on ait arraché un cheveu à personne, sans une égratignure comme le recommandait Morny. Mais la résistance ne se fait pas attendre, d'abord parlementaire, puis parisienne, et enfin provinciale. Plus de 220 représentants, pour la plupart des libéraux orléanistes, comme Rémusat et Odilon Barrot, quelques légitimistes comme Berryer et Falloux, et des républicains modérés comme Marc Dufraisse et Pascal Duprat, se réunissent à la mairie du 10°arrondissement, ils votent à l'unanimité la déchéance du Président. [...]
[...] Paris est couvert de troupes, et ce sont 25000 hommes qui occupent les rues d'une ville placée en état de siège. Le matin, il fait connaître plusieurs décisions illégales et anticonstitutionnelles mais dont il espère une fois de plus qu'elles seront populaires : le rétablissement du suffrage universel, la dissolution de l'Assemblée nationale et du Conseil d'Etat, la préparation d'une nouvelle constitution, la mise en place d'un état de siège, et convoque le peuple pour un plébiscite à venir. Le Président cherche à apparaître comme le restaurateur d'une démocratie bafouée par le parti de l'ordre en soumettant ces mesures pourtant illégales à la volonté des français. [...]
[...] Mais il n'est plus alors à la tête d'un pouvoir chargé d'appliquer les principes modernisateurs du bonapartisme en s'appuyant sur le suffrage populaire, et devient le chef, ou l'otage, des conservateurs dont il ne peut se passer, et qui ne sont que ses clients : ils achètent leur tranquillité contre son maintien à la tête de l'Etat, à condition qu'il applique leur programme clérical et pour certains réactionnaire La bourgeoisie, comme le peuple, ne se rallie cependant pas réellement à Louis-Napoléon car il a beau être despote, il n'est pas et ne deviendra pas conservateur (Guizot en 1852). L'échec de l'Empire apparaît selon certains dès les premiers jours de décembre 1851. [...]
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